Israël/Hamas: interview du Colonel Douglas McGregor.

Chaque fois que quelqu’un dit qu’Israël est notre seul ami au Moyen-Orient, je ne peux m’empêcher de penser qu’avant Israël, nous n’avions pas d’ennemis au Moyen-Orient ».

Père John Sheehan, S.J.

Le Colonel Douglas McGregor confirme ici mes propres analyses publiées depuis le 15 octobre. Ce qu’Israël est en train de commettre n’est pas un génocide mais un suicide, comme l’Europe en a commis un dans sa réaction (téléguidée) vis-à-vis de l’Ukraine et évidemment par rapport aux injections. Je publie une (triste) mise à jour sur ce sujet en Israël juste après.

04/11: la vidéo est passée de publique à privée depuis que j’ai publié. Ne me demandez pas pourquoi.

Source.


Traduction

Présentateur: Les États-Unis envoient de plus en plus de ressources, d’argent et d’armes au Moyen-Orient. Israël annonce que si le Hezbollah intervient à Gaza, l’Iran sera rayé de la carte. Les Turcs semblent disposés à jouer un rôle de médiateur. On a entendu Erdogan déclarer il y a quelques minutes qu’il souhaite jouer le rôle de médiateur pour la paix. Cela va à l’encontre de ce que le secrétaire d’État Anthony Blinken a déclaré ce week-end, à savoir que nous ne sommes intéressés par aucun cessez-le-feu, ce qui est incroyable.

Le colonel Douglas McGregor nous rejoint maintenant. Colonel, il semble que ces deux parties prennent des directions diamétralement opposées, entre les commentaires de Blinken hier et la déclaration d’Erdogan sur son rôle de médiateur pour la paix.

McGregor: Oui, c’est exact. Et il semble que les personnes qui contrôlent les événements à Jérusalem contrôlent également les événements à Washington. Et qu’ils sont unanimes dans leur volonté d’une guerre majeure. Et j’ai l’impression que personne n’en comprend les implications. Les gens ne voient dans ce conflit que le Hamas, un ennemi qui mérite amplement d’être détruit. Il n’y a aucun doute là-dessus. Le problème, c’est que pour détruire le Hamas, comment s’y prend-on? Et que la punition collective de 2,2 millions de personnes n’est pas une façon très populaire d’y arriver. En particulier à l’heure actuelle, car toute la région est en proie à la colère après les attaques contre les civils à Gaza.

Dans l’ensemble de la région, il n’y a aucun doute sur le responsable. C’est Israël. Les Israéliens et tous leurs voisins sont donc engagés dans un dialogue de sourds. Actuellement, on pourrait encore trouver l’un ou l’autre moyen d’y remédier et de passer d’une guerre régionale inévitable à quelque chose de plus gérable, mais il ne semble pas y avoir d’intérêt à cela.

Présentateur: Les États-Unis envoient des porte-avions et des moyens supplémentaires dans la région. Vous dites que – et c’est ce qui vous préoccupe – c’est une perspective très dangereuse pour les États-Unis.

McGregor: Oh, tout à fait. Personne ne semble comprendre que le Moyen-Orient d’aujourd’hui est radicalement différent de celui d’il y a 20, 30, 40 ou 50 ans. La dernière grande guerre était celle de 73, au cours de laquelle l’Égypte et la Syrie ont attaqué Israël et où cette dernière a fini par l’emporter, bien que ça n’a pas été tout seul. Aujourd’hui, les États arabes sont bien plus, je dirais, soudés. Les gouvernements sont plus forts, ils disposent de plus de technologie et ils sont davantage décidés à peser collectivement. Et aujourd’hui, on voit aussi que la Turquie et l’Iran sont devenus des acteurs majeurs. Par conséquent, si nous en venions à attaquer l’Iran, la Russie ne pourra pas rester les bras croisés, elle se sentira obligée d’intervenir parce que les Iraniens ont soutenu les Russes contre les proxies ukrainiens.

Toutes les conditions sont donc réunies pour déclencher une guerre de grande ampleur. Nous sommes en train de créer une escalade générale, en pensant que l’escalade sera efficace. C’est ce que nous avons essayé de faire en Ukraine, nous avons misé sur l’escalade, l’escalade, l’escalade et encore l’escalade. Aujourd’hui, l’Ukraine est en ruines. Ma grande crainte est que si cette guerre régionale éclate, comme je le pense, Israël n’y survivra pas.

Présentateur: Vous écrivez dans votre article qu’Israël pourrait devenir la prochaine Ukraine si nous ne prenons pas garde. Que voulez-vous dire par là?

McGregor: Eh bien, tout d’abord, le Hezbollah situé au nord n’est pas seulement soutenu par l’Iran, on estime qu’il compte 100 à 150 000 combattants dans ses rangs. En outre, selon certaines estimations, il dispose de 130 000 à 140 000 roquettes et missiles, dont au moins 40 000 d’une extrême précision. Le Hezbollah dispose donc d’un armement suffisant pour détruire la moitié d’Israël.

Le Hezbollah a clairement fait savoir que si les Israéliens marchent sur Gaza, avec l’objectif d’éradiquer le Hamas et sans se soucier, sincèrement, des pertes en vies humaines… Et, soyons honnêtes, lorsque l’on livre un combat en milieu urbain, l’idée qu’il est possible de trier ses cibles est absurde. Les pertes humaines seront donc énormes.

Ce serait le catalyseur d’une guerre régionale et les Iraniens, les Turcs, tout le monde juge que c’est inacceptable. Le roi Hussein – pas Hussein mais Abdullah – de Jordanie a prononcé un brillant discours au Caire, expliquant qu’il concevait l’horreur de ce qui était arrivé aux Israéliens et qu’il pensait que leur réaction avait été raisonnable dans ces circonstances, mais il a ajouté qu’une punition collective qui touche 2,2 millions de personnes et qui les chasse de leurs maisons pour les jeter dans le désert était tout simplement inacceptable.

Nous nous trouvons dans une impasse parce qu’on nous presse, aux États-Unis, de justifier notre action, d’expliquer pourquoi nous devrions être des co-belligérants aux côtés d’Israël. Et dans un sens très concret, c’est effectivement ce que nous sommes en train de devenir. Et cela nous expose au risque de confrontation avec l’Iran, avec les Turcs et avec la Russie.

Présentateur: Au cours du week-end, Israël a déclaré qu’il considérerait les civils qui vivent dans la partie nord de la bande de Gaza comme des complices de terroristes, en ces termes: « L’armée israélienne a fait savoir aux civils palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza que s’ils n’évacuent pas vers le sud, ils seront considérés comme des complices d’une organisation terroriste ». Donc, essayer d’éradiquer le Hamas en pénétrant dans ces grottes, ça sera un désastre absolu. On a déjà vu à quel point c’était un désastre.

Parlez-nous de ce qui arriverait si l’infanterie israélienne pénétrait dans ces grottes immenses et truffées de piéges, où le Hamas s’est retranché. J’ai parlé à des sources israéliennes et ils m’ont dit être absolument terrifiés par ce qui arriverait à l’infanterie dans ce cas, elle se ferait massacrer dans les structures qui se trouvent sous ces villes et sous le nord de Gaza. Pouvez-vous nous parler de la stratégie militaire des Israéliens?

McGregor: Gardez à l’esprit que les forces de défense israéliennes sur le terrain sont composées d’une minorité de soldats professionnels, la grande majorité des personnes qui ont été mobilisées sont de simples civils, ce sont des réservistes. On m’a dit que ces réservistes sont loin d’être aussi bien entraînés et préparés que leurs prédécesseurs l’étaient en 1973. Cela signifie qu’ils sont encore moins entraînés et moins préparés que ce qui serait nécessaire pour une opération aussi complexe. Même à supposer que l’on dispose de quelques semaines pour s’entraîner, on n’atteindra pas le niveau d’expertise nécessaire pour faire face à ce que vous décrivez, c’est-à-dire ces tunnels.

N’oubliez pas que les Israéliens ont détruit la majeure partie de la zone située au nord de Gaza, ce qui permet au Hamas de se défendre plus facilement. Lorsque les bâtiments sont laissés intacts, on court toujours un risque. Mais ça permet aussi de s’y frayer un chemin pour débusquer l’ennemi. Maintenant que tout a été détruit, il est impossible de savoir où aller et comment agir. Je suis sûr que les Israéliens utiliseront tous les moyens à leur disposition: surveillance permanente, ciblage minutieux de tout ce qu’ils pensent être hostile. Et je suis sûr que les soldats sur le terrain feront de leur mieux. Mais cela n’empêchera pas de très lourdes pertes pour toutes les raisons que vous avez citées, les engins explosifs improvisés, etc.

Il y a une autre possibilité. Les Israéliens pourraient décider d’utiliser des explosifs à air comprimé – les explosifs à air comprimé sur un carré, disons quelques kilomètres carrés, aspirent pratiquement tout l’oxygène de la zone et l’enflamment ensuite en une boule de feu. Nous avons utilisé ces engins au Vietnam, ils pourraient certainement les utiliser contre le Hamas et le Hezbollah. Et franchement, je pense que leur objectif l’exige. Mais imaginez les réactions dans la région. Imaginez ce que ressentiront les Turcs et les Iraniens, les Égyptiens, les Jordaniens, les Saoudiens, les Syriens, et tout les autres, lorsqu’ils assisteront à cela. Encore une fois, je ne vois pas cela comme un résultat très positif pour Israël. Et je pense que le potentiel militaire de ceux qui se dressent contre Israël est largement sous-estimé. N’oubliez pas que la Russie ne veut pas être impliquée dans cette affaire, elle veut rester neutre. Mais les relations de la Russie avec l’Iran sont très, très étroites. Et si on attaque l’Iran, on se retrouve en guerre avec la Russie.

Présentateur: Le point central de tout cela est-il MBS, Mohammed bin Salman – d’Arabie saoudite, bien sûr – peut-être l’homme le plus important du monde en ce moment. J’ai entendu cette idée ces derniers jours, l’idée d’un monde musulman unifié, la plus grande menace, peut-être, pour Israël: un front unifié, pas de divisions entre les chiites, les sunnites et les autres. On se retrouverait avec un monde musulman unifié qui déclarerait: à bas Israël?

McGregor: En temps normal, les Israéliens sont très doués pour pratiquer l’économie des ennemis. Ils ont toujours été très forts dans ce domaine. En affronter un à la fois, si c’est possible, et monter les adversaires potentiels les uns contre les autres. Malheureusement, cette fois-ci, ils ont fait le contraire. Et nous les aidons chaque jour à le faire davantage. C’est ce qu’ils ont fait en unissant l’opposition. Vous avez tout à fait raison.

Maintenant, est-ce que MBS est aux commandes? Je pense qu’il a un rôle très influent en raison de sa position en Arabie saoudite, qui est effectivement pour les musulmans l’équivalent de la Terre sainte. Ce qu’il dit a donc beaucoup de poids. Mais il y a aussi d’autres acteurs. Le Qatar a financé non seulement le Hamas, mais aussi M. Erdogan en Turquie. Sans les fonds qataris, les Turcs auraient de graves problèmes économiques. Il y a donc d’autres acteurs en jeu. Et il ne faut pas sous-estimer le général Sisi en Égypte. Les Égyptiens ont entretenu de très bonnes relations avec les Israéliens, mais leur gouvernement ne peut pas survivre à ce que les Israéliens font à Gaza. La pression exercée sur lui pour qu’il mobilise son armée, qu’il aille de l’avant et qu’il se batte, potentiellement pour protéger les habitants de Gaza, est énorme.

Un Israélien en colère et ému de ce qu’il a vu ne sera peut-être pas satisfait de tuer 10 000 ou 20 000 Palestiniens de plus. Mais il faut une personne rationnelle aux commandes. Tout le monde est émotif en ce moment. Nous sommes émus, les Israéliens sont émus, les musulmans aussi. L’émotion est fatale. L’émotion conduit à de mauvaises décisions et à de mauvais résultats. Ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est de sang-froid, de calme et de réflexion collective. Et il faut comprendre que, peu importe à quel point on déteste le Hamas, la stratégie actuelle conduit à l’Armageddon au Proche-Orient.

Et c’est sans même parler des armes nucléaires. Les gens ne semblent pas comprendre que les Israéliens disposent bien évidemment de l’arme nucléaire et qu’ils ont clairement fait savoir qu’ils l’utiliseraient s’ils étaient acculés au pied du mur. Mais ils oublient que la Turquie, par exemple, entretient des relations très étroites avec l’armée pakistanaise. L’armée et le gouvernement pakistanais ont fait savoir à maintes reprises, depuis de très nombreuses années, que si les Turcs avaient besoin d’ogives nucléaires pour se protéger, ils les recevraient. Il s’agit en quelque sorte d’un double enveloppement [NdT. le mouvement en tenaille, ou double enveloppement, est une tactique qui consiste à attaquer les deux flancs (côtés) d’une formation ennemie en même temps]. Il ne s’agit pas seulement d’une guerre conventionnelle de haut niveau, avec déploiement de tous ces missiles, roquettes et avions sans pilote, mais aussi de l’ombre maléfique d’un échange nucléaire qui plane sur la région. C’est pourquoi je ne cesse de conseiller à quiconque veut bien m’écouter de prendre du recul et de bien réfléchir à la question. Et je suis très reconnaissant aux Irakiens, pardon, aux Israéliens, de ne pas être encore intervenus. Cela nous permet de respirer. Nous en avons besoin.

Animateur: Le Secrétaire Blinken a déclaré hier qu’il ne voyait pas d’indication qu’Israël veuille contrôler Gaza à perpétuité. Êtes-vous d’accord avec cela?

McGregor: Gaza est depuis longtemps un énorme problème. Beaucoup d’Américains l’ignorent, mais lors des discussions sur les accords de Camp David, Menachem Begin a en fait offert Gaza à Sadate, en lui disant: « S’il vous plaît, débarrassez-nous en. Nous n’en voulons pas ». À l’époque, Sadate avait répondu: « J’ai tellement de problèmes dans mon propre pays. Je ne peux pas en assumer un de plus ». En conséquence, Gaza est devenue une île de misère et d’infortune. On peut certainement en attribuer une part de responsabilité aux habitants. Mais on l’a qualifiée, non sans raison, de plus grande prison à ciel ouvert ou de plus grand camp de concentration au monde. Les Israéliens ont dû prendre des mesures strictes pour se protéger, car Gaza est une épine permanente dans leur pied. Je ne pense donc pas qu’ils en veuillent. Je pense qu’ils aimeraient s’en débarrasser [NdT. voir ici]. Le problème, c’est que si l’on repousse 2 millions ou 1,5 million d’Arabes dans le Sinaï, ce qui est, je pense, le véritable plan que les Israéliens aimeraient suivre, on ne fait que repousser le problème de 30 kilomètres. Le Hamas, ce ne sont pas que des gens. C’est une idée. Il est pétri de haine. Mais il est hautement considéré au Moyen-Orient parce qu’il ne se rendra pas.

Animateur: C’est une hydre, n’est-ce pas? Est-il juste de l’appeler une hydre? Et qui n’a pas de hiérarchie, d’après ce que j’ai compris. Il n’y a pas de chef au sommet. Il s’agit d’une hydre à plusieurs têtes, qui, si on lui coupe l’une d’entre elles, ne cessera de ressurgir.

McGregor: Oui, absolument. Et je pense que les Israéliens le comprennent. Mais leur seule solution est la force. Je pense qu’il faut d’une manière ou d’une autre priver le Hamas et les autres de leur raison d’être. Mais comment faire? Il faut rouvrir les discussions sur l’avenir des Palestiniens, ce que les Israéliens refusent également. Ils ne veulent pas d’une solution à deux États. Ils considèrent cela comme une menace pour eux-mêmes. Une grande partie de ceux qui soutiennent Netanyahu pensent que c’est l’occasion pour eux de créer un grand Israël qui s’étendrait du Jourdain à la mer.

Je comprends tout cela. Je suis américain, je ne suis pas israélien mais je ne suis pas indifférent. Mais je ne pense pas qu’il soit dans l’intérêt d’Israël de poursuivre ces objectifs. Et s’il le font, nous serons entraînés, eux et nous, dans une très grande guerre régionale au Moyen-Orient. Et que pouvons-nous y envoyer? Nous pouvons certainement envoyer des navires, bien qu’il y ait 90 avions sur chaque porte-avions, dont 40 ou 50 sont des avions d’attaque. Nous avons une flottille dont le rôle principal est de protéger le porte-avions afin qu’il puisse lancer ses frappes. Mais il faut également tenir compte du fait qu’ils opèrent très loin des côtes, à tel point qu’ils peuvent être amenés à accoster en Israël après avoir effectué leurs frappes pour se ravitailler en carburant. Ils se heurteront alors aux défenses aériennes. Ces défenses aériennes sont russes, mais elles font également partie de la Syrie. Ces défenses aériennes peuvent être utilisées contre nous. Nous perdrons donc probablement des avions.

La question qui se pose alors est la suivante: si on ne peut pas influer sur le terrain en Israël, que peut-on faire? Nous n’avons pas d’armée. Vraiment, nous n’avons plus d’armée. Elle ne compte plus que 450 000 hommes. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Si on ne peut pas déployer de forces sur le terrain, on ne changera rien. Quant aux Israéliens, ils parlent d’une force de 470 000 à 500 000 hommes. C’est plus que l’armée américaine. 2 000 marines en mer, 2 000 forces spéciales travaillant avec les Israéliens ne vont pas gagner une guerre.


Transcription originale

Host: Well, the United States is ramping up additional assets, money, weapons to the Middle East. Israel says it will wipeIran off the face of the earth if Hezbollah intervenes in Gaza. The Turks seem to be motivated to mediate. We heard from Erdogan over the past few minutes saying he would like to mediate a peace. This flies in the face of what Secretary of State Antony Blinken just said over the weekend, which is, we’re not interested in any kind of ceasefire, which is unbelievable.

Joining me now is Colonel Douglas McGregor. Colonel, it appears they’re really going in the opposite direction with Blinken’s comments yesterday and now Erdogan coming out and saying, hey, we’re happy to mediate a peace here.

McGregor: No, I think that’s true. And it looks as though the same people controlling events in Jerusalem are controlling events in Washington. And they are unanimous in their desire for a major war. And I don’t think people understand the implications. People are viewing this as Hamas, as an enemy that richly deserves to be destroyed. There’s no argument about that.The problem is, if you want to destroy Hamas, how do you go about doing it? And collective punishment that involves 2.2 million people is not a very popular way to do business. And particularly at this point in time, because the whole region is seething with anger over the attacks on the civilians in Gaza.

There’s no debate in the rest of the region about who’s responsible. It’s Israel. So you have the Israelis and all of their neighbors talking past each other. We are in a position to somehow or another address that and move this out of the realm of inevitable regional war into something more manageable, but there doesn’t seem to be any interest in doing so.

Host: The United States moving aircraft carriers additional assets into the region. You make the point that – you’re right there involved in this – this is a very dangerous prospect for the United States.

McGregor: Oh, it is. People don’t seem to understand that today’s Middle East is radically different from the Middle East of 20, 30, 40, 50 years ago. The last major war was the 73 war, where Egypt and Syria attacked Israel and Israel ultimately prevailed, although it was from time to time touch and go. Today, the Arab states are far more, I would argue, cohesive. The governments are stronger, they have more technology at their disposal, and there’s a greater willingness to weigh in collectively. And today, we’re also talking about Turkey and Iran as playing a major role. And as a result, Russia cannot sit idly by if Iran ends up being attacked by us, it will feel obligated to intervene because the Iranians have supported the Russians against the Ukrainian proxies.

So this has the ingredients in it for a very major war. Now we’re escalating across the boards, where we seem to think that escalation works. We’ve tried that in Ukraine, we’ve escalated and escalated and escalated. And today, Ukraine is in ruins. My great fear is that if this regional war unfolds, as I think it might, there may be no Israel at the end of it.

Host: You write in your piece that Israel could become the next Ukraine if we don’t watch out. How do you mean?

McGregor: Well, first of all, Hezbollah that sits up in the north is not simply backed by Iran, but we estimate they have 100 150,000 of their own fighters. Plus, some estimates are between 130,000 and 140,000 rockets and missiles, of which at least 40,000 are extremely precise. Now that’s enough armament in Hezbollah to destroy half of Israel.

Hezbollah has made it clear that if, in fact, the Israelis march into Gaza, with the objective of rooting out Hamas and without regard, frankly, to the loss of life there – and, you know, let’s be honest, if you’re going to march into a city and fight, the notion that you can pick and choose your targets is absurd. So the loss of life will be enormous.

This is the catalyst for a regional war and the Iranians have said it, the Turks have said it, everyone has said this is unacceptable. King Hussein – not Hussein but Abdullah – in Jordan gave a brilliant speech in Cairo, explaining that he shared the Israelis horror at what had happened to them, and thought that they had responded reasonably under the circumstances, but said, collective punishment that involves 2.2 million people and driving them out of their homes and into the desert is simply unacceptable.

This is an impasse because we have a full court press in the United States to emphasize why we should be doing this, why we should be co-belligerents with Israel. And that’s effectively what we’re becoming in a very real sense. And that puts us at risk of confrontation with Iran, with the Turks, and with Russia.

Host: Israel over the weekend saying that they will consider civilians who are in the northern part remain in North Gaza, terrorist accomplices, quoting, « the Israeli military has told Palestinian civilians living there, that if they don’t evacuate south, they will be considered an accomplice in a terrorist organization ». So trying to root out Hamas going into these caves, this is going to be an absolute disaster. I mean, we’ve already seen how much of a disaster this is.

And the Israeli infantry going in, talk about that part of it going into these cave structures, where Hamas has been holed up and living in these massive booby trapped caves. I’ve talked to some Israeli sources who tell me that they are absolutely terrified what’s going to happen to the infantry if they go in, they will be slaughtered by the structures that are underneath those cities and underneath North Gaza. Can you speak on that, the military strategy of this on the part of the Israelis?

McGregor: Keep in mind that the Israeli Defense Force on the ground consists of a small portion of professional soldiers, the vast majority of people that have been mobilized are simply civilians, they’re reservists. I’ve been told that these reservists are not nearly as well trained and prepared as their predecessors were in 1973. That means that they have even less training and less preparation than you would want for such a complex operation. But let’s assume you have a couple of weeks to train, you’re not going to reach the level of expertise that you would want to deal with what you’re describing, these tunnels.

And remember that the Israelis have destroyed most of this area in northern Gaza, which makes it much easier for Hamas to defend itself. When you leave buildings intact, you’re always at risk of bad things happening. But you have a way to navigate through it to root out the enemy. Now that everything has been rubbled, you have no idea where you’re headed and what you’re doing. Now, I’m sure the Israelis will use everything at their disposal, persistent surveillance overhead, careful targeting of anything they think is hostile. And I’m sure that the soldiers on the ground will do the best they can. But that’s still not going to prevent you from taking very heavy casualties for all the reasons that you cite, IEDs and so forth.

Now there is one other possibility. And that is that the Israelis may decide to use fuel air explosive – and fuel air explosive over a square, let’s say a couple of square miles essentially sucks all the oxygen out of the area and then ignites it into a fireball. We used these things in Vietnam, they could certainly use these things against both Hamas and Hezbollah. And frankly, I think for their purposes, it would be necessary. But imagine the response of the region. Imagine how the Turks and the Iranians, the Egyptians, Jordanians, Saudis, Syrians, everyone will feel when they witness this. Again, I don’t see this as a very positive outcome for Israel. And I think we’re grossly underestimating the military potential of those lining up against Israel. Remember, Russia does not want to be in this Russia wants to remain neutral. But Russia’s relationship with Iran is very, very close. And if you attack Iran, you’re going to end up at war with Russia.

Host: Is the center of all of this MBS, Mohammed bin Salman – of course, Saudi Arabia – maybe the most important man in the world at this moment. I’ve heard that thrown around over the past few days, the idea of a unified Muslim world, the greatest threat, perhaps, to Israel, a unified front, no divisions between Shia, Sunni, and others. And you have a unified Muslim world saying, down with Israel?

McGregor: Well, normally, the Israelis are very good at practicing economy of enemies. They’ve always been good at that. Deal with one at a time, if you can, and turn your potential opponents against each other. Unfortunately, this time, they’ve done the opposite. And we’re helping them to do it over and over and over again every day. And that is that they’ve united the opposition. You’re absolutely right.

Now, is MBS in charge of it? I think he has a very influential role because of his position in Saudi Arabia, which is effectively for Muslims, the equivalent of the Holy Land. So what he says carries great weight. But you’ve got other actors, you know. Qatar has funded not only Hamas, but also Mr. Erdogan in Turkey. Without Qatari funding, the Turks would be in serious economic trouble. So there are other actors that are playing into this. And you shouldn’t underestimate General Sisi in Egypt. The Egyptians have maintained very good relations with the Israelis, but their government cannot survive what the Israelis are doing in Gaza. And the pressure on him to mobilize his army and go forward and fight potentially to protect the Gazans is enormous.

Now, if you’re an Israeli, and you’re angry, and you’re emoting about what you’ve seen, you may not be satisfied when you’ve killed 10,000 more or 20,000 more Palestinians. But you’ve got to have someone who is rational in charge. Everyone is emoting right now. We are emoting, the Israelis are emoting, and so are the Muslims. Emotion is the killer. Emotion leads to bad decisions and bad outcomes. What’s needed now is cool, calm, collective thinking. And we need to understand that however much we hate Hamas, taking the current approach is the road to Armageddon in the Middle East.

And we haven’t even talked about nuclear weapons. And people don’t seem to understand that of course the Israelis have a nuclear weapon, and they made it abundantly clear that if pushed to the wall that they would use it. But they forget that for instance, Turkey has very close relations with the Pakistani military. The Pakistani military and government has made it clear repeatedly over many, many years, that if the Turks need nuclear warheads to protect themselves, they will receive them. You’re talking about a double envelopment, if you will. You’re not only dealing with the high end conventional warfare, the introduction of all these missiles and rockets and unmanned aircraft, you’re also dealing with this evil shadow of nuclear exchange hovering over the region. So I just I keep advising anyone who will listen, back off, think about this carefully. And I’m very grateful that the Iraqis, excuse me, the Israelis to this point have not yet gone in. That gives us breathing space. We need that.

Host: Secretary Blinken yesterday said that he sees no indication that Israel wants to control Gaza in perpetuity. Do you buy that?

McGregor: Gaza has been a huge problem for a long time. Many Americans are unaware of it but during the Camp David Accords discussions, Menachem Begin actually offered Sadat Gaza, he said, « Please take it off our hands. We don’t want it ». And at the time Sadat said, « I’ve got so many problems inside my own country. I can’t take on anymore ». As a result, Gaza has been this island of misery and misfortune. Now, you could certainly blame that to some extent on the inhabitants. But you know, people have referred to it, not without reason, as the world’s largest open air prison or concentration camp. Now the Israelis have had to take stringent measures to protect themselves, because Gaza is a permanent thorn in their sides. So I don’t think they want it. I think they would like to remove it. The problem is, if you push 2 million or 1.5 million, or whatever it turns out to be, Arabs into the Sinai, which is the real plan, I think, the Israelis would like to follow, you’ve just pushed the problem 20 miles away. Hamas is more than people. It’s an idea. It is steeped in hatred. But it is widely regarded in the Middle East because they will not surrender.

Host: It’s a hydra, right? Is it fair to call it a hydra? And it’s not even top down from what I understand. It’s not like you have some leader sitting at the top. You have a multiple headed hydra that you cut one head off, it’ll just keep popping up.

McGregor: Yes, absolutely. And I think the Israelis understand that. But their only solution is force. I think you have to somehow or another rob Hamas and others of their raison d’etre. Now, how do you do that? Well, you’ve got to reopen discussions about the future of the Palestinians, which is something else the Israelis don’t want to do. They don’t want a two state solution. They regard that as a threat to themselves. And you have a substantial portion of the people supporting Netanyahu, who think this is their opportunity to create a greater Israel that reaches from the Jordan River to the sea.

Now, I understand all of these things. I’m an American, I’m not an Israeli and I’m not unsympathetic. But I don’t think it serves Israel’s interest to pursue these goals. And if they do, we and they are going to be drawn into a very large regional war in the Middle East. And what have we got to send? We can certainly send ships, although you’ve got 90 aircraft on each aircraft carrier, of which 40 or 50 are attack aircraft. You have a flotilla that’s there largely to protect the carrier so they can launch their strikes. But they’re also operating from a very long way offshore, so far that they may have to land in Israel after executing their strikes to refuel. Then they’re up against air defenses. Now the air defenses that are there are Russian, but they’re also part of Syria. Those air defenses can be turned to use against us. So we’ll probably lose aircraft.

Then the question is, if you can’t influence things on the ground in Israel, what can you do? We have no army. We really have no army anymore. It’s down to about 450,000. It’s a shadow of its former self. If you can’t put forces on the ground, you’re not going to change anything. And the Israelis, again, they’re talking about a force of 470,000 to 500,000. That’s larger than the US Army. 2,000 Marines offshore, 2,000 special forces working with the Israelis are not going to win a war.

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