Un « virus de l’infertilité » pour stériliser les chats errants: une nouvelle approche de thérapie génique qui pourrait également fonctionner chez l’humain – par Igor Chudov.

Bon, il y a trop de chats. Je suis bien plaçé pour le savoir, j’en ai cinq, dont trois recueillies chatons, sauvées et gardées. Rien que des femelles opérées (il y a vraiment trop de chats).

Il y a aussi trop de gens, comme on ne manque jamais de nous le rappeler, ce qui amène notre bon Igor à poser une question judicieuse, maintenant que nous savons ne pas être à l’abri d’un malencontreux accident.

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Un « virus de l’infertilité » pour stériliser les chats errants: une nouvelle approche de thérapie génique qui pourrait également fonctionner chez l’humain

Les chattes ne veulent même plus s’accoupler après avoir été infectées par cet adénovirus exprimant l’AMH

Igor Chudov

12 juin

Une fascinante découverte scientifique pourrait enfin nous aider à résoudre le problème de la reproduction incontrôlée des chats errants.

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L’adénovirus personnalisé AAV9-fcMISv2 est conçu pour empêcher les chats errants de se reproduire. Le virus ne provoque que peu de symptômes et est ressenti « comme un simple rhume ». Il rend les chattes infertiles et peu enclines à s’accoupler.

Dans cette nouvelle étude, Pépin, Swanson et leurs collègues ont inséré la version féline du gène AMH dans un virus inoffensif largement utilisé en thérapie génique pour introduire des gènes de remplacement dans les cellules.

Les scientifiques ont conçu une « thérapie génique » qui transfecte de nouveaux gènes chez les chattes (d’où le terme « thérapie génique »). Ils ont découvert que le fait de faire produire au corps des félins une « hormone antimüllérienne » [NdT. voir ici] arrêterait les processus de reproduction.

La situation a changé lorsqu’un duo de scientifiques inhabituel s’est formé. David Pépin, biologiste de la reproduction au Massachusetts General Hospital, a passé le début de sa carrière à étudier l’hormone antimüllérienne (AMH), produite par les follicules de l’ovaire qui donnent naissance aux ovules. Lorsque, dans une expérience, il a augmenté l’expression de l’hormone chez des souris femelles, leurs ovaires ont cessé de former des follicules, ce qui a entraîné la stérilisation des animaux.

L’adénovirus exprimant cette hormone (abrégée en AMH) fonctionne si bien que les félins femelles se désintéressent de l’accouplement. Bien que les mâles et les femelles aient été placés dans la même cage pendant de longues périodes, les femelles ont manifesté un désir réduit de s’accoupler, et aucun chaton n’est né même lorsque l’accouplement a eu lieu, comme l’explique l’article de Nature:

Cependant, lorsque l’œstrus est défini de manière comportementale par le fait que la femelle autorise la monte et le coït, un effet du traitement peut clairement être observé. Les trois femelles de contrôle se sont accouplées à plusieurs reprises avec les deux mâles, alors que quatre des six femelles traitées ont repoussé toutes les tentatives d’accouplement des mâles reproducteurs au cours des deux essais d’accouplement (tableau 1 et tableaux supplémentaires 1 et 2).

En revanche, aucune femelle traitée par l’AAV9-fcMISv2 n’a donné naissance au cours des deux essais et aucun sac gestationnel ou fœtus n’a été observé lors des examens échographiques hebdomadaires. Comme aucun chaton n’est né des femelles traitées, nous n’avons pas évalué la transmission materno-fœtale de l’AMH.

Je suppose que le fait qu’il y ait moins de chats errants est une bonne chose. Et pourtant, pensez aux possibilités: quelqu’un pourrait concevoir un autre virus qui infecterait les humains, ce qui nous rendrait infertiles.

Un virus de l’infertilité humaine bien conçu pourrait apparaître comme « un simple rhume » dont personne ne s’inquiéterait ou ne se rendrait compte. Les humains sont également affectés par une hormone anti-müllerienne similaire, comme l’explique cette étude:

Interactions entre les androgènes, la FSH, l’hormone anti-müllérienne et l’estradiol au cours de la folliculogenèse dans l’ovaire humain normal et polykystique

A l’inverse, l’AMH est inhibitrice mais le déclin de son expression, amplifié par l’E2, permet la pleine expression de l’aromatase, caractéristique des grands follicules antraux. Nous proposons un schéma théorique composé de deux triangles qui se succèdent chronologiquement. Dans le SOPK [NdT. Syndrome des ovaires polykystiques, voir ici], la croissance des follicules pré-antraux est excessive (triangle 1) en raison d’un excès intrinsèque d’androgènes qui rend les GC hypersensibles à la FSH [NdT. hormone folliculo-stimulante, voir ici], avec pour conséquence une expression excessive de l’AMH.

Les personnes qui connaissent le SOPK savent que les femmes qui en sont atteintes ont des difficultés à tomber enceintes. Ainsi, bien que je ne sois pas biologiste, je conçois aisément qu’il existe de nombreuses possibilités pour les développeurs de virus de créer un virus « comme un simple rhume » qui mettrait un terme à la reproduction humaine tout en paraissant totalement bénin.

Étant donné qu’Omicron a infecté la plupart des habitants de la Terre quelques mois après son apparition, un virus exprimant l’AMH suffisamment infectieux (mais « bénin ») pourrait se répandre avant que nous ne comprenions ce qui nous arrive.

Aucun virologue ne nous infligerait jamais ça, n’est-ce pas?

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