Migration de remplacement – un rapport de l’ONU.

Voici un extrait d’un rapport émanant de l’ONU, Département des Affaires Économiques et Sociales, Division de la Population, publié en mars 2000. Il n’est donc pas nouveau mais il est particulièrement relevant ajourd’hui et à ma connaissance, il n’avait pas encore été traduit.

Ce document comprend des résumés exécutifs en plusieurs langues, dont le français, mais vu que ceux-ci sont très succints, j’ai traduit de l’anglais la conclusion complète (pp. 93-95), ainsi que les chapitres concernant la France (pp. 31-32) et l’Union Européenne (pp. 85-87). Ces passages contiennent un bref rappel historique de la démographie de ces deux zones, ce qui permettra de mieux cerner leur situation actuelle – catastrophique selon leurs critères – et aidera le lecteur à comprendre la raison de l’émergence de prédateurs politiques à la Macron/von der Leyen. Les chiffres et prévisions sont également donnés, avec graphiques et tableaux (que vous pouvez consulter dans le document original), pour l’Allemagne, l’Italie, le Royaume Uni, la Corée du Sud, la Fédération de Russie, le Japon et les États-Unis – par le plus grand des hasards, quelques-uns des pays les plus durement touchés par le Covid et ses contre-mesures destructrices en termes de vies humaines et d’économie. À titre d’exemple, rappelons que, selon les chiffres des États-Unis, alors que les personnes vivant en maison de retraite représentent 0,62% de la population, c’est là qu’ont eu lieu 43% des décès Covid, suite à des initiatives telles que celles du gouverneur d’alors de l’État de New York, Andrew Cuomo, qui a renvoyé les patients Covid contaminer les mouroirs à vieux pour ne pas « surcharger les hôpitaux » vides. Comme le soulignait le Pr Raoult, des gens qui ont dépassé l’âge officiel de l’espérance de vie – alors de quoi osons-nous nous plaindre?

Les vieux coûtent cher, selon Ezekiel Emmanuel, qui prévoit de les laisser crever à 75 ans, âge de la retraite préconisé, par un autre curieux hasard, dans le présent article – voir aussi mon article ici. La solution est donc celle qu’on nous fourgue maintenant: migration de masse, augmentation radicale de l’âge de la retraite et/ou sénécide à l’ancienne – de préférence, tout en même temps – selon une politique internationale de quotas qui garantira un retour sur investissement pour la grande finance. Tout comme le Grand Reset, il s’agit donc un programme d’ajustement structurel motivé par des raisons économiques – qui résoudra tout d’un coup en nous replongeant dans une version actualisée de la pauvreté du XIXème siècle sous prétexte de « climat », gouvernance ESG et autres fariboles de marketing politique.

Le problème de l’analyse de l’ONU est qu’elle est d’une mauvaise foi totale. Elle ne tient compte que du coût sociétal des personnes retraitées (pensions, soins médicaux, etc.) sans la moindre considération pour leur rôle – parfaitement chiffrable – en tant que soutien des familles et générations montantes. Il existe mille solutions pour valoriser et rentabiliser ce rôle, mais elles se mettent en place beaucoup trop lentement et laborieusement: quelques initiatives, notamment en Belgique, où on offre des primes aux personnes en âge de retraite pour rester actives et où on a créé pour les anciens un statut officiel et rémunéré de formateur au sein de l’entreprise, en accord avec leur rôle indispensable – et au final, rentable – de transmission du savoir. J’ai travaillé dans ma carrière précédente sur des projets internationaux de ce type, financés, comble de l’ironie, par la Commission Européenne: ça fonctionne très bien ailleurs, ça fonctionnerait aussi bien ici.

Le vieillissement de la population est donc un faux problème: les vieux ne sont pas une charge, c’est le modèle économique binaire travail/non-travail – c’est-à-dire de l’esclavage – qui est volontairement aveugle à leur contribution, ou à toute autre forme de contribution. Ils ne sont pas, ou ne devraient plus être, un poids mort pour la société mais une de ses ressources majeures, bien plus précieuse qu’une main d’oeuvre étrangère prétendument indispensable et surtout très pratique pour défaire des acquis sociaux encombrants pour la grande finance.

C’est ce genre de calcul qui pousse cette même grande finance à retirer ses billes du Premier Monde pour investir massivement – sous prétexte « climatique » – en Afrique, qui deviendra dans la redistribution des cartes en cours un partenaire économique majeur, à la balance démographique positive et aux ressources naturelles énormes – c’est-à-dire qui produira à la chaîne des petits esclaves et se laissera piller pour trois francs six sous par les nouveaux colonialistes de la transition « verte ». La « bombe démographique » chère aux malthusiens à la Paul Ehrlich n’est donc pas la surnatalité, mais son inverse exact: les pays en état de sous-natalité périront, faute d’être garantis par La Banque. Cette dernière, après s’être emparée des fonds de pension, sur lesquels elle appuie ses produits financiers dérivés, a effectivement tout intérêt à ne pas les laisser compromettre par un trop grand nombre de retraités – et pas assez de petites mains pour compenser.

C’est donc avant tout une affaire bancaire et financière: il faut plaire aux investisseurs. Que les complotistes se rassurent donc, le plan Kalergi de remplacement de population – par des réfugiés à qui l’Allemagne prétend déjà accorder le droit de vote après six mois de résidence – n’est pas plus que le Grand Reset la réalisation d’une ancienne prophétie mais la manoeuvre d’une mafia internationale qui a décidé la liquidation des nations dans le chemin de leur intérêt, et emploie des bureaucrates à louer, comme ceux de l’ONU, devenue à présent un simple think tank mondialiste, pour établir le cadre de leur rapine: ou vous bossez pour eux jusqu’à la mort, ou vous êtes envahis. Pas d’autre option.

Les perspectives chiffrées que ce document donne et normalise sont absolument terrifiantes. Prêtez une attention particulière aux « Scénarios V ». Ce sont ceux qui ont l’air de se mettre en place en ce moment en Europe et aux États-Unis.

Si la génération montante reste incapable de fonder des familles nombreuses, de travailler et de se former – ce que le gouvernement Macron fait tout pour empêcher – la France crèvera comme une petite vieille abandonnée, dont des rapaces se partageront l’héritage et des voyous la vieille demeure, témoignage de sa grandeur passée. Je ne donne pas cher de sa vieille peau. La finance non plus, d’ailleurs.

La France, elle va devenir comme la Marie du Pont-Neuf. Vous savez bien. La pute septuagénaire. Celle qui tapinait sous les ponts. Elle disait à ses clients «C’est mille balles par-devant et deux mille par-derrière.» Les clients faisaient leur affaire et quand c’était terminé et qu’ils lui disaient: «Combien je te dois?», elle répondait «Où que t’étais?»

Ça va être ça, la France. Pauvre vieille!

Jean Yanne

Source.


LES MIGRATIONS DE REMPLACEMENT: S’AGIT-IL D’UNE SOLUTION AU DÉCLIN ET AU VIEILLISSEMENT DES POPULATIONS?

Division de la Population
Département des Affaires Économiques et Sociales
Nations Unies
New York

[…]

FRANCE

Tendances passées

Entre 1950 et 1965, l’indice synthétique de fécondité en France est resté supérieur à 2,7 enfants par femme, mais il a ensuite chuté de 40%, passant de 2,85 en 1960-1965 à 1,72 en 1990-1995. Au cours de cette période, l’espérance de vie à la naissance, pour les deux sexes confondus, est passée de 66,5 ans en 1950-1955 à 77,1 ans en 1990-1995. L’une des conséquences de ces changements est que la proportion de la population âgée de 65 ans ou plus est passée de 11,4% en 1950 à 15,0% en 1995, alors que la proportion de la population âgée de 15 à 64 ans est restée pratiquement constante, à près de 66%. La France était le pays dont la population était la plus âgée au début du siècle. En 1901, le ratio de soutien potentiel était de 7,8 personnes âgées de 15 à 64 ans pour chaque personne âgée de 65 ans ou plus. Il est tombé à 5,8 en 1950 et à 4,4 en 1995.

Scénario I

Le scénario I, variante moyenne des projections des Nations Unies de 1998, suppose un total de 525 000 immigrants nets de 1995 à 2020 et aucun après 2020. Il prévoit que la population totale de la France passerait de 58,0 millions en 1995 à 61,7 millions en 2025, pour redescendre à 59,9 millions en 2050 (les résultats des projections des Nations Unies de 1998 sont présentés dans les tableaux en annexe). À cette date, 525 000 personnes (0,9% de la population totale) seraient des migrants post-1995 ou leurs descendants. La population âgée de 15 à 64 ans passerait de 38,0 millions en 1995 à 39,9 millions en 2010, puis diminuerait jusqu’à 34,6 millions en 2050. La population âgée de 65 ans ou plus continuerait d’augmenter, passant de 8,7 millions en 1995 à 15,4 millions en 2040, avant de diminuer légèrement pour atteindre 15,3 millions en 2050. En conséquence, le ratio d’aide potentielle diminuerait de près de moitié, passant de 4,4 en 1995 à 2,3 en 2050.

Scénario II

Le scénario II, qui est la variante moyenne sans migration, utilise les hypothèses de fécondité et de mortalité de la variante moyenne des projections des Nations Unies de 1998, mais sans aucune migration vers la France après 1995. Les résultats sont très similaires à ceux du scénario I. La population totale de la France passerait de 58,0 millions en 1995 à 61,1 millions en 2025, puis commencerait à diminuer pour atteindre 59,4 millions en 2050. La population âgée de 15 à 64 ans passerait de 38,0 millions en 1995 à 39,6 millions en 2010, puis diminuerait pour atteindre 34,3 millions en 2050. La population âgée de 65 ans ou plus continuerait d’augmenter, passant de 8,7 millions en 1995 à 15,3 millions en 2040, avant de diminuer légèrement pour atteindre 15,2 millions en 2050. En conséquence, le ratio d’aide potentielle diminuerait de près de moitié, passant de 4,4 en 1995 à 2,3 en 2050.

Scénario III

Le scénario III maintient la taille de la population totale constante à son maximum de 61,1 millions en 2025. Pour ce faire, il faudrait 1,5 million d’immigrants entre 2025 et 2050, soit une moyenne de 60 000 par an. En 2050, sur une population totale de 61,1 millions, 1,8 million, soit 2,9%, seraient des immigrés post-1995 ou leurs descendants.

Scénario IV

Le scénario IV maintient la taille de la population âgée de 15 à 64 ans constante à son maximum de 39,6 millions en 2010. Pour ce faire, il faudrait 5,5 millions d’immigrants entre 2010 et 2050, soit une moyenne de 136 000 par an. En 2050, sur une population totale de 67,1 millions d’habitants, 7,8 millions, soit 11,6%, seraient des immigrés postérieurs à 1995 ou leurs descendants.

Scénario V

Le scénario V maintient le ratio d’aide potentielle à sa valeur de 1995, soit 4,4. Pour ce faire, il faudrait 32,1 millions d’immigrants entre 2000 et 2025, soit une moyenne de 1,3 million par an, et 60,9 millions d’immigrants entre 2025 et 2050, soit une moyenne de 2,4 millions par an. En 2050, sur une population totale de 187 millions d’habitants, 128 millions, soit 68,3%, seraient des immigrés postérieurs à 1995 ou leurs descendants.

Discussion

À titre de comparaison, l’immigration nette officielle enregistrée en France a été en moyenne de 76 000 par an pour la période 1990-1994 et de 39 000 par an pour la période 1995-1998. Ainsi, le nombre de migrants nécessaires pour empêcher une diminution de la taille totale de la population (scénario III) serait comparable à l’expérience passée de l’immigration en France. En outre, le nombre de migrants qui serait nécessaire pour maintenir constante la taille de la population en âge de travailler (scénario IV) est environ le double du niveau enregistré au début des années 1990. En outre, selon le scénario IV, en 2050, la proportion d’immigrés post-1995 et de leurs descendants dans la population totale (11,6%) serait comparable à la proportion de personnes nées à l’étranger qui existe actuellement (10,4% en 1990). La figure IV.4 montre, pour les scénarios I, II, III et IV, la population de la France en 2050, en indiquant la part des immigrés post-1995 et de leurs descendants.

Toutefois, le nombre d’immigrants nécessaires pour maintenir le ratio de soutien potentiel à son niveau de 1995 serait beaucoup plus important que tout flux migratoire antérieur, 20 à 40 fois supérieur aux nombres annuels des dix dernières années. En outre, plus des deux tiers de la population qui en résulterait en 2050 seraient composés d’immigrants postérieurs à 1995 et de leurs descendants.

En l’absence de migration, les chiffres montrent qu’il serait nécessaire de relever la limite supérieure de l’âge actif à environ 74 ans pour obtenir en 2050 le même ratio de soutien potentiel que celui observé en 1995 en France, c’est-à-dire 4,4 personnes en âge de travailler pour chaque personne âgée ayant dépassé l’âge de travailler.

[…]

UNION EUROPÉENNE

Tendances passées

L’indice synthétique de fécondité dans les 15 pays qui constituent actuellement l’Union européenne a suivi une courbe ascendante jusqu’en 1960-65, où il atteignait 2,69 naissances par femme. Depuis 1995, la fécondité n’a cessé de diminuer, passant sous le seuil de remplacement de deux enfants par femme vers 1975. En 1990-95, elle s’élevait à 1,5 naissance par femme. L’espérance de vie à la naissance est passée de 67 ans en 1950-1955 à 76,5 ans en 1990-1995. En conséquence de ces tendances, la proportion de la population âgée de 65 ans ou plus est passée de 9,5% en 1950 à 15,5% en 1995, et le ratio de soutien potentiel (le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans pour chaque personne âgée de 65 ans ou plus) a diminué au cours de la même période, passant de 7,0 à 4,3.

Scénario I

Le scénario I, variante moyenne de la révision des Nations Unies de 1998, suppose un apport net moyen très proche de 300 000 migrants par an entre 1995 et 2050, soit un total de près de 16,4 millions de migrants au cours de cette période. La variante moyenne prévoit que la population totale des 15 pays continuerait à croître brièvement jusqu’en 2005 environ, date à laquelle elle atteindrait 376,5 millions ; à partir de là, elle commencerait à diminuer de plus en plus rapidement, de sorte qu’en 2050, il resterait environ 331,3 millions de personnes – soit une perte de 40,6 millions de personnes par rapport à 1995 et de 45,2 millions de personnes par rapport au niveau maximal projeté en 2005 (les résultats des projections des Nations Unies de 1998 sont présentés dans les tableaux en annexe). Cette perte équivaudrait à la population actuelle combinée des sept plus petits membres de l’Union européenne, à savoir l’Autriche, la Finlande, le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg, la Suède et le Portugal (voir tableau IV.21). La population de l’Union européenne, qui en 1995 était supérieure d’environ 100 millions d’habitants à celle des États-Unis, serait en 2050 inférieure d’environ 20 millions d’habitants à celle des États-Unis.

La population âgée de 15 à 64 ans enregistrerait d’abord une légère augmentation, passant de 249 millions en 1995 à moins de 252 millions en 2005, mais elle serait suivie d’un déclin accéléré qui la ramènerait à un peu moins de 188 millions en 2050. La baisse projetée (61,5 millions entre 1995 et 2050) réduirait ainsi la population en âge de travailler d’un quart par rapport aux niveaux de 1995. En revanche, la population âgée de 65 ans ou plus enregistrerait une croissance régulière, passant de 58 millions en 1995 à 96 millions en 2050, soit une augmentation d’environ 65%. En conséquence, le ratio de soutien potentiel passerait de 4,3 en 1995 à un peu moins de 2,0 en 2050.

Scénario II

Le scénario II, qui est la variante moyenne sans migration, utilise les hypothèses de fécondité et de mortalité de la variante moyenne de la révision de 1998, mais sans aucune migration vers les 15 pays de l’Union européenne après 1995. Dans ce scénario, la population totale commencerait à diminuer dès l’an 2000 plutôt que cinq ans plus tard et, en 2050, elle ne serait plus que d’environ 311 millions, soit 20 millions de moins que dans le scénario I. La population âgée de 15 à 64 ans commencerait immédiatement à diminuer, passant de 249 millions en 1995 à 174 millions en 2050. Ainsi, sans migration, la population en âge de travailler serait réduite de 30% et non de 25% comme dans le scénario I. La population âgée de 65 ans ou plus passerait de 58 millions en 1995 à 92 millions en 2050, ce qui entraînerait une baisse du ratio de soutien potentiel à 1,9 en 2050, soit 0,1 de moins que prévu dans le scénario I.

Scénario III

Le scénario III maintient la taille de la population totale constante à son niveau maximal projeté de 372 millions en 2000 (en supposant qu’il n’y ait pas d’immigration au cours de la période 1995-2000). Pour maintenir la population totale constante à ce niveau, il faudrait 47,4 millions de migrants entre 2000 et 2050, soit une moyenne de 949 000 migrants par an. En 2050, sur une population totale de 372 millions d’habitants, 61,6 millions, soit 16,5%, seraient des immigrants postérieurs à 2000 ou leurs descendants. Le ratio d’aide potentielle en 2050 serait de 2,2, soit seulement 0,2 point de plus que dans le scénario I.

Scénario IV

Le scénario IV maintient la taille de la population âgée de 15 à 64 ans constante à son niveau de 1995, soit 249 millions (ce qui serait le niveau maximum qu’elle aurait jamais atteint en l’absence de migrations post-1995). Pour maintenir la population en âge de travailler constante à ce niveau, il faudrait en fait 79,6 millions de migrants entre 1995 et 2050, soit une moyenne de 1,4 million de migrants par an. En raison des irrégularités de la structure par âge de la population, le nombre annuel de migrants nécessaire pour maintenir constante la population en âge de travailler augmenterait d’abord rapidement, puis diminuerait. Il atteindrait son maximum en 2025-2030, avec un nombre annuel de migrants nets supérieur à 2,8 millions. En 2050, sur une population totale de 418,5 millions d’habitants, les immigrés post-1995 et leurs descendants seraient 107,7 millions, soit 25,7%. Selon ce scénario, le ratio d’aide potentielle en 2050 serait sensiblement plus élevé que dans le scénario I (2,4 contre 2,0), mais la différence est modeste par rapport à l’ampleur de la chute par rapport au niveau de 4,3 atteint en 1995.

Scénario V

Le scénario V maintient le ratio de soutien potentiel à sa valeur de 1995, soit 4,3 personnes âgées de 15 à 64 ans pour chaque personne âgée de 65 ans ou plus. Pour maintenir le ratio de soutien potentiel constant à ce niveau, il faudrait que l’Union européenne accueille 701 millions d’immigrants entre 1995 et 2050, soit une moyenne de 12,7 millions par an. Par ailleurs, comme dans le scénario IV, les irrégularités de la structure par âge de la population entraîneraient des fluctuations du nombre annuel de migrants nécessaires pour maintenir le ratio d’aide potentielle constant. Les niveaux maximums seraient atteints en 2030-2035, avec 20,3 millions d’immigrants nets par an. En 2050, sur une population totale de 1,2 milliard d’habitants, 918 millions, soit environ 75 %, seraient des immigrants postérieurs à 1995 ou leurs descendants.

Discussion

Selon des estimations nationales récentes, l’Union européenne a connu un solde migratoire annuel moyen de 857 000 personnes entre 1990 et 1998. Ainsi, le nombre de migrants nécessaires pour éviter un déclin de la population totale est à peu près comparable au niveau de migration des années 1990. Toutefois, pour éviter un déclin de la population en âge de travailler, le nombre annuel de migrants devrait presque doubler par rapport à l’expérience récente. La figure IV.21 montre, pour les scénarios I, II, III et IV, la population de l’Union européenne en 2050, en indiquant la part des migrants postérieurs à 1995 et de leurs descendants.

Le nombre de migrants nécessaires chaque année pour maintenir le ratio de soutien potentiel constant à son niveau de 1995 serait 15 fois supérieur au niveau de migration nette des années 1990. Vers la fin de la période, c’est-à-dire vers 2040-2050, le nombre annuel net de migrants requis par l’Union européenne équivaudrait à la moitié de la croissance annuelle de la population mondiale.

Ainsi, si la migration de remplacement devait être utilisée comme mécanisme pour maintenir le ratio de soutien potentiel dans l’Union européenne à son niveau actuel, en 2050, la population totale de l’Union européenne aurait augmenté de plus de trois fois son niveau actuel. Dans ce processus, la part de l’Union européenne dans la population mondiale aurait plus que doublé, passant de 6,6% en 1995 à 13,8% en 2050. En outre, les trois quarts de la population totale en 2050 seraient constitués de migrants postérieurs à 1995 et originaires de l’extérieur des frontières actuelles de l’Union, ainsi que de leurs descendants.

En l’absence de migration, les calculs effectués dans ce rapport indiquent que la limite supérieure de l’âge de travail devrait être portée à environ 76 ans dans l’Union européenne pour obtenir en 2050 le même ratio de soutien potentiel que celui observé en 1995, c’est-à-dire 4,3 personnes en âge de travailler par personne âgée.

[…]

CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS

La présente étude se concentre sur la question de savoir si la migration de remplacement est une solution au déclin et au vieillissement de la population. La migration de remplacement fait référence à la migration internationale qui serait nécessaire pour compenser le déclin de la taille d’une population, le déclin de la population en âge de travailler ainsi que le vieillissement général d’une population.

Cette étude sur les migrations de remplacement se concentre sur les effets possibles des migrations internationales sur la taille de la population et la structure par âge d’une série de pays qui ont en commun un taux de fécondité inférieur au seuil de remplacement. En l’absence de migration, tous les pays dont la fécondité est inférieure au seuil de remplacement verront la taille de leur population commencer à décliner à un moment donné dans un avenir proche, si ce n’est pas déjà le cas aujourd’hui. Dans certains pays, les diminutions prévues de la taille de la population au cours de la première moitié du XXIe siècle atteignent un quart ou un tiers de la population totale du pays.

En outre, plus la baisse de la fécondité est faible [NdT. c’est une erreur dans le document, il faut lire « élevée »], plus le vieillissement de la population du pays sera prononcé. L’une des principales conséquences du vieillissement de la population est la réduction du rapport entre la population en âge de travailler (15-64 ans) et la population âgée de 65 ans ou plus, c’est-à-dire le ratio de soutien potentiel (RSP). Toutes choses égales par ailleurs, un ratio de soutien potentiel plus faible signifie qu’il est beaucoup plus onéreux pour la population en âge de travailler de subvenir aux besoins de la population retraitée plus âgée.

Si, dans une certaine mesure, l’augmentation de la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus s’accompagne d’une diminution de la proportion d’enfants de moins de 15 ans, les deux groupes d’âge ne sont pas directement comparables. Certaines études ont estimé que pour un pays industrialisé, en moyenne, le coût de la prise en charge d’une personne âgée de 65 ans et plus est sensiblement plus élevé que le coût de la prise en charge d’un jeune de moins de 20 ans. Un certain nombre de chercheurs, par exemple Foot (1989), Cutler, Poterba, Sheiner et Summers (1990), et Ahlburg et Vaupel (1993), signalent que, si l’on tient compte des programmes publics ou des dépenses privées non médicales, des dépenses d’éducation publique et des soins médicaux, les coûts sont environ deux fois et demie plus élevés pour soutenir une personne âgée (65 ans ou plus) que pour soutenir une jeune personne (moins de 20 ans).

Si une fécondité inférieure au seuil de remplacement est la principale cause du déclin et du vieillissement de la population, même une forte augmentation soudaine de la fécondité à court ou moyen terme ne modifierait pas sensiblement la situation en ce qui concerne les ratios de soutien potentiels. Bien entendu, comme nous l’avons montré plus haut dans ce rapport, les ratios de soutien potentiel pourraient être maintenus aux niveaux actuels en augmentant la limite supérieure de la population en âge de travailler. Dans la plupart des cas, la limite supérieure devrait être portée à environ 75 ans. Toutefois, si l’âge de la retraite reste essentiellement le même qu’aujourd’hui, l’augmentation de la taille de la population en âge de travailler par le biais de la migration internationale est la seule option à court et à moyen terme pour réduire les baisses du ratio de soutien potentiel.

La présente étude porte sur les pays où la fécondité actuelle est comprise entre 1,2 et 2,0 enfants par femme. Pour la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne, le nombre de migrants nécessaires pour compenser le déclin de la population est inférieur ou comparable à l’expérience récente. C’est également le cas pour l’Allemagne et la Fédération de Russie, mais leurs flux migratoires dans les années 1990 étaient relativement importants en raison de la réunification et de la dissolution, respectivement. En revanche, pour l’Italie, le Japon, la République de Corée et l’Europe, un niveau d’immigration beaucoup plus élevé que dans le passé récent serait nécessaire pour compenser le déclin de la population. Ce niveau d’immigration plus élevé pour l’Italie, le Japon et l’Europe signifierait que 18 à 29 % de la population de 2050 serait constituée d’immigrants postérieurs à 1995 et de leurs descendants; pour la République de Corée, le chiffre comparable est de 3%.

En l’absence de migration, la taille de la population en âge de travailler diminue plus rapidement que la population globale. En raison de ce taux de déclin plus rapide, le volume de migration nécessaire pour empêcher un déclin de la population en âge de travailler est plus important que pour l’ensemble de la population. Dans les quatre pays où les taux de fécondité sont proches du seuil de remplacement, la population résultante en 2050 compterait 8 à 14 % de migrants post-1995 et de leurs descendants. Dans les six autres pays et régions, les migrants post-1995 et leurs descendants représenteraient entre 26 et 39% de la population de 2050. Si certains de ces chiffres peuvent sembler élevés, ils restent dans la fourchette des migrations enregistrées dans un passé récent dans certains pays industrialisés. Par exemple, en 1990, 16% de la population du Canada et de la Suisse, et 23% de la population de l’Australie étaient nés à l’étranger.

Contrairement aux flux migratoires nécessaires pour compenser le déclin de la population totale ou en âge de travailler, les niveaux de migration qui seraient nécessaires pour empêcher les pays de vieillir sont d’une ampleur nettement plus importante. D’ici 2050, ces flux migratoires plus importants se traduiraient par des populations où la proportion de migrants postérieurs à 1995 et de leurs descendants se situerait entre 59% et 99%. Des niveaux de migration aussi élevés n’ont jamais été observés dans le passé pour aucun de ces pays ou régions. En outre, il semble extrêmement improbable que de tels flux puissent se produire dans ces pays dans un avenir prévisible. Il semble donc inévitable que les populations des pays à faible fécondité vieillissent rapidement au cours du XXIe siècle.

Les conséquences d’une structure d’âge de la population beaucoup plus âgée que par le passé sont nombreuses et d’une grande portée. L’une des considérations importantes examinées dans cette étude est le ratio de soutien potentiel (RSP). Le système actuel de fourniture de revenus et de services de santé aux personnes âgées qui ne travaillent plus a été basé, dans l’ensemble, sur une structure d’âge avec un ratio de soutien potentiel de 4 à 5 personnes en âge de travailler pour chaque personne âgée de 65 ans ou plus. Si l’âge actuel de la retraite ne change pas, le RSP devrait tomber à environ 2.

Une baisse du RSP de 4 ou 5 à 2 entraînerait certainement la nécessité de reconsidérer sérieusement les modalités du système actuel de pensions et de soins de santé pour les personnes âgées. Théoriquement, comme indiqué ci-dessus, une option possible consisterait à relever suffisamment la limite supérieure de l’âge du travail pour atteindre un RSP viable. Une telle option permettrait à la fois d’augmenter le nombre de personnes en âge de travailler et de réduire le nombre de personnes âgées qui ne travaillent pas. D’autres options possibles, qu’il conviendrait d’examiner de manière approfondie, comprennent l’adaptation des mesures économiques, telles qu’une participation accrue à la population active, des cotisations plus élevées de la part des travailleurs et des employeurs et des prestations moins élevées pour les retraités. Il est certain que l’augmentation de la productivité à l’avenir peut accroître les ressources disponibles de la population en âge de travailler. Cependant, il est également possible que l’augmentation de la productivité conduise à des aspirations et des demandes accrues de la part des populations en âge de travailler et des retraités.Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, les pays industrialisés ont bénéficié de tailles de population et de structures d’âge de la population qui étaient le résultat d’une histoire de niveaux modérés de
fécondité modérée et d’une faible mortalité. Ces circonstances démographiques favorables ont permis, dans une large mesure, d’offrir des prestations relativement généreuses aux retraités à des coûts comparativement faibles pour les travailleurs et les employeurs. Toutefois, ces structures d’âge n’étaient pas permanentes, mais simplement transitoires.

Au cours de la première moitié du XXIe siècle, les populations de la plupart des pays industrialisés devraient diminuer et vieillir en raison d’une fécondité inférieure au seuil de remplacement et d’une longévité accrue. Les conséquences d’un déclin et d’un vieillissement significatifs de la population ne sont pas bien comprises, car il s’agit d’expériences démographiques nouvelles pour les pays. Maintenir la solvabilité des systèmes de retraite et de soins de santé pour les personnes âgées face au déclin et au vieillissement de la population, par exemple, constitue une situation nouvelle qui pose de sérieux défis aux gouvernements et à la société civile.

Les nouveaux défis posés par le déclin et le vieillissement des populations nécessiteront des réévaluations objectives, approfondies et globales de nombreux programmes et politiques économiques, sociaux et politiques établis. Ces réévaluations devront intégrer une perspective à long terme. Les questions essentielles à aborder dans le cadre de ces réévaluations sont notamment les suivantes (a) l’âge approprié de la retraite; (b) le niveau, le type et la nature des prestations de retraite et de soins de santé pour les personnes âgées; (c) la participation au marché du travail; (d) les montants estimés des contributions des travailleurs et des employeurs pour financer les prestations de retraite et de soins de santé pour la population âgée croissante; et (e) les politiques et programmes relatifs aux migrations internationales, en particulier les migrations de remplacement, et l’intégration d’un grand nombre de migrants récents et de leurs descendants.

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