Édition du dimanche, deuxième.

Chouette histoire, mec!

… de l’anglais « Cool story, bro! ».

Je veux bien entendu parler de l’article de Seymour Hersh.

Je m’attendais à un raz-de-marée de lecteurs, vu que l’histoire fait le buzz, mais non, quatre en deux jours, dont mon épouse qui l’a lu sur son outil de surveillance téléphone en m’attendant sur un parking. À propos de surveillance, j’ai encore de temps en temps la visite de fonctionnaires de l’Armée Populaire de Libération – qui font monter mes statistiques, merci – et m’ont également hacké la boîte mail lié à ce blog (depuis une adresse IP de Hong-Kong).

Passons…

Je conçois que la majorité de mon lectorat a en ce moment autre chose à faire que de lire des histoires d’espionnage/sabotage. Mes lecteurs français fidèles ont une réforme des retraites à casser, et sortent par millions dans la rue. Ils ont raison, mieux vaut être dans la rue un jour par semaine que définitivement. Mon épouse française suit ça sur Le Média, excellente chaîne.

Pour ceux qui ont un peu le temps, j’avais promis un commentaire sur le papier de Hersh.

Nous apprenons donc ce qu’on savait déjà: ce sont les États-Unis qui ont fait sauté les gazoducs russes, histoire de faire passer à l’Allemagne le goût du gaz pas cher. Encore un acte de violence conjugale, comme l’avait très bien relevé deux observateurs au nez fin – ou plus prosaïquement, encore un souteneur qui bat sa vieille putain, qui avait pourtant consciencieusement filé la chtouille génétique (et ici) à la moitié du monde et, fidèle à ses principes aryens, financé la nouvelle Kommandantur planétaire.

Après la révélation de cet acte de guerre, Lulu la Péniche l’Allemagne n’a plus le choix que de la déclarer officiellement aux US et débarquer sur leur sol pour semer mort et destruction, munie de qui reste de son stock de 312 chars Leopard (avec kit de dépannage et autocollants « Deutschland über alles« ) qu’elle aurait finalement mieux fait de garder entier plutôt que de risquer d’égratigner les quinze mille chars russes de son ancien ennemi/ami/fournisseur (biffer les mentions inutiles), qui pourrait bien le redevenir.

On doit donc cette heureuse résolution à notre ami Seymour, héroïque journaliste maintes fois récompensé, notamment par le prix Pulitzer pour avoir exposé le massacre de Mỹ Lai par des soldats américains lors de la guerre au Vietnam, ce qui a plus ou moins mis un terme à celle-ci. Je ne serais pas autrement surpris que son récent papier ait un effet similaire sur la guerre en Ukraine, ce qui viendrait juste à point maintenant que les contrats de reconstruction sont signés par les « parties prenantes ». Excellent timing, vous ne trouvez pas?

Maintenant que le prix du gaz a grimpé et permettra:

  • aux États-Unis de faire un malheur sur le marché européen,
  • à la Russie – qui a, comme vous le savez, continué de verser à l’Ukraine sa redevance pour le gazoduc Brotherhood, le nom est bien trouvé – de le vendre à un prix plus juste à ses nouveaux clients et
  • de maintenir un prix de l’énergie surévalué en Europe de l’Ouest,

et maintenant que le complexe militaro-industriel américain va pouvoir décrocher de juteux contrats pour renouveler stocks nationaux et européens, à quoi sert encore la guerre en Ukraine? Business is business.

À propos de business, vous vous souvenez de ces professionnels de l’énergie qui s’étonnaient de l’absence de brume de méthane au-dessus des eaux bouillonnantes de la mer Baltique et allaient jusqu’à douter (voir en fin d’article) que le sabotage ait vraiment eu lieu? C’est rentré dans l’ordre: les photos publiées depuis montrent une brume très visible. C’était donc bien un attentat.

Je vous laisse avec cette histoire – réelle – dont je ne peux malheureusement plus vous fournir la source, le magazine qui la mentionnait ayant été détruit dans l’inondation de juillet 2020. Il faudra me croire sur parole mais vous pouvez me faire confiance, je ne suis pas médecin.

Ça se passe dans un pays africain (je ne suis plus certain duquel) dans les années 1980. Le pays est en pleine turbulence politique, comme c’est souvent le cas là-bas, des guerrilleros/terroristes commettent des attentats un peu partout, notamment sur les voies ferrées qu’ils font sauter à la dynamite. Ça leur coûte cher, ça emmerde les pauvres cheminots, bref ce n’est pas la bonne solution. Ils concluent donc l’accord suivant: les trains s’immobiliseront aux endroits que leur indiquera la guerrilla, le nombre de jours qu’il aurait fallu pour réparer la voie si on y avait détoné une charge. Résultat: économie d’explosifs, de matériel, d’efforts et de temps pour tout le monde et les trains sont pareillement immobilisés.

Je vous laisse méditer là-dessus.


La nouvelle vraiment importante de la semaine: ma belle-soeur a recueilli un petit chien abandonné dans un carrefour. Il est adorable, l’air un peu perdu mais de l’amour et des soins devraient arranger ça. Je n’ai pas de mot pour les gens qui l’ont abandonné. En France, il n’y a pas que le Président qui maltraite les petits.


Bientôt sur vos écrans

  • Vous pensez que j’ai fini de dire du mal de l’Allemagne? Je ne fais que commencer. Et des États-Unis. Et de la Russie. Et de tout ce qui a un gouvernement. C’est parce qu’on ne m’a pas aimé quand j’étais petit.
  • Peut-être arriverai-je à boucler les deux articles que je prépare depuis des semaines, « Faux procès » et « Le Grand Bluff »?
  • Pour le reste, on verra selon mon humeur: un peu de climat, un peu d’agriculture, un peu de Covid, un peu de psyops, un peu de tout, que j’assaisonnerai d’un brin de philosophie et d’un grain de sel pour faire passer. En bref, un peu de tout ce qui pourrait faire douter de l’humanité, le but ultime de toute cette merde.

Et un bon lundi à tous!

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