La publication d’un nouveau document révèle la fraude, la tromperie et l’idiotie stupéfiantes qui ont entouré l’abandon du nucléaire en Allemagne – par eugyppius.

J’ai traduit cet article très amusant de eugyppius pour mon épouse mais libre à vous d’en profiter. Amusant parce que le niveau d’idiotie ici décrit – encore pire que celui-ci, déjà assez gratiné – est tellement extrême que ça en devient comique.

Les allemands feraient bien de comprendre que l’idéologie, verte ou brune – les deux partageant la même origine, dont on retrouve l’écho dans le Grand Reset de notre ami Klaus – n’est pas leur point fort et qu’entre leur financement de la réponse au Covid, le rôle plutôt suspect de BioNTech dans le même dossier, et l’omniprésence de la très opiniâtre Ursula von der Leyen, on entend beaucoup trop parler de nos voisins teutons ces derniers temps. Et pas en bien.

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La publication d’un nouveau document révèle la fraude, la tromperie et l’idiotie stupéfiantes qui ont entouré l’abandon du nucléaire en Allemagne

eugyppius

25 avril 2024

Tous nos pays sont fous de différentes manières, mais lorsqu’il s’agit de politique énergétique, l’Allemagne est une championne incontestée de la folie

En 2011, un tsunami provoquait la catastrophe nucléaire de Fukushima. Si vous consultez une carte, vous remarquerez que Fukushima se trouve dans un pays appelé Japon, qui se trouve être un pays différent de l’Allemagne. La catastrophe de Fukushima n’avait rien à voir avec la République fédérale, mais la chancelière de l’époque, Angela Merkel, a ressenti le besoin de résoudre le problème de Fukushima en abandonnant progressivement l’énergie nucléaire en Allemagne, même si les tsunamis et les tremblements de terre ne sont pas un problème en Allemagne, parce que l’Allemagne est un pays d’Europe centrale et non une nation insulaire en Asie.

C’est déjà assez fou, mais il y a plus fou encore. Quelques mois avant d’annoncer la sortie du nucléaire, le gouvernement d’Angela Merkel avait adopté une loi sur la transition énergétique afin d’assurer la transition de l’Allemagne vers un avenir sans émissions. En d’autres termes, nous avons décidé de nous débarrasser de notre principale source d’énergie sans émissions, quelques mois seulement après avoir décidé d’opérer une transition énergétique vers une énergie sans émissions. À ce stade, on serait en droit de se demander si l’Allemagne ne souffre pas d’une sorte de phobie culturelle chamanique de l’électricité en général, tant cette décision est folle. Ces choix insensés ont eu pour conséquence à court terme d’accroître notre dépendance à l’égard du gaz naturel russe. À part ça, ils ont fait en sorte que la production d’électricité en Allemagne soit beaucoup plus chère que nécessaire et qu’elle produise beaucoup plus d’émissions de carbone que nécessaire.

Aujourd’hui, la folie exige des explications, et les observateurs ont proposé diverses théories pour expliquer la folie nucléaire climatique allemande. Deux d’entre elles méritent d’être mentionnées ici:

1) La génération de 1968 en Allemagne était caractérisée par un radicalisme inhabituel, aiguisé par l’anxiété morale suscitée par le national-socialisme, et résolue à surpasser tous les autres dans le projet de la vertueuse abnégation de soi. Notre culture a développé un mouvement antinucléaire délirant qui, dans un élan de rigueur typiquement allemand, en est venu à embrasser l’opposition à l’énergie nucléaire. La catastrophe de Tchernobyl a encore davantage radicalisé les antinucléaires à cheveux roses, et ces crétins ont fini comme présentateurs de journaux télévisés, enseignants et auteurs de livres, endoctrinant de fait la génération suivante conformément à leurs délires parareligieux.

2) Après la guerre froide, les hommes politiques allemands – en particulier Gerhard Schröder et Angela Merkel – nourrissaient le désir subtil et pas tout à fait déraisonnable de renforcer les liens avec la Russie, riche en ressources. Ils ont décidé que les antinucléaires et le parti des Verts pouvaient être instrumentalisés à cette fin. La transition énergétique et la sortie du nucléaire ont accru notre dépendance à l’égard du gaz russe, ce qui était un choix plutôt qu’une erreur.

Ces théories se soutiennent mutuellement, mais je ne pense pas que l’une ou l’autre puisse expliquer entièrement le phénomène étrange dont nous sommes témoins. La folie énergétique de l’Allemagne est un problème très profond qui occupera les historiens pendant de nombreuses générations.

En 2022, la Russie a envahi l’Ukraine, et l’Allemagne, sous la direction du successeur de Mme Merkel, le chancelier Olaf Scholz, a décidé, avec le reste de l’Occident libéral, que la Russie était méchante, méchante, méchante et que le terrible Poutine devait être puni par des sanctions, des sanctions, des sanctions auto-flagellantes. Cette nouvelle poussée de moralisme bien-pensant a encore affaibli notre situation énergétique, ouvrant la voie à une crise énergétique que nous avons nous-mêmes entièrement créée. Les Verts, désormais au gouvernement, étaient déterminés à mener à leur terme les dernières étapes de la sortie du nucléaire, même si nos approvisionnements en gaz naturel étaient incertains. Ce n’est que lorsqu’ils se sont retrouvés au bord de l’abîme politique qu’ils ont accepté à contrecœur d’accorder à nos dernières centrales nucléaires un bail de trois mois et demi. Nous, les Allemands, et notre politique énergétique, avions dépassé tous les autres en termes de folie, nous sommes devenus la risée du monde entier, c’est dire à quel point nous étions fous.

Les Verts ont mené des batailles bureaucratiques sans merci pour fermer les dernières centrales nucléaires et, depuis, pour éviter que leurs idioties ne soient révélées au grand jour, ils ont mené des batailles juridiques sans merci pour garder les archives sous scellés. En audience publique, ils ont fait valoir que ces documents devaient rester secrets, car le Sonderweg allemand [NdT. terme désignant une hypothèse ou une interrogation historique quant à une éventuelle particularité du peuple allemand, voir ici] en matière de nucléaire « doit être défendu à l’avenir, tant au niveau national qu’auprès de nos partenaires internationaux et européens » et que « si ces documents devaient être divulgués, les partenaires de négociation du gouvernement fédéral pourraient contrer nos arguments ». Oui, vous avez bien lu: les avocats du Ministère allemand de l’économie se sont présentés devant un juge l’année dernière et l’ont supplié de ne pas divulguer les documents internes relatifs à l’abandon du nucléaire en Allemagne parce que leur contenu était si discréditant qu’il rendrait cette politique impossible à justifier à l’intérieur du pays et à défendre à l’étranger.

Notre gouvernement n’est donc pas seulement fou. Il sait qu’il est fou, il aime sa folie, il veut persister dans sa folie et son seul souci est que personne ne s’aperçoive de sa folie. Il est comme un homme d’âge moyen souffrant d’une addiction invalidante à la pornographie plantaire et craignant que sa femme ne tombe sur son historique de navigation, mais transmué sous la forme d’une grande puissance industrielle européenne.

Heureusement, les journalistes de l’excellent magazine d’information Cicero ont gagné leur bataille judiciaire et ont réussi à forcer la publication des mémos nucléaires extrêmement gênants. Aujourd’hui, Daniel Gräber publie son analyse tant attendue de ces documents, et ce qu’elle révèle est vraiment et réellement épouvantable. Ces documents montrent des hauts fonctionnaires qui falsifient littéralement des rapports d’experts. Ils montrent ces mêmes fonctionnaires occupés à dissimuler des informations à leur patron, le Ministre de l’économie Robert Habeck, de peur que celui-ci ne parvienne malencontreusement aux bonnes conclusions. Et elles montrent un Habeck inconscient et délibérément trompé, caressant toujours le rêve de devenir un jour chancelier et terrifié à l’idée de s’aliéner les antinucléaires enragés de son propre parti.

Avant de passer aux faits marquants, je dois vous présenter notre galerie de personnages. Il s’agit d’un groupe haut en couleur. Au sommet de cette tragicomédie se trouve bien sûr Habeck lui-même, notre vaillant Ministre des affaires économiques. Il est issu de l’aile technocratique, dite « réaliste », du parti des Verts, ce qui signifie qu’il est un Visionnaire Très Sérieux, à la tête dure, et pas seulement un de ces hippies gauchistes fous.

Habeck tel qu’il souhaite être perçu et tel que les médias d’État s’efforcent de le dépeindre: l’homme d’État clairvoyant et profondément intellectuel. En fait, comme nous le verrons, c’est un parfait crétin.

Encore plus stupide, la collègue de Habeck, Annalena Baerbock, a fini comme candidate des Verts à la chancellerie lors des élections de 2021, pour cause de féminisme. Les ambitions frustrées peuvent briser le meilleur des hommes, sans parler des auteurs de livres pour enfants pseudo-intellectuels et mesquins.

Ensuite, il faut faire la connaissance du puissant secrétaire d’État de Habeck, Patrick Graichen. Cet homme odieux, qui a été contraint de démissionner en mai 2023 à la suite d’un scandale de népotisme, a été le tsar de l’énergie de Habeck pendant la crise de 2022. Il est entré au Ministère après avoir passé des années comme lobbyiste à Agora Energiewende, un groupe de réflexion responsable de la conception et de la promotion d’une grande partie de la folie actuelle de l’Allemagne en matière d’énergies renouvelables.

Le troisième est Stefan Tidow, qui évoque ce qui résulterait du croisement entre un requin et un comptable. Il a également un passé chez Agora, où il a travaillé pendant un certain temps sous les ordres de son ami Graichen. Lorsque le gouvernement Scholz est arrivé au pouvoir, M. Tidow est devenu secrétaire d’État au Ministère de l’environnement, chargé de la surveillance nucléaire.

Enfin, il y a le subordonné de Tidow, un avocat fou nommé Gerrit Niehaus. Comme son patron Tidow, Niehaus semble vraiment, pour des raisons insondables, détester l’énergie nucléaire et c’est très regrettable, car le Ministre Vert de l’Environnement l’a placé à la tête du « Département S », la division responsable de la réglementation nucléaire. Je n’ai pas trouvé de bonne photo de Niehaus, alors pour les besoins de ce billet, je vous invite à imaginer le visage masculin déplaisant de votre choix.

Dès que la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février 2022, Habeck et son Ministère surent que leurs projets d’abolition de l’énergie nucléaire étaient remis en question. Habeck laissa d’abord entendre qu’il était prêt à retarder la sortie du nucléaire, et ses subordonnés demandèrent à des experts internes d’évaluer si la prolongation de la durée de vie de nos dernières centrales nucléaires renforcerait la sécurité énergétique. Ces fonctionnaires politiquement neutres rédigèrent une note de quatre pages expliquant en détail toutes les raisons pour lesquelles l’arrêt des centrales face à une crise énergétique imminente pourrait être une mauvaise idée, et pourquoi il pourrait être judicieux de les laisser fonctionner pendant l’hiver. Tous les arguments qui allaient émerger à l’automne, au fur et à mesure que la crise énergétique s’aggravait, étaient donc, comme l’explique Gräber, « sur la table dès le départ … bien préparés par des experts fonctionnaires dont le travail consiste à s’occuper du bien-être du pays tout entier plutôt que de celui d’un parti en particulier ».

Fait fascinant, Habeck affirme qu’il n’a jamais vu cette évaluation. Son tsar de l’énergie, Graichen, déterminé à sortir du nucléaire avant la fin de l’année, quitte à mourir de froid dans l’obscurité, semble l’avoir envoyée directement à la poubelle, condamnant son patron à déclarer des choses stupides et erronées à la télévision dans les mois qui suvaient.

Pendant ce temps, l’homologue de Graichen au Ministère de l’environnement, notre requin-comptable Tidow, travaillait tout aussi dur pour déjouer les rapports gênants de son côté. Le 1er mars 2022, son Ministère commanda une évaluation sur les « scénarios compatibles avec la sûreté nucléaire », au cas où les dernières centrales nucléaires seraient autorisées à fonctionner au-delà du 31 décembre. Les auteurs du rapport – dont deux consultants externes – y affirment qu’aucun problème de sécurité ne s’opposait à la prolongation de la durée de vie des centrales « pendant plusieurs années » au-delà de la date prévue pour leur arrêt progressif.

Le subordonné de Tidow au « Département S », Gerrit Niehaus, trouva ce document très gênant et a commença immédiatement à le réécrire. Fait amusant, il remplace chaque occurrence du mot « énergie nucléaire » (« Kernkraft ») par le mot « énergie atomique » (« Atomkraft ») à la sonorité légèrement plus inquiétante. « Ensuite, écrit Gräber, il a entrepris de transformer le message principal du mémo en son contraire. Il lui a fallu deux jours pour y parvenir. Le 3 mars, le nouveau mémo falsifié est prêt. Il ne contient plus les noms des auteurs originaux et ne mentionne plus que le « Département S ». Il affirmait que la prolongation de la durée de vie des dernières centrales nucléaires allemandes, ne serait-ce que de quelques mois, représentait un risque trop important pour être envisagé. Une fois de plus, Habeck fut tenu dans l’ignorance. Le patron de Niehaus, Tidow, ne divulgua pas l’évaluation originale et ne transmit que la version trafiquée de Niehaus à Graichen, au Ministère de l’économie. Elle était accompagnée d’une note: « Ne pas diffuser officiellement, seulement pour vous ».

Il s’ensuivit une étonnante comédie de l’absurde. Doutant apparemment que Habeck ait l’envie de lire même la note trafiquée, Graichen rédigea un document entièrement nouveau, intitulé « Examen de la poursuite de l’exploitation des centrales nucléaires dans le contexte de la guerre en Ukraine ». Bien entendu, il s’agissait encore d’une autre invention bureaucratique qui recommandait de ne pas prolonger la durée de vie des dernières centrales nucléaires allemandes, et ce sur une base pseudo-intellectuelle encore plus flagrante. Graichen transmit rapidement cette dérivation frauduleuse d’un mémo falsifié d’une évaluation authentique à Habeck – qui, bien sûr, l’aima vraiment beaucoup.

C’était un vendredi soir, mais l’orgasme intellectuel de Habeck était si intense qu’il passa la soirée et une bonne partie de la journée suivante à réécrire la farce de Graichen sous la forme d’un long dialogue de questions-réponses. Une fois ce travail d’amour achevé, notre fier écolier le transmit joyeusement à Graichen et à Tidow, expliquant qu’il avait transformé le « merveilleux article » de Graichen en une FAQ, « parce que je pense que cela doit être NARRATIF. Si vous voulez lire cet article, tout le monde voudra le lire aussi ». Habeck suggéra qu’ils envoient cette quatrième dérivation narrative de la reconception frauduleuse par Graichen du mémo falsifié de Niehaus d’une évaluation authentique aux opérateurs de la centrale nucléaire le jour suivant, à midi.

Nos magiciens de la bureaucratie se retrouvèrent face à un problème très délicat. Comme l’expliqua Niehaus, la note de Graichen (dérivation numéro trois) était un désastre complet – « grossièrement erronée en termes juridiques » et erronée à d’autres égards également. Habeck avait, sans le savoir, intégré toute cette ignorance dans son NARRATIF et demandait maintenant que l’on utilise ce monument d’idiotie idéologique pour expliquer aux véritables experts – les exploitants des centrales nucléaires – comment les choses devaient se passer. Il s’ensuivit, comme l’écrit Gräber, « un échange de courriels animé dans lequel les collaborateurs de Habeck se demandaient quoi faire de l’histoire écrite par leur patron, qui était basée sur des faits erronés ». Ils publièrent finalement une version « radicalement raccourcie » et « considérablement réécrite » sur le site web du Ministère le 8 mars.

En fin de compte, les bureaucrates Verts perdirent la bataille, mais ils gagnèrent la guerre. Toutes les fausses raisons inventées pour ne pas laisser les centrales nucléaires fonctionner jusqu’au printemps fondaient à mesure que la crise énergétique s’aggravait et que le gouvernement se retrouvait au bord de l’anéantissement politique. Les centrales furent cependant mises hors service, mais un peu plus tard que ne l’espéraient Graichen, Tidow et Niehaus. Les Verts proclamèrent leur victoire et Habeck rêve encore aujourd’hui de son futur poste de chancelier. Ce qui est resté dans les archives du ministère Habeck, ce sont les restes maladroits de leur radicalisme, de leur ignorance et de leur volonté de tromper, qu’ils n’ont pas réussi, dans ce cas tout au moins, à nous cacher.

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