Je vous l’annonce depuis plus d’un an (voir un exemple ici). Je n’avais juste pas prévu que la seule attaque biologique – enfin, surtout les « mesures » qui l’ont entourée – ne suffiraient pas à suffisamment compromettre le secteur agro-alimentaire et les réseaux de distribution. Il fallait rejouer la bonne vieille carte de la guerre chaude – et des « mesures » qui l’entourent – pour nous mettre dans la merde noire qui se profile.
Vous aurez compris, chers lecteurs, qu’il devient urgent de faire du stock alimentaire – et d’espérer qu’ils ne sera pas confisqué pour le « bien commun », voir article en lien ci-dessus. Je recommande également de prévoir de quoi « tenir » au niveau énergie, surtout au niveau domestique. J’ai déjà pris pas mal de précautions mais, pour l’anecdote, ça fait plusieurs mois que j’attends un simple devis pour l’installation de panneaux solaires et de batteries. Je me demandais, à moitié sérieusement, s’il ne fallait tout simplement pas un piston politique pour qu’on s’occupe un peu de nous. Quand on ajoute à ça les listes d’attente de plusieurs mois pour l’achat d’un véhicule neuf (il y a pénurie de microprocesseurs, voyez-vous), le tableau évoque de plus en plus la vie dans les Républiques Soviétiques. Il ne manque plus que les files d’attente devant les magasins. Vous aurez compris qu’elles arrivent…
Vous noterez à ce propos une petite ironie (en apparence) de l’Histoire: les textes qui figurent dans le premier lien ci-dessus parlent de la famine de 1932-1933… en Ukraine.
Je me fais depuis pas mal de temps exactement la même réflexion que Riley, et sans doute que vous: ces connards ne nous foutront jamais la paix.
Traduction
Bientôt une crise alimentaire mondiale?
Il se trouve que la Russie et l’Ukraine revêtent une certaine importance si on aime manger.
Edward Slavsquat
5 mars

Par Riley Waggaman, écrivain basé à Moscou et ancien » éditeur principal » de RT.
Avec la botte de la biosécurité qui leur écrase le cou, les sacs à viande [NdT. nous] du monde entier ont été divisés en deux camps qui affirment vouloir la même chose: la libération des opprimés… en Ukraine.
Mais là n’est pas la question.
Parlons de nourriture, ou plus précisément: de son manque à venir.
Alors que la plèbe s’échange des platitudes sans signification sur les médias sociaux, une crise alimentaire mondiale nous guette. Ne pourrions-nous pas tous nous entendre, et manger? Ca pourrait être un bon compromis en ces temps de polarisation croissante.
Il s’avère que la Russie et l’Ukraine ont une certaine importance dans le Département de la Prévention de la Famine. A moins d’un revirement rapide sur la scène mondiale, les prix des aliments vont augmenter. Beaucoup. Et c’est presque le meilleur scénario possible.
Commençons par quelques chiffres:
Environ un tiers des exportations mondiales d’orge proviennent de la Russie et de l’Ukraine cumulées, 29% du blé, 19% du maïs, ainsi que 80% de l’huile de tournesol. Une grande partie de ces produits est généralement expédiée par les ports de Odessa ou de Kherson, sur la mer Noire.
Imaginez maintenant qu’une guerre – pardon, une « non-guerre » – et une liste interminable de sanctions compliquent l’exportation de ces produits agricoles. Y compris les engrais et les nutriments pour les cultures – que la Russie envoie aux agriculteurs du monde entier.
En prime, imaginez qu’il devienne plus coûteux de transporter toutes ces marchandises russes et ukrainiennes – et celles de tous les autres – en raison de la flambée des prix du carburant.
Pas besoin d’imaginer quoi que ce soit, bien sûr. Bienvenue en 2022. Comme l’a noté le 4 mars le Ministère Russe de l’Industrie et du Commerce:
En raison de la croissance rapide des prix mondiaux du gaz, les usines ont réduit la production d’engrais, ce qui n’a fait qu’augmenter la demande de produits russes sur le marché mondial…
Actuellement, on assiste à une situation où, en raison du sabotage des livraisons par un certain nombre de sociétés de logistique étrangères, les agriculteurs d’Europe et d’autres pays ne peuvent pas recevoir les volumes d’engrais prévus dans les contrats. Cela crée des risques évidents de mauvaises récoltes et, par conséquent, de pénuries alimentaires pour les pays d’Europe occidentale et orientale, d’Amérique latine, d’Asie du Sud et du Sud-Est.
Passons brièvement en revue certains des dégâts.
Des bastions de stabilité comme l’Égypte, le Liban et la Libye dépendent des importations de blé russe et ukrainien. Les stocks de blé empêcheront probablement une pénurie catastrophique à court terme, mais une augmentation même modeste du prix du pain pourrait suffire à déclencher un Mad Max Moyen-Oriental.
Mais ne vous sentez pas mis à l’écart si vous vivez en Europe.
« Tout est en train de montrer une croissance verticale. L’ensemble de la chaîne de production alimentaire subit des pressions de toutes parts », a déclaré au Sydney Morning Herald Abdolreza Abbassian, ancien responsable des agro-marchés à l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. « Je n’ai jamais rien vu de tel en 30 ans et je crains que les prix ne soient beaucoup plus élevés pour la saison 2022-2023. La situation est tout simplement catastrophique et, à un moment donné, les gens vont se rendre compte de ce qui peut se produire. Nous allons tous devoir nous serrer la ceinture, et l’ambiance pourrait devenir très désagréable même dans les pays de l’OCDE comme la Grande-Bretagne », a-t-il déclaré.
La Russie est-elle autosuffisante?
Le passe-temps favori de Washington est de bombarder par drone des pays lointains sans aucune raison ; sa deuxième activité favorite est de sanctionner la Russie. Également sans aucune raison.
Il n’est donc pas vraiment surprenant que les États-Unis menacent Moscou de nouvelles restrictions économiques, prétendument pour dissuader les Russes de faire n’importe quoi en Ukraine. Ok, peu importe.
[Lien vers l’article complet (en anglais)]
Et n’oublions pas Hamburgerland.
En début de semaine, un producteur de maïs et de soja a déclaré à Tucker Carlson que « la flambée des prix des engrais risque de faire grimper les prix des aliments » et a prédit que les factures des courses alimentaires atteindront 1000 dollars par mois. Il a également mis en garde contre le « syndrome du rayon vide ».
Bloomberg décrit littéralement la situation à laquelle nous sommes confrontés comme une sorte de dilemme (ou d’opportunité?) malthusien:
Il est difficile de surestimer l’importance des engrais. L’arrivée des engrais synthétiques à base d’ammoniac, il y a environ un siècle, est largement reconnue comme ayant aidé la production alimentaire à suivre le rythme de la croissance démographique mondiale, libérant ainsi l’humanité de sa contrainte malthusienne. Au cours de cette période, la population de la planète est passée de 1,7 milliard à 7,7 milliards, en grande partie grâce à l’énorme croissance des rendements agricoles. Certains experts ont estimé que la population mondiale pourrait être la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui sans les engrais azotés.
Hmmmm.
Il y a aussi des problèmes à venir pour les Russes (et votre humble correspondant à Moscou).
La substitution des importations était censée protéger la Russie des manigances économiques. Cette politique a donné un énorme coup de pouce à l’agriculture russe, mais il y a un problème.
Outre les céréales, la Russie importe la quasi-totalité de ses semences. Oui, même les semences de pommes de terre.

Selon les agriculteurs, toutes les semences sont achetées à l’étranger – en devises étrangères.
Comme l’explique un agriculteur russe:
» Aujourd’hui, nous achetons des semences à l’étranger, car pendant l’ère Eltsine, tous les stocks de semences ont été détruits, et les stations de semences ont été fermées, explique Arkady Dudov, agriculteur. « Il faut des décennies pour faire revivre tout cela… Par conséquent, toutes nos semences sont maintenant néerlandaises et américaines. Ils nous vendent des hybrides que nous cultivons.
Le 1er février, un législateur russe de haut rang a qualifié la dépendance de son pays à l’égard des semences importées de quasi-catastrophique:

Cela s’ajoute à une inflation galopante (qui n’est pas propre à la Russie, bien sûr). Avant même que la non-guerre ne commence, les prix des produits de base comme le sarrasin explosaient.

Entre-temps, l’agriculture russe dépend presque entièrement des équipements importés, ce qui crée des problèmes supplémentaires pour les agriculteurs:
L’interdiction des transactions avec les non-résidents de la Fédération de Russie, ainsi que les sanctions américaines et européennes concernant l’arrêt des livraisons d’équipements sur le marché russe, vont créer des problèmes importants pour les producteurs agricoles nationaux. Les acteurs du marché signalent un degré extrêmement élevé de dépendance à l’égard des équipements, des consommables et des composants importés, qui ne peuvent pas actuellement être remplacés par des analogues russes. Les experts notent que si la Russie est en mesure de satisfaire ses propres besoins en produits de base, toutefois, compte tenu de la structure actuelle de la production, des problèmes pourraient survenir à moyen terme.
C’est un peu la pagaille.
Comme l’a fait remarquer l’autre jour le principal rabat-joie de Russie:
On comprend déjà la tournure des événements – le terrain est aménagé pour la perturbation de la campagne de semis de cette année. Voici les actions militaires en Ukraine, voici les restrictions imposées à la hâte sur l’approvisionnement en engrais, voici les interdictions hystériques sur les exportations alimentaires. Elles ne font que commencer, mais selon la logique des choses, elles se transformeront en un véritable éboulement dans un mois à peine.
La crise (et après elle la catastrophe à retardement) peut toucher plusieurs régions à la fois, dont les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont les plus importantes et les plus vastes. Les déséquilibres entraîneront une flambée des prix, la panique et la spéculation sur le marché alimentaire. Le prix du blé augmente déjà à un rythme rapide. Tout cela se traduira par une forte hausse des prix des produits alimentaires de base socialement importants, et un paradoxe bien connu apparaîtra : malgré l’excès de denrées alimentaires, leur consommation sera fortement réduite. Selon diverses estimations, la catastrophe concernera des macro-régions comptant au total 2 milliards d’habitants.
C’est pourquoi l' »opération spéciale » est un épisode mineur de peu d’importance dans le contexte des cataclysmes imminents. Pour ceux qui meurent aujourd’hui sur le territoire de l’Ukraine, cela constitue bien sûr une maigre consolation, mais la position de l’Occident semble extrêmement pragmatique. Et, bien sûr, cynique. Le processus est lancé, ces neuf jours ont lancé la transition d’une phase « épidémie » à une autre phase – la » faim « .
Le fait que l’Ukraine et la Russie aient été utilisées comme un outil ne parle pas tant de l’esprit de l’Occident, mais de la stupidité impénétrable des participants directs à la compétition actuelle.
Voilà qui résume bien la situation.
Texte original
Up next: Global food crisis?
Turns out Russia and Ukraine are sort of important if you like eating food
Edward Slavsquat
March 5

By Riley Waggaman, a Moscow-based writer and former “senior editor” at RT
With the biosecurity jackboot pressed against their necks, the meatshields of the world have been divided into two camps claiming to want the same thing: the liberation of the oppressed… in Ukraine.
But that’s neither here nor there.
Let’s talk about food, or more specifically: the soon-to-be lack of it.
As the plebes sling meaningless platitudes at each other on social media, a global food crisis is sneaking up on us. Can’t we all get along, and eat? This seems like a good compromise during these increasingly polarizing times.
Turns out Russia and Ukraine are sort of important in the Famine-Prevention Department. Unless there is a rapid U-turn on the world stage, food prices are going to go up. Way up. And that’s almost the best case scenario.
Let’s start with some numbers:
Roughly a third of world exports of barley come from Russia and Ukraine combined, 29 per cent of wheat, 19 per cent of maize, as well as 80 per cent of sunflower oil. Much of this is usually shipped through the Black Sea ports of Odesa, or Kherson.
Now imagine if a war—sorry, “not-war”—and an endless list of sanctions complicated the export of these agricultural products. Including fertilizers and crop nutrients—which Russia sends to farmers all over the world.
As an added bonus, imagine if it becomes more expensive to transport all this Russian and Ukrainian stuff—and everyone else’s stuff—because of soaring fuel prices.
No need to imagine anything, of course. Welcome to 2022. As the Russian Ministry of Industry and Trade noted on March 4:
Due to the rapid growth of world gas prices, plants have reduced the production of fertilizers, which only increased the demand for Russian products on the global market…
Currently, a situation is emerging where, due to sabotage of deliveries by a number of foreign logistics companies, farmers in Europe and other countries cannot receive the contracted volumes of fertilizers. This creates obvious risks of crop failure and, as a result, food shortages for the countries of Western and Eastern Europe, Latin America, South and Southeast Asia.
Let’s briefly survey some of the damage.
Bastions of stability such as Egypt, Lebanon and Libya rely on Russian and Ukrainian wheat imports. Wheat stockpiles will likely prevent a catastrophic shortage in the short-term, but even a modest increase in the price of bread could be enough to trigger Mad Max Middle East.
But don’t feel left out if you live in Europe.
“Everything is going up vertically. The whole production chain for food is under pressure from every side,” Abdolreza Abbassian, the ex-head of agro-markets at the UN’s Food and Agriculture Organisation, told the Sydney Morning Herald. “I have never seen anything like it in 30 years and I fear that prices are going to go much higher in the 2022-2023 season. The situation is just awful and at some point people are going to realise what may be coming. We’re all going to have to tighten our belts, and the mood could get very nasty even in OECD countries like Britain,” he said.
Is Russia self-sufficient?
Washington’s favorite hobby is drone-bombing faraway lands for no reason whatsoever; its second-favorite activity is sanctioning Russia. Also for no reason at all.
So it’s not exactly surprising that the United States is threatening Moscow with new economic restrictions, allegedly to dissuade the Russians from any monkey business in Ukraine. Okay, whatever.
[Link to full article]
And let’s not forget Hamburgerland.
Earlier this week, a corn and soybean farmer told Tucker Carlson that “soaring fertilizer prices are likely to spike food prices” and predicted grocery bills will reach $1000 a month. He also warned of “empty shelf syndrome.”
Bloomberg literally describes the situation we’re facing as some sort of Malthusian dilemma (or opportunity?):
It’s hard to overstate the importance of fertilizer. The advent of synthetic ammonia fertilizers about a century ago is widely credited for helping food production keep pace with global population growth, freeing humankind from its Malthusian constraint. In that time, the planet’s population has gone from 1.7 billion to 7.7 billion, largely thanks to enormous growth in crop yields. Some experts have estimated that the global population might be half of what it is today without nitrogen fertilizer.
Ummmm.
There’s also trouble up ahead for the Russians (and your humble Moscow correspondent).
Import substitution was supposed to shield Russia from economic shenanigans. The policy has given a huge boost to Russian agriculture—but there’s a problem.
Apart from grains, Russia imports nearly all of its seeds. Yes, even potato seeds.

As one Russian farmer explained:
Today we buy seeds abroad, because during the Yeltsin era all seed funds were destroyed, and seed stations were closed,” said farmer Arkady Dudov. “It takes decades to revive all this… As a result, all our seeds are now Dutch and American. They sell us hybrids that we grow.
On February 1—ah, simpler times!—a senior Russian lawmaker described his country’s reliance on imported seeds as close to catastrophic:

This is on top of soaring inflation (not unique to Russia of course). Even before the non-war began, the prices of basic staples like buckwheat were exploding.

Meanwhile, Russian agriculture is almost entirely dependent on imported equipment, creating further problems for farmers:
The ban on transactions with non-residents of the Russian Federation, as well as US and European sanctions regarding the termination of supplies of equipment to the Russian market, will create significant problems for domestic agricultural producers. Market participants declare an extremely high degree of dependence on imported equipment, consumables and components, which cannot be replaced by Russian analogues now. Experts note that while Russia is able to meet its own needs for basic products, however, given the current structure of production, problems may arise in the medium term.
It’s a bit of a mess.
As Russia’s top party-pooper noted the other day:
It is already clear how events are unfolding—the ground is being prepared for the disruption of this year’s sowing campaign. Here are military actions in Ukraine, here are hastily imposed restrictions on the supply of fertilizers, here are convulsive bans on food exports. They are just beginning, but according to the logic of things, they will become a landslide in just a month.
The crisis (and after it the delayed catastrophe) can affect several regions at once, with the Middle East and North Africa becoming the most significant and large-scale. Imbalances will lead to price spikes, panic and speculation in the food market. The price of wheat is already rising at a rapid pace. All this will result in a sharp rise in prices for basic socially important food products, and a well-known paradox will arise—with an excess of food, its consumption will be sharply reduced. According to various estimates, the catastrophe will cover macro-regions with a total population of 2 billion people.
That is why the “special operation” is a minor episode of little importance against the background of impending cataclysms. For those who are dying today on the territory of Ukraine, this, of course, is little consolation, but the position of the West looks extremely pragmatic. And, of course, cynical. The process has been launched, these nine days have launched the transition from one phase “epidemic” to another— “hunger”.
The fact that Ukraine and Russia have been used as a tool speaks not so much about the mind of the West, but about the impenetrable stupidity of the direct participants in the current competition.
Pretty much sums it up.