Mourir aux urgences.

Personne ne devrait mourir aux urgences. En tout cas pas par manque de soins.

C’est pourquoi la fermeture et/ou le manque de personnel des services d’urgence sont au minimum de la non-assistance à personnes en danger – ou plus simplement, un meurtre en série, avec préméditation.

Les chiffres en France, au Royaume-Uni… si on peut encore se fier aux chiffres. En France, toujours, avec juste en-dessous un article assez surréaliste sur un certain président « à l’écoute » du personnel soignant – après quoi il proposera des réformes. Vous vous souvenez de qui a viré le personnel médical rétif à l’injection, qu’il refuse à ce jour de réintégrer?

Voici, condensés en un seul, le contenu de deux articles (ici et ici) du Dr Reid G Sheftall, chirurgien cardiaque pédiatrique, et avant ça chirurgien plastique, homme courageux qui a écrit un bouquin sur les coupables de l’Opération Covid (que vous pouvez acheter via son Substack pour moins de dix dollars). Mais ce n’est pas pour ce bouquin, sûrement très instructif, que je le relaye ici.

J’avais gardé pour plus tard son témoignage, qui montre à quel point il est important de ne pas laisser détruire la relation patient/médecin et laisser la place à la digitalisation de la médecine – celle du Grand Reset – qui n’en a rien à foutre de vous. Je l’avais gardé aussi parce qu’il m’a beaucoup ému.

Les urgentistes et les médecins comme le Dr Sheftall peuvent vous sauver la vie, ou celle de votre enfant. Soutenez-les, bordel!


Première partie

Dr Reid G Sheftall

11 mars 2022

Source.

[…]

A propos de la petite fille de 6 ans, voyons si vous pourrez trouver la solution. Elle avait été impliquée dans un accident dans le break familial, un soir, sur le chemin du retour après avoir mangé dans un restaurant avec sa mère.

Ce mois-là, je faisais un stage en chirurgie pédiatrique à l’hôpital pour enfants d’Akron, dans l’Ohio. J’étais seul, de garde en chirurgie, la nuit où elles se sont présentées, il y a presque 29 ans. Ce n’est plus une petite fille. Elle doit avoir 35 ans aujourd’hui.

Elle et sa mère portaient leur ceinture de sécurité et personne ne semblait avoir été blessé. Néanmoins, sa mère souhaitait la faire examiner et a demandé à l’ambulance de l’amener à l’hôpital pour enfants d’Akron. Une maman intelligente… Les enfants expriment leurs plaintes très différemment des adultes parce qu’ils ont peur de recevoir une piqûre ou pire. S’ils pensent que leur problème risque de nécessiter un traitement, ils minimiseront leurs blessures. Le simple fait de voir le médecin entrer dans leur compartiment aux urgences les fera taire.

Je venais d’arriver dans ma chambre d’appel à 22 heures, après une dure journée de travail, et je regardais le lit trop court d’un pied que l’on nous avait fourni dans ce qui avait sûrement connu des jours meilleurs en tant que placard de rangement. Il ne me restait plus qu’une chose à faire. M’assurer qu’il n’y ait pas de problème non résolu aux urgences. Je n’avais pas envie d’être réveillé juste après m’être assoupi. Rester debout pendant mon service est bien moins douloureux que d’être tiré d’un sommeil profond par une sonnerie de téléphone – une petite perle de sagesse que l’on apprend en tant qu’étudiant en médecine. Après une rapide prière, demandant à notre Créateur une salle d’urgence vide, j’ai passé l’appel en bas.

Le médecin des urgences me dit qu’il n’y avait personne en bas, hormis une petite fille qui avait eu un accrochage avec sa mère. « Aucune plainte de douleur nulle part et son examen est négatif », dit-il. « Je la renvoie chez elle. » « Donc je n’ai pas besoin de descendre pour la voir? » « Non. Pas la peine. Elle va rentrer chez elle dans quelques minutes, dès que j’aurai fini une autre décharge. »

« Ahhhh. La félicité, le paradis, le bonheur – choisis ton mot préféré, pas besoin de dictionnaire », me dis-je en m’allongeant dans mes vêtements, y compris ma blouse blanche, car l’enlever me ferait perdre quelques secondes sur le temps de sommeil que je convoitais. Au bout d’une petite minute de sommeil, qu’est-ce que j’ai entendu? Oh non, la petite voix dans ma tête, le « petit sadique » comme je l’appelle, la voix qui n’est jamais la bienvenue mais qui a toujours raison.

« Gardez-la quelques minutes, s’il vous plaît. J’arrive tout de suite. » S’il y a une chose que j’ai apprise en trois ans d’internat, c’est qu’il faut examiner tout le monde, même si ça semble bénin. Et il y avait un directeur de programme impitoyable à l’hôpital pour enfants d’Akron, un chirurgien extraordinaire, dur comme la pierre, dont j’étais terrifié – nous l’étions tous – qui s’appelait Clifford Boeckman et qui m’aurait mis en pièces si j’avais montré le moindre signe de paresse.

La pression sanguine de la petite fille était de 91/50. Son pouls était de 88, sa température normale. On lui avait posé une intraveineuse, avec maintien de la veine ouverte (KVO). L’examen physique était conforme à ce que le médecin urgentiste avait dit, elle avait un ventre non tendu. Il n’y avait pas de défense. Les bruits intestinaux étaient normaux ou légèrement atténués, je n’étais pas sûr. Elle n’avait pas faim, mais elle avait soif et avait demandé de l’eau à sa mère.

Sa mère, assise sur une chaise en plastique, s’est contorsionnée le thorax sans se lever, et a pris une tasse dans la sacoche qu’elle portait.

« Qu’est-ce que c’est? », ai-je demandé.

« C’est un gobelet que je transporte partout… ».

J’ai levé la main, « Non, non. non. » ( Chaque chirurgien a l’habitude d’interdire toute nourriture ou boisson par voie orale lorsqu’il examine un patient aux urgences. Si une intervention chirurgicale est nécessaire, nous voulons que l’estomac soit aussi vide que possible lorsque nous mettons les gens sous anesthésie générale, en raison de la possibilité de vomir et d’aspiration du contenu de l’estomac dans les poumons – un problème grave).

Je ne savais pas si le médecin urgentiste avait regardé sa poitrine ou non. Elle portait encore sa chemise boutonnée ou peut-être l’avait-il examinée et demandé à sa mère de la lui remettre après l’examen. Il avait juste écrit « Poumons clairs » dans le dossier, ce qui était le cas. J’ai demandé à sa mère si l’autre médecin avait examiné sa poitrine. Elle a dit, « Je ne sais pas… peut-être quand je l’ai inscrite? » Peu importe. Il faut toujours tout vérifier.

Sur le côté gauche de sa poitrine, juste au-dessus de son mamelon, il y avait une marque étrange d’environ 5 cm de long et 2 cm de large, tachetée et de couleur rouge-violet.

Elle n’était pas du tout sensible, ce qui m’a paru très étrange.

J’ai demandé à sa mère si c’était nouveau. Sa mère ne l’avait pas vue. Ça avait l’air récent.

« Quelqu’un t’a frappé là, chéri? »

« Non. Je veux de l’eau! », a-t-elle exigé.

J’ai fait « non » à sa mère, ce qui m’a rendu soudainement très impopulaire.

J’ai fait une prise de sang – ouais, assurément persona non grata à ce stade – que j’ai envoyée pour un hémogramme complet, des électrolytes comme Na+, K+, Cl-, etc. J’ai demandé à l’infirmière de lui prélever un échantillon d’urine, mais elle n’a pas pu le faire. Sa mère a pris la relève et est revenue de la salle de bains en haussant les épaules. J’ai augmenté sa perfusion à 50 cc.

Il y a quelque chose qui m’échappe. Impossible de faire pipi. Accident de voiture… ceinture de sécurité bouclée… aucune douleur nulle part… étrange bleu sur la poitrine… Allez, réfléchis!

« Parlez-moi de cet accident. A quelle vitesse rouliez-vous? » « Pas vite – 55, peut-être – quelqu’un a tourné à gauche, juste devant nous, comme s’il essayait de fuir quelqu’un. » « Quel genre de voiture conduisiez-vous? » « Country Squire. » « Un de ces breaks des années 70? Pas d’airbags, hein? » « C’est une vieille voiture. Ma mère nous l’a laissée. » « Et vous êtes sûre qu’elle n’a rien heurté… le tableau de bord, ou quelque chose qu’elle avait sur les genoux? » « Non. J’ai mis ma main droite pour la protéger et elle a fait une embardée en avant, mais elle n’a rien touché. »

Je ne vous dirai pas quels tests j’ai demandés et quel traitement j’ai initié, car cela dévoilerait la réponse et gâcherait le plaisir de ceux qui veulent deviner ce qui s’est passé.

Je peux cependant vous raconter cette partie de l’histoire très compliquée.

En moins d’une heure, j’aurais réveillé un juge local et l’aurais convaincu d’émettre une ordonnance judiciaire défiant les souhaits de ses parents, puisque la vie de la petite fille en dépendait.

Vous avez maintenant toutes les informations nécessaires pour comprendre ce qui s’est passé.

Réponse demain.


Deuxième partie

Source.

Dr Reid G Sheftall

11 mars 2022

Ce n’est que lorsque j’ai rassemblé tous les détails de l’accident ainsi que l’image mentale de la petite fille faisant une embardée en avant que j’ai réalisé que j’avais une urgence chirurgicale sur les bras.

La petite fille se vidait de son sang sous mes yeux.

J’ai ouvert l’intraveineuse à fond, j’ai dit à l’infirmière d’appeler le laboratoire, « Dites-leur de faire le prélèvement et d’appeler les résultats au bloc opératoire… et dites-leur de faire un groupage et un croisement pour 5 unités de concentré de globules rouges ». J’ai déverrouillé le chariot et l’ai poussé hors de la salle d’urgence vers les ascenseurs.

« Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qui ne va pas? » « Votre fille fait une hémorragie interne. Elle a perdu beaucoup de sang. Nous devons l’emmener à l’étage et arrêter ça. Appelez votre mari ou la personne qui doit venir et dites-lui de venir maintenant. »

J’ai repris sa tension dans l’ascenseur. Elle était de 79/40. Son pouls était de 115. Quand on est arrivés aux portes de la salle d’opération, les infirmières étaient là à l’attendre et l’ont emmenée.

Cet accident n’était pas un « accrochage ». La mère de la fille a dit qu’elle roulait à 55 km/h et que le type qui l’a percutée « conduisait comme s’il essayait de fuir quelqu’un », ce qui signifie qu’il tournait à 55 km/h au moins sur la route secondaire. Il les a percutés de face à un angle de 45 à 67 degrés, très probablement, de sorte que le vecteur de vitesse direct dans leur voiture était au minimum de 40 km/h (55/racine carrée de 2) et au maximum de 55 x (racine carrée de 3 sur 2 = 48 km/h). Leur voiture s’est donc arrêtée net. Mes connaissances en physique m’ont aidé à comprendre le pouvoir de l’inertie sur l’anatomie délicate d’un petit enfant. S’arrêter brusquement à 55 km/h avec l’aide d’une simple ceinture de sécurité a mis en évidence la seule pathophysiologie qui pouvait tout expliquer.

La marque étrange sur sa poitrine était due à la ceinture de sécurité. Lorsque les voitures se sont percutées, son thorax a été stoppé mais le contenu de son abdomen a continué à avancer sur quelques centimètres avant de s’arrêter. Je ne savais pas de quoi il s’agissait au début, ni même s’il s’agissait d’une artère ou d’une veine, mais un vaisseau de l’abdomen avait été avulsé ou déchiré à l’intérieur de l’abdomen par l’étirement qui s’est produit entre le contenu abdominal mobile (comme les intestins) et le contenu abdominal fixé au thorax et attaché au péritoine (comme l’aorte).

Et c’est exactement ce que nous avons trouvé lors de l’opération. Quand on a ouvert l’abdomen, tout était rempli de sang. Il se déversait sur les côtés de notre incision. Quelques secondes après avoir retiré le sang et aspiré la cavité péritonéale, nous avons trouvé la source. L’artère mésentérique supérieure (qui alimente les intestins grêles et une partie du côlon) avait été arrachée de son point d’origine sur l’aorte lorsque les intestins se sont déplacés plus loin que l’aorte relativement fixe, lors de l’action d’arrêt. L’AMS est une petite artère et le chirurgien de garde, qui était déjà dans la salle, a dû poser ses boucles et la recoudre de manière circonférentielle, ce qui n’est pas une mince affaire.

Pendant ce temps, cette petite fille avait besoin de sang. Son taux d’hémoglobine était revenu à 5,7 mg/dl, soit environ la moitié de ce qu’il devrait être, au moment où les infirmières l’emmenaient dans la salle d’opération. Cette petite fille avait perdu la moitié de son volume sanguin dans son abdomen dans les deux heures environ qui avaient suivi l’accident. Elle avait besoin d’une transfusion. Il y avait un sérieux problème. Sa famille était des Témoins de Jéhovah.

Les adeptes de cette religion ne croient non seulement pas à l’utilisation du sang d’une autre personne pour maintenir la vie, mais n’autorisent pas non plus les transfusions avec leur propre sang. Je le savais avant cette nuit-là car j’avais une amie à Jacksonville, en Floride, où j’ai grandi, dont la famille était des Témoins de Jéhovah stricts.

Sa mère a refusé que je commande du sang pour la petite fille. « Elle va mourir dans l’heure qui vient – peut-être même avant – si vous ne me laissez pas commencer la transfusion immédiatement – je veux dire, pas dans 30 minutes quand vous aurez enfin changé d’avis. Je veux dire maintenant. »

Elle a appelé son mari, mais n’a pas eu de réponse. Il était en route (c’était à l’époque avant les téléphones portables). « Nous ne croyons pas… » « Je comprends tout ça. Mais vous devez y consentir ou elle va mourir. » « Non, je ne peux pas signer ça. Ça va à l’encontre de notre religion ». « Je suis sous pression ici, alors je vais le dire une fois de plus. Nous allons trouver le problème et arrêter l’hémorragie. Je comprends combien vos croyances religieuses sont importantes. Son hémoglobine était de 5,7 quand on a fait la prise de sang en bas. C’était il y a environ 20 minutes. Elle est probablement à 4 virgule quelque chose maintenant. Elle est censée être à 11. Dans peu de temps, elle aura perdu les 2/3 de tout le sang qu’elle avait dans son corps et c’est en gros le maximum qu’une personne puisse perdre en peu de temps et survivre. Si vous n’êtes pas d’accord et ne signez pas ce consentement, je vais demander à un juge de confier la garde parentale à moi-même ou au médecin traitant qui est en train d’arriver. » Elle a penché la tête vers le sol pour cacher ses larmes et a hoché la tête en disant « non ».

Je suis allé au poste des infirmières et leur ai demandé d’appeler un juge compatissant pour qu’on puisse transfuser la fille. « Le laboratoire prépare le sang. Qu’ils l’amènent et on l’accrochera dans la salle d’opération quand on aura des nouvelles du juge. » Puis je suis allé me changer pour mettre une blouse.

Quand je suis entré dans la salle d’opération après m’être lavé les mains, un anesthésiste était en train de l’intuber et l’infirmière de bloc était prête avec les instruments. Après m’avoir enfilé ma blouse stérile et aidé à mettre mes gants, le circulateur a terminé le « gommage » à la bétadine et m’a ensuite remis la « peinture » que j’ai appliquée sur la patiente. L’infirmière de bloc et moi avons drapé la patiente. À ce moment-là, le chirurgien titulaire a pointé sa tête dans la pièce et a dit: « J’arrive tout de suite. »

En attendant que le titulaire entre, j’ai remarqué pour la première fois que le ventre de la jeune fille était un peu gonflé et je me suis demandé comment cela avait pu m’échapper auparavant. Je pense que c’était dû à la tendance des ventres à s’aplatir lorsque les patients sont allongés sur le dos. Pour ce que ça vaut, sa mère ne l’avait pas remarqué non plus.

Je savais juste que ce truc était plein de sang et que sa pression allait chuter à la seconde où on ouvrirait la cavité abdominale. J’ai regardé par-dessus les rideaux l’anesthésiste, un jeune Chinois d’une trentaine d’années que je connaissais bien. « Chris, sa pression va chuter quand on ouvrira l’abdomen. » « Je m’en occupe. » « Merci. »

Le titulaire est entré et l’infirmière lui a tendu le scalpel. Il me l’a tendu et a dit : « De là à là » en plaçant les index juste en dessous de l’apophyse xiphoïde et juste au-dessus de la symphose pubienne. « Facile. Elle est aussi maigre qu’Ally McBeal », en m’avertissant d’y aller léger et de ne pas descendre trop profondément pour ne pas couper la linea alba en même temps ou jusqu’à la cavité péritonéale où je risquerais de couper les intestins. Elle avait un huitième de pouce de graisse sous-Q comme tampon et j’ai réussi à diviser la peau sans blesser quoi que ce soit en dessous. Et c’était là, la belle ligne blanche du fascia entre les ventres bilatéralement symétriques du muscle grand droit de l’abdomen.

« Vas-y doucement. »

J’ai fait ce qu’on m’a dit. Une petite incision. Puis une autre. Puis une autre. Puis ça a giclé, jailli. J’ai instinctivement mis mon doigt sur le trou. Il m’a pris le scalpel et en un éclair, il a élargi l’ouverture et nous y étions. Le sang coulait sur les côtés de l’incision lorsqu’il a mis l’écarteur et l’a ouvert avec une manivelle. L’infirmière m’a tendu le cell-saver (un dispositif d’aspiration utilisé pour préserver le sang du patient qui peut être utilisé pour l’auto-transfusion). Je l’ai déposé dans le coin de la cavité abdominale et je l’ai laissé aspirer pendant que nous récupérions des poignées de gelée à moitié coagulée entre les boucles de l’intestin et les cavités de chaque côté. Nous en avons récupéré autant que possible dans des bols stériles qui seraient vidés plus tard par le cell-saver.

Une fois la plus grande partie du vieux sang évacuée, il était facile de voir du sang rouge vif provenant de l’emplacement de l’aorte. On a emballé les intestins avec des éponges. Il a remplacé son index qui bloquait le trou de l’aorte par le mien et a entrepris de trouver l’AMS dans le mésentère de l’intestin grêle.

À ce moment-là, l’infirmière de l’accueil a passé la tête dans la pièce et a dit que le juge était en ligne.

« Passez-le-moi ».

Je peux vous dire que c’était vraiment quelque chose d’entendre un juge nous dire par haut-parleur, « C’est bien le Dr Sheftall? » « Oui, M. le Juge, c’est moi. » « Je vous accorde le quelque chose quelque chose (je ne me souviens plus du nom technique). Vous êtes libre de fournir tout traitement nécessaire, y compris la transfusion sanguine, que vous jugez nécessaire. Cela ne vous exonère pas de toute responsabilité en cas de négligence, si elle devait se produire. »  » Je comprends, M. le Juge. Merci et excusez-moi de vous déranger à cette heure-ci. » « Clic. »

Et le tour était joué. On a immédiatement accroché des poches de sang, en commençant par son propre sang provenant du cell-saver, soit près de deux unités, puis de la banque de sang. Son premier prélèvement en salle de réveil était supérieur à 7,7 mg/dl. Elle était déjà hors de danger.

Lorsque je suis sorti de l’unité de soins intensifs plus tard ce matin-là après l’avoir installée, les parents m’attendaient.

« Je suis désolé, Monsieur, d’avoir violé les principes religieux que vous avez choisis pour votre famille, mais je n’avais pas le choix. » Il m’a serré vigoureusement la main avec ses deux mains et d’une voix tremblante, il a dit « Merci ».

Je pense que ça s’est bien passé pour toutes les personnes impliquées, car ça leur a enlevé la décision des mains. Nous étions tous les trois dans une position intenable. Ils étaient fortement religieux et ne pouvaient se résoudre à violer leur foi de Témoins de Jéhovah, mais ils ne voulaient pas non plus perdre leur fille, évidemment. Quant à moi, il n’était pas question de laisser la petite fille se vider de son sang, avec ou sans consentement. Je suis très reconnaissant au juge parce qu’il m’a tiré d’affaire. J’aurais très certainement été appelé sur le tapis et probablement expulsé de l’internat en chirurgie pour avoir pratiqué une procédure sur une mineure, même aussi relativement bénigne qu’une transfusion sanguine, alors que les parents m’avaient interdit de le faire.

Explication de la raison pour laquelle tous les signes et symptômes étaient logiques:

La soif extrême, l’incapacité à faire pipi, la chute de la tension artérielle et l’augmentation du pouls étaient tous dus à la perte de volume sanguin. Les reins conservent l’eau pour maintenir la pression artérielle lorsque le volume sanguin est faible. C’est pourquoi l’urine devient plus jaune (moins claire) lorsque nous sommes déshydratés.

L’absence de douleur à l’abdomen s’explique par le fait que la seule blessure était l’artère avulsée, ce qui ne causerait qu’une douleur négligeable. Si plus de temps s’était écoulé jusqu’au moment où ses intestins auraient commencé à devenir ischémiques puis gangrenés, la douleur aurait été atroce.

L’ecchymose sur sa poitrine due à une ceinture de sécurité large et plate était indolore, car c’est la pression par rapport à la force qui provoque la douleur. C’est pourquoi il est plus douloureux de frapper quelqu’un avec un tournevis que de le frapper avec son poing avec la même force. P=F/S. Plus la surface de la force est petite, plus la pression est grande.

Les bruits intestinaux sourds étaient dus au sang entourant les intestins.

Comme la vie de cette petite fille aurait pu facilement être emportée. Elle allait être renvoyée chez elle sans aucune plainte de douleur corporelle. Elle aurait bu beaucoup d’eau, d’abord dans le hall des urgences, puis dans la voiture et à la maison. Cela aurait fait monter sa tension artérielle suffisamment pour l’empêcher de s’évanouir. Elle serait probablement morte chez elle après avoir été mise au lit.

Il n’y avait vraiment aucune raison de demander des analyses, si ce n’est que j’ai commencé à avoir le sentiment que quelque chose n’allait pas, probablement lorsque j’ai vu la grosse ecchymose indolore sur sa poitrine et qu’elle et sa mère ne savaient pas d’où elle venait. Je sais qu’on leur avait déjà dit qu’elles allaient rentrer chez elles et qu’elles étaient impatientes de partir car il se faisait très tard. D’une certaine manière, j’essayais de gagner du temps en demandant les analyses. Mais quand elle n’a pas pu me donner un échantillon d’urine, j’ai su qu’il se passait quelque chose de très grave. Sauf dans des cas comme celui-ci, on peut toujours produire de l’urine.

Nous avons tous déjà été victimes d’accidents mineurs (bien que celui-ci n’était pas mineur comme je l’ai montré) et nous nous sommes sentis secoués mais parfaitement normaux par la suite. Imaginez être impliqué dans un accident et vous sentir parfaitement normal, rentrer chez vous, et mourir trois heures plus tard. C’est ce qui a failli arriver.

Elle a aujourd’hui 35 ans.

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