Une société sans héritiers – par Marcello Veneziani.

Pour continuer la réflexion de mon article précédent.

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Une société sans héritiers

par Marcello Veneziani

28 avril 2024

Nous ne sommes pas des héritiers, nous ne laissons pas d’héritiers. Nous n’héritons rien de personne, nous ne lèguerons rien à personne. Voilà, pour le dire brièvement et brutalement, l’image de notre condition aujourd’hui. Chaque vie est une chose en soi. La déconnexion de l’avant et de l’après affecte chacun d’entre nous à des degrés divers et à des niveaux de conscience différents, dans notre vie personnelle, publique et sociale. La politique, elle aussi, esquive ou renie les héritages. En politique comme dans le commerce, il ne reste que marques inanimées et icônes fanées, mais rien qui ressemble à un héritage. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, ou du moins dans l’histoire que nous connaissons, nous vivons une époque sans héritiers. Ou du moins la première à ne pas reconnaître l’héritage comme une valeur à préserver et à transmettre. La première époque à avertir, comme le roi Louis XV, qu’après nous viendra le déluge, que notre monde s’éteindra avec nous. Après nous, personne ne poursuivra notre œuvre, personne ne sauvera rien de notre patrimoine; nous ne laisserons aucune trace, tout sera effacé par l’eau et le vent. L’eau de l’oubli qui efface toute empreinte et le vent de l’effacement qui emporte tout. C’est le dénouement logique d’une société sans père, devenue ensuite une société sans enfant, une société parricide et infanticide, sous la bannière de l’orphelinat choisi. La société des mutants et des non-parents, du fait de la dénatalité et de l’avortement. L’ère du nihilisme finit par tenir sa promesse: de tout il ne restera rien, le néant après nous.

À qui laisse-t-on ses biens, sa richesse de vie, spirituelle et réelle, sa bibliothèque, ses archives de souvenirs, d’objets et de pensées? Aux rats et aux incinérateurs. Tout au plus, on extraira de ce patrimoine sa valeur vénale et mercantile, c’est-à-dire que ce qui a une valeur commerciale sera quantifié et vendu; s’il n’a pas de valeur économique, il faudra s’en débarrasser de la manière la plus rapide et la plus indolore, ce sera l’œuvre des vidangeurs ou des toilettes chimiques. Il devra disparaître sans laisser de traces. La qualité d’héritier est valable tant que l’on est chez le notaire, c’est-à-dire jusqu’à la commutation des intentions testamentaires en biens à jouir. Dans tous les domaines, ce qui n’est pas hérité et ne laisse pas d’héritage, ce qui est nouveau, inédit ou destiné à dépasser et à faire oublier tout antécédent, a une valeur positive. En politique, chaque leader et chaque mouvement doit se présenter comme nouveau, doit procéder à un remodelage radical qui consiste à défaire périodiquement les héritages afin d’apparaître plus adapté au présent et moins encombré de squelettes dans l’armoire, d’héritages encombrants à effacer. De nouvelles applications nous attendent, il n’est plus temps d’entretenir les anciennes. L’histoire elle-même est un fardeau insupportable. La technologie nous oriente sans cesse vers la mise à jour.

De même, les maîtres sont reniés, car nous ne nous sentons pas héritiers et continuateurs de leur œuvre et de leur leçon, ils n’ont rien à nous apprendre car ils viennent d’époques arriérées par rapport à la nôtre, avec des technologies résolument dépassées. Aucun habitant du passé ne peut nous guider vers l’avenir ni nous enseigner quoi que ce soit d’adéquat pour le monde à venir.

Du passé, seule la mémoire des victimes est conservée, mais il ne s’agit pas d’un héritage à préserver et à poursuivre, mais plutôt d’un avertissement à ne pas répéter ces erreurs/horreurs. La mémoire des victimes est un acte d’accusation et de rejet de l’héritage des bourreaux.

Comment la fin de l’héritage se manifeste-t-elle au niveau générationnel? Tout d’abord, on ne fait plus d’enfants; s’il y en a, ils partent, ils quittent la maison et la ville familiale, ils changent d’horizon. Et s’ils ne partent pas, ils se déshéritent, ils s’éloignent dans l’esprit et dans le cœur, ils croient que vivre c’est s’émanciper de ceux qui les ont mis au monde. Il y a des exceptions, et elles ne sont pas rares non plus, mais la tendance générale, l’esprit du temps, c’est ça. Pas d’héritiers.

Les pays se vident, il n’y a pas de renouvellement, les familles sont en voie d’extinction par dénatalité et émigration; des présences séculaires disparaîtront en quelques décennies; tout au plus en restera-t-il ailleurs un éparpillement dispersé. Nos contemporains se sentent enfants de leur temps plus que de leurs parents ou de leur pays d’origine et de leurs maîtres. Ils se sentent auto-fabriqués, ils se croient auto-créés, ils croient – même si ce n’est pas vrai – qu’ils fabriquent et autogèrent toute leur vie.

Du coup, plus rien ne se transmet, l’infidélité devient une valeur et un acte d’autonomie, tout devient rapidement obsolète: de l’obsolescence programmée des objets à l’obsolescence intégrale et inexorable des sujets, qui ne survivent que s’ils sont fluides, génétiquement modifiables, mutants.

Autre conséquence du refus de l’héritage: il ne vaut pas la peine de se souvenir, ou pire, d’avoir la nostalgie du passé et de ceux qui ne sont plus là; du temps perdu, un exercice vain, un spiritualisme grotesque contre le progrès inéluctable de la vie. C’est aussi pourquoi la transmission des savoirs, des principes, des pratiques, des coutumes, des expériences est interrompue: tout ce qu’on appelait autrefois tradition était fondé sur un principe d’héritage bi-univoque, c’est-à-dire reçu et délivré, que je résume dans le statut d’« héritiers enceints ». Le passé est dépourvu de valeur et de sens, il doit être effacé, supprimé, maudit, dépassé; tout est accéléré, mécanisé, remplacé. Rien n’est conservé, surtout pas le sens de la continuité.

Chaque vie s’achève sur une voie sans issue, ne venant de nulle part et ne continuant nulle part. Bienvenue dans la société sans héritiers. Il ne reste plus qu’à faire confiance à l’inattendu, à l’inconnu, à la pitié, aux virages en épingle à cheveux. Ou à un miracle à accomplir par des dieux indéfinis.

L’holocauste du contrôle démographique – par Robert Zubrin.

Comme promis, nous allons traiter de dépopulation, opération qui s’inscrit dans le cadre général du contrôle démographique, sujet sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Cet article de 2012 en présente un bref historique et quelques faits majeurs, dont certains vous rappelleront peut-être quelque chose de récent. Attention, ça devient très gore vers la fin. Lisez mais soyez prévenus.

Nous nous tournerons ensuite vers Sasha, qui se penche sur une autre forme de meurtre légal. L’article est prêt mais j’attends un peu: il suffit que j’en publie deux le même jour pour que tout le monde zappe le premier.

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L’holocauste du contrôle démographique

Robert Zubrin

Printemps 2012

Il existe un courant idéologique unique qui transcende un ensemble apparemment disparate de mouvements politiques et scientifiques modernes toxiques, qui vont du militarisme, de l’impérialisme, du racisme, de la xénophobie et de l’environnementalisme radical au socialisme, au nazisme et au communisme totalitaire. Cette idéologie est celle de l’antihumanisme: la croyance que la race humaine est une horde de vermines dont les aspirations et les appétits incontrôlés mettent en danger l’ordre naturel, et que des mesures tyranniques sont nécessaires pour contraindre l’humanité. Le prophète fondateur de l’antihumanisme moderne est Thomas Malthus (1766-1834), qui a jeté les bases pseudo-scientifiques de l’idée selon laquelle la reproduction humaine dépasse toujours les ressources disponibles. À partir de cette évaluation pessimiste et erronée de la capacité de l’ingéniosité humaine à développer de nouvelles ressources, Malthus a prôné des politiques oppressives qui ont conduit à la famine de millions de personnes en Inde et en Irlande.

Bien que l’argument de Malthus selon lequel la croissance démographique humaine conduit invariablement à la famine et à la pauvreté soit manifestement en contradiction avec les preuves historiques, qui montrent que le niveau de vie mondial augmente avec la croissance démographique, il a néanmoins persisté et a même pris de l’ampleur parmi les intellectuels et les dirigeants politiques au cours des XXe et XXIe siècles. Sa manifestation la plus pernicieuse au cours des dernières décennies a été la doctrine du contrôle démographique, défendue par l’écologiste Paul Ehrlich, dont l’ouvrage antihumaniste à succès de 1968, The Population Bomb (La bombe démographique), a servi de bible au néo-malthusianisme. Dans cet ouvrage, Ehrlich mettait en garde contre la surpopulation et préconisait que le gouvernement américain adopte des mesures strictes de contrôle démographique, tant au niveau national que pour les pays du Tiers-Monde bénéficiant de l’aide étrangère américaine. (Il convient de noter qu’Ehrlich est le mentor et le collaborateur fréquent de John Holdren, le conseiller scientifique du président Obama).

Cette pleine page de publicité d’un important groupe de contrôle démographique avertit que les populations du Tiers-Monde sont une menace pour la paix.
Avec l’aimable autorisation de la bibliothèque de l’université de Princeton

Jusqu’au milieu des années 1960, les programmes américains de contrôle démographique, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, étaient largement financés et mis en œuvre par des organisations privées telles que le Population Council (Conseil Démographique) et Planned Parenthood (Planification Familiale), des groupes profondément enracinés dans le mouvement eugéniste. Bien qu’ils disposaient de millions de dollars fournis par les fondations Rockefeller, Ford et Milbank, entre autres, les ressources disponibles pour soutenir leur travail étaient bien maigres par rapport à leurs vastes ambitions. Cette situation changea radicalement au milieu des années 60, lorsque le Congrès américain, répondant à l’agitation des idéologues de la surpopulation, alloua enfin des fonds fédéraux pour financer des programmes de contrôle démographique, d’abord au niveau national, puis à l’étranger. Soudain, au lieu de simples millions, il y avait des centaines de millions et finalement des milliards de dollars disponibles pour financer des campagnes mondiales d’avortement de masse et de stérilisation forcée. Il en résulta une catastrophe humaine à l’échelle mondiale.

Parmi les premiers visés, on trouve la population du Tiers-Monde de l’Amérique elle-même: les Indiens d’Amérique. À partir de 1966, le Secrétaire d’État à l’intérieur, Stuart Udall, entreprit d’utiliser les nouveaux fonds Medicaid pour mettre en place des programmes de stérilisation dans les hôpitaux des Indian Health Services (IHS, Services de santé indiens) financés par le gouvernement fédéral. Comme le rapporte Angela Franks dans son livre de 2005 intitulé Margaret Sanger’s Eugenic Legacy (L’héritage eugénique de Margaret Sanger):

Ces stérilisations étaient souvent pratiquées sans consentement éclairé adéquat [NdT. si ça vous rappelle quelque chose]… Le médecin amérindien Constance Redbird Uri a estimé que jusqu’à un quart des femmes indiennes en âge de procréer avaient été stérilisées avant 1977; dans un hôpital de l’Oklahoma, un quart des femmes admises (quelle qu’en soit la raison) en sont sorties stérilisées… Elle a également recueilli des preuves que toutes les femmes de sang pur de la tribu Kaw en Oklahoma ont été stérilisées dans les années 1970…

Malheureusement, et étonnamment, les problèmes des Services de santé indiens semblent persister… récemment [au début des années 1990], dans le Dakota du Sud, les Services de santé indiens ont de nouveau été accusés de ne pas avoir respecté les procédures de consentement éclairé, cette fois pour le Norplant, et ont apparemment fait la promotion de ce contraceptif à longue durée d’action auprès de femmes amérindiennes qui ne devraient pas l’utiliser en raison de conditions médicales préexistantes contre-indiquant son utilisation. Le Native American Women’s Health Education Resource Center (Centre de ressources pour l’éducation à la santé des femmes amérindiennes) rapporte qu’une femme s’est récemment entendu dire par ses médecins qu’ils ne retireraient l’implant que si elle acceptait de subir une ligature des trompes. Les rêves génocidaires des bureaucrates projettent encore leur ombre sur le sol américain.

Des programmes comparables furent également mis en place dans des cliniques financées par l’U.S. Office of Economic Opportunity (Bureau des opportunités économiques) dans des quartiers à faibles revenus (à prédominance noire) aux États-Unis. Pendant ce temps, sur le territoire américain de Porto Rico, un programme de stérilisation de masse a été lancé par le Draper Fund/Population Crisis Committee (Comité de crise démographique) et mis en œuvre avec des fonds fédéraux du Ministère de la santé, de l’éducation et de la protection sociale dans les principaux hôpitaux de l’île ainsi que dans une multitude de cliniques plus petites. Selon le rapport d’une mission d’enquête médicale menée en 1975, cette action a permis de stériliser près d’un tiers des femmes portoricaines en âge de procréer.

Mieux vaut être mort que rouge

Toutefois, ce n’est pas à l’intérieur du pays mais à l’étranger que l’artillerie la plus lourde de l’assaut de contrôle démographique était dirigée. Pendant la guerre froide, tout, du programme Apollo au financement de l’enseignement public, pouvait être vendu au gouvernement fédéral si cela pouvait être justifié comme faisant partie de la lutte mondiale contre le communisme. En conséquence, des idéologues aux plus hauts niveaux de pouvoir et d’influence ont formulé une ligne de parti selon laquelle la population des nations pauvres du monde devait être réduite de manière drastique afin de diminuer le réservoir de recrutement potentiel disponible pour la cause communiste. Le président Lyndon Johnson se vit remettre une étude frauduleuse réalisée par un économiste de la RAND Corporation, qui utilisait des calculs truqués pour « prouver » que les enfants du Tiers-Monde avaient en fait une valeur économique négative. Ainsi, en autorisant la naissance d’un nombre excessif d’enfants, les gouvernements d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine aggravaient la pauvreté de leurs populations, tout en multipliant les masses de prolétaires en colère prêts à être menés contre l’Amérique par les organisateurs de la prochaine Révolution Mondiale.

Le président Johnson goba le baratin, y compris les calculs bidons. Deux mois plus tard, il déclarait aux Nations Unies que « cinq dollars investis dans le contrôle démographique valent cent dollars investis dans la croissance économique ». L’administration Johnson soutenant désormais le contrôle démographique, le Congrès adopta en 1966 le Foreign Assistance Act (loi sur l’aide à l’étranger), dont une disposition réservait les fonds de la US Agency for International Development (USAID, Agence américaine pour le développement international) aux programmes de contrôle démographique devant être mis en œuvre à l’étranger. La loi stipulait en outre que toute aide économique des États-Unis aux pays étrangers devait être subordonnée à la volonté de leurs gouvernements de coopérer avec le Département d’État pour la mise en place de telles initiatives sur leur propre territoire. En d’autres termes, les dirigeants du Tiers-Monde désireux de contribuer à la stérilisation de leurs sujets les plus pauvres recevraient des carottes. Pour ceux qui ne coopéreraient pas, il y aurait le bâton [NdT. cf. les nombreux décès de personnalités politiques africaines revêches aux injections Covid]. Compte tenu de la nature de la plupart des gouvernements du Tiers-Monde, une approche d’une aussi élégante simplicité garantissait pratiquement la réussite de l’opération. L’establishment du contrôle démographique était ravi.

Un Office of Population (Bureau Démographique) fut créé au sein de l’USAID, et le Dr Reimert Thorolf Ravenholt en fut le premier directeur en 1966. Il occupera ce poste jusqu’en 1979, l’utilisant pour créer un empire mondial d’organisations de contrôle démographique imbriquées les unes dans les autres, bénéficiant de budgets d’un milliard de dollars pour supprimer l’existence de personnes considérées comme indésirables par le Département d’État américain.

Dans son livre dévastateur de 2008, Population Control: Real Costs, Illusory Benefits (Contrôle démographique: coûts réels, bénéfices illusoires), l’auteur Steven Mosher fournit une description colorée de Ravenholt:

Qui était le Dr Ravenholt? Épidémiologiste de formation, il considérait apparemment la grossesse comme une maladie, à éradiquer de la même manière que l’on élimine la variole ou la fièvre jaune. Il était aussi, en l’occurrence, un misanthrope belliqueux.

Il assuma son travail de contraception, de stérilisation et d’avortement des femmes du monde entier avec une agressivité qui fit reculer ses jeunes collègues, dégoûtés. Ses cartes de visite étaient imprimées sur des préservatifs, qu’il se faisait un plaisir de distribuer à tout venant. Il ne cessait de parler de la manière de distribuer de plus grandes quantités de pilules contraceptives et de veiller à ce qu’elles soient utilisées. Il préconisait des campagnes de stérilisation de masse, déclarant un jour au St. Louis Post-Dispatch qu’un quart de toutes les femmes fertiles du monde devaient être stérilisées afin d’atteindre les objectifs américains de contrôle démographique et de maintenir « le fonctionnement normal des intérêts commerciaux des États-Unis dans le monde entier ». Ces mesures rigoureuses étaient nécessaires, expliquait Ravenholt, pour contenir « l’explosion démographique » qui, si elle n’était pas maîtrisée, réduirait tellement le niveau de vie à l’étranger que des révolutions éclateraient « contre la forte présence commerciale américaine »…

Ce n’était pas un personnage très charmant. Pour commémorer le bicentenaire des États-Unis en 1976, il eut l’idée de produire des préservatifs « stars and stripes » aux couleurs rouge, blanc et bleu pour les distribuer dans le monde entier… Une autre fois, lors d’un dîner réunissant des chercheurs en démographie, Ravenholt se promena dans la salle en faisant des mouvements de pompage avec son poing pour donner l’impression qu’il utilisait un aspirateur manuel – une pompe à vide tenue à la main pour pratiquer des avortements – à la grande horreur des autres invités.

Le point de vue de Ravenholt sur les personnes non blanches est assez bien exprimé dans un commentaire qu’il a fait en 2000 à propos de l’esclavage: « Les Noirs américains devraient remercier leur bonne étoile que l’institution de l’esclavage ait existé dans les siècles précédents; sinon, ces Noirs américains n’existeraient pas: leurs ancêtres auraient été tués par leurs ennemis noirs, au lieu d’être vendus comme esclaves. »

Comme méthode d’opération, Ravenholt adopta la pratique de distribuer ses fonds de manière agressive à la International Planned Parenthood Federation (Fédération Internationale de Planning Familial), au Population Council et à de nombreuses autres organisations privées du mouvement de contrôle démographique, leur permettant de mettre en œuvre des campagnes de stérilisation et d’avortement de masse dans le monde entier sans interférence réglementaire du gouvernement américain, et permettant à leurs budgets de gonfler – d’abord dix fois, puis cent fois, puis encore plus. Cela ravit les dirigeants et le personnel de l’establishment du contrôle démographique, qui purent adopter un style de vie luxueux, séjournant dans les meilleurs hôtels, mangeant les meilleurs plats et voyageant en première classe à travers le monde pour mettre en place des programmes d’élimination des pauvres.

Ravenholt n’hésitait pas non plus à acheter d’énormes quantités de médicaments contraceptifs et de dispositifs intra-utérins (DIU) non éprouvés, non approuvés, défectueux ou interdits, et à les distribuer pour leur utilisation par ses sous-traitants du mouvement de contrôle démographique sur des millions de femmes du tiers-monde qui ne se doutaient de rien, et dont beaucoup ont souffert ou sont mortes en conséquence. Parmi ces produits figuraient des médicaments et des dispositifs dont l’utilisation avait été déclarée dangereuse par la FDA en Amérique et qui avaient fait l’objet de procès fructueux aux États-Unis en raison de leurs effets néfastes. Ces pratiques ravirent les fabricants de ces équipements.

S’étant ainsi assuré le soutien inconditionnel de l’establishment du contrôle démographique et de plusieurs grandes sociétés pharmaceutiques, Ravenholt fut en mesure de faire pression sur le Congrès pour obtenir des crédits toujours plus importants afin de poursuivre l’expansion de son empire grandissant.

Son succès fut remarquable. Avant que Ravenholt ne prenne les rênes, les dépenses de l’USAID pour le contrôle des populations représentaient moins de 3 % de ce que l’agence dépensait pour les programmes de santé dans les pays du Tiers-Monde. En 1968, Ravenholt disposait d’un budget de 36 millions de dollars, contre 130 millions de dollars pour les programmes de santé de l’USAID. En 1972, le financement du contrôle démographique par Ravenholt était passé à 120 millions de dollars par an, avec des fonds prélevés directement sur le budget de l’USAID consacré à la prévention des maladies et à d’autres initiatives de soins de santé, qui fut en conséquence ramené à 38 millions de dollars. En cinq ans à peine, le programme américain d’aide extérieure non militaire était passé d’une mission de miséricorde à une agence d’élimination humaine.

En 1968, Robert McNamara, fervent partisan du contrôle démographique, démissionna de son poste de Secrétaire à la Défense pour prendre la présidence de la Banque Mondiale. De cette position, il fut en mesure de dicter une nouvelle politique, subordonnant les prêts de la Banque Mondiale aux pays du Tiers-Monde à la soumission de leurs gouvernements au contrôle démographique, avec des quotas annuels de stérilisation fixés par les experts de la Banque Mondiale. A court d’argent et lourdement endettés, de nombreux pays pauvres éprouvèrent de grandes difficultés à résister à cette pression. Cela renforça considérablement la position de Ravenholt.

La destruction du village

Dès son entrée en fonction en janvier 1969, la nouvelle administration Nixon chercha à faire avancer le programme de contrôle démographique. Répondant au lobbying du général William H. Draper, Jr, ancien sous-secrétaire d’État à l’armée et grand alarmiste de la surpopulation, Nixon autorisa le gouvernement américain à soutenir la création du U.N. Fund for Population Activities (Fonds des Nations unies pour les activités en matière de population – UNFPA). Par le biais de cette organisation, de vastes fonds américains supplémentaires allaient être déversés dans l’entreprise mondiale de contrôle démographique, leur source étant camouflée afin de faciliter leur acceptation par les gouvernements dont les dirigeants devaient maintenir une posture populiste en opposition à l' »impérialisme yankee ». Bien que les États-Unis fussent son principal bailleur de fonds, l’UNFPA servit également à acheminer d’importants fonds supplémentaires de contrôle démographique en provenance des pays européens, du Canada et du Japon, qui représentaient collectivement environ la moitié de l’effort américain.

Allant encore plus loin, le président Nixon créa en 1970 la Commission on Population Growth and the American Future (Commission sur la croissance démographique et l’avenir de l’Amérique), présidée par John D. Rockefeller III, partisan de longue date du contrôle démographique. Dans son rapport de 1972, Rockefeller évoquait, comme on pouvait s’y attendre, la menace de la croissance démographique américaine et appelait à un large éventail de mesures de contrôle démographique pour éviter le danger supposé d’une multiplication incontrôlée des populations dépendantes de l’aide sociale, des criminels ou d’autres populations financièrement lourdes. Comme on pouvait s’y attendre aussi, le rapport donna lieu à des dizaines de titres de journaux et d’articles de fond dans les magazines, qui contribuèrent à consolider le consensus sur le contrôle démographique. Le rejet politique par Nixon de l’une des recommandations de la commission – l’avortement sur demande financé par le gouvernement – ne fit que renforcer l’image « progressiste » de la commission malthusienne de Rockefeller.

Mais le principal intérêt de Nixon pour le contrôle démographique était sa valeur supposée en tant qu’arme de guerre froide. Le président confia à Henry Kissinger, son Conseiller à la Sécurité Nationale et Secrétaire d’Etat, le soin de mener une étude secrète sur le rôle des mesures de contrôle démographique dans la lutte contre le communisme mondial. Kissinger réunit un groupe d’experts issus du National Security Council (NSC, Conseil national de sécurité), de la Central Intelligence Agency (CIA, Agence centrale de renseignement), du Ministère de la Défense, du Ministère des Affaires étrangères, de l’USAID et d’autres agences afin d’étudier la question. Le résultat fut publié le 10 décembre 1974 sous la forme d’un document classifié du NSC intitulé « Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests » (Implications de la croissance démographique mondiale pour la sécurité des États-Unis et leurs intérêts à l’étranger). Ce document – connu sous le nom de National Security Study Memorandum 200 (NSSM 200), ou simplement de rapport Kissinger – constituait le codage du dogme malthusien en tant que doctrine stratégique des États-Unis.

Le NSSM 200 a été déclassifié en 1989 et peut donc aujourd’hui être examiné. En examinant le document, on constate l’état d’esprit nietzschéen de ses auteurs, qui (embrassant implicitement la ligne communiste) considéraient clairement les masses naissantes du monde comme des ennemis probables de l’Amérique, plutôt que comme ses amis, et comme des obstacles potentiels à l’exploitation des richesses du monde, plutôt que comme des clients, des travailleurs et des partenaires commerciaux participant avec l’Amérique à un grand effort collectif pour faire croître et progresser l’économie mondiale. Le mémo plaide en faveur d’un effort de contrôle démographique à l’échelle mondiale, sans qu’il soit possible de remonter jusqu’à ses riches partisans.

Le 26 novembre 1975, le NSSM 200 fut officiellement adopté par l’administration Ford. Un mémo de suivi publié en 1976 par le NSC demandait aux États-Unis d’utiliser le contrôle des approvisionnements alimentaires pour imposer un contrôle démographique à l’échelle mondiale. Il soulignait en outre l’intérêt de recourir au pouvoir dictatorial et à la force militaire pour contraindre les peuples du Tiers-Monde à se soumettre aux mesures de contrôle démographique, ajoutant: « Dans certains cas, une orientation forte a impliqué des incitations telles que la rémunération des personnes acceptant la stérilisation, ou des mesures dissuasives telles que l’octroi d’une faible priorité dans l’attribution des logements ou des écoles aux personnes ayant une famille nombreuse. Une telle orientation est la condition sine qua non d’un programme efficace ».

Sans la moindre justification, mais avec une organisation impeccable, un financement généreux, une direction agressive et le soutien d’une phalange d’opinions respectables, le mouvement de contrôle démographique était désormais inscrit dans la doctrine comme représentant l’intérêt stratégique central de la première superpuissance mondiale. Il était désormais en mesure de faire des ravages à l’échelle mondiale.

Les caractéristiques des programmes de contrôle démographique

Sur les milliards de dollars du contribuable que le gouvernement américain a dépensés pour le contrôle démographique à l’étranger, une partie a été directement dépensée par l’USAID pour ses propres activités sur le terrain, mais la majorité a été blanchie par l’intermédiaire d’une variété d’agences internationales. En raison de ce système de financement indirect, toutes les tentatives visant à contraindre l’empire du contrôle démographique à conformer ses activités aux normes médicales, éthiques, de sécurité ou de respect des droits de l’homme acceptées se sont révélées futiles. Au contraire, au mépris des lois adoptées par le Congrès pour tenter de corriger la situation, ce qui a été et continue d’être perpétré aux frais de l’État est une atrocité d’une ampleur si vaste et si variée qu’elle défie presque toute description. Néanmoins, il vaut la peine d’essayer de donner aux lecteurs une idée du crime qui est commis avec leur argent. Avant de décrire quelques études de cas, examinons les principales caractéristiques manifestées par la quasi-totalité des campagnes.

Tout d’abord, il s’agit d’une dictature du haut vers le bas. En défendant leur action auprès des Américains, l’USAID et ses bénéficiaires affirment qu’ils offrent aux femmes du Tiers-Monde un « choix » en matière d’accouchement. Il n’y a rien de vrai dans cette affirmation. Comme l’a souligné Betsy Hartmann, une féministe libérale qui critique ces programmes, dans son livre Reproductive Rights and Wrongs (Droits et torts en matière de reproduction) publié en 1995, « le droit d’une femme à choisir » doit nécessairement inclure la possibilité d’avoir des enfants – précisément ce que les campagnes de contrôle démographique lui refusent. Plutôt que d’offrir un « choix » aux individus, l’objectif de ces campagnes est de priver des populations entières de leur capacité à se reproduire. Pour ce faire, les gouvernements nationaux, eux-mêmes soumis à la pression de l’USAID ou de la Banque Mondiale, fixent des quotas de stérilisation, de pose de stérilets ou d’autres procédures similaires qui doivent être imposées à la population concernée par leur propre fonction publique. Les fonctionnaires qui atteignent ou dépassent leurs quotas d' »acceptants » sont récompensés; ceux qui ne le font pas sont sanctionnés.

Deuxièmement, ces programmes sont malhonnêtes. Les fonctionnaires employés dans le cadre des programmes de contrôle démographique ont pour habitude de mentir à leurs cibles potentielles sur les conséquences des opérations qui seront effectuées sur elles. Par exemple, les paysans du Tiers-Monde s’entendent souvent dire par le personnel gouvernemental chargé du contrôle démographique que les opérations de stérilisation sont réversibles, alors qu’elles ne le sont pas.

Troisièmement, ces programmes sont coercitifs. Les programmes de contrôle démographique prévoient régulièrement des « incitations » et/ou des « mesures dissuasives » pour contraindre les « acceptants » à accepter leur « assistance ». Parmi les « incitations » fréquemment utilisées, on trouve la fourniture ou le refus d’une aide financière ou alimentaire aux personnes affamées ou à leurs enfants. Parmi les « mesures dissuasives » employées figurent le harcèlement personnel, le licenciement, la destruction des maisons et le refus de scolarisation, de logement public ou d’assistance médicale aux récalcitrants.

Quatrièmement, ces programmes sont médicalement irresponsables et négligents. Ils utilisent régulièrement des équipements défectueux, non éprouvés, dangereux, expérimentaux ou non approuvés, y compris des équipements dont l’utilisation a été purement et simplement interdite aux États-Unis. Ils emploient également un grand nombre de personnes insuffisamment formées pour effectuer des opérations susceptibles de mettre des vies en danger, ou pour maintenir le matériel médical dans un état supposé stérile ou autrement sûr. En conséquence, des millions de personnes soumises aux interventions de ces opérations de contrôle démographique menées de manière irresponsable ont été tuées. C’est particulièrement vrai en Afrique, où la réutilisation abusive d’aiguilles hypodermiques sans stérilisation dans les cliniques de contrôle démographique a contribué à la propagation rapide de maladies infectieuses mortelles, dont le SIDA.

Cinquièmement, ces programmes sont cruels, insensibles et portent atteinte à la dignité humaine et aux droits de l’homme. Une pratique fréquente est la stérilisation des femmes à leur insu ou sans leur consentement, généralement lorsqu’elles sont affaiblies à la suite d’un accouchement. Cela équivaut à un viol organisé par le gouvernement. Les avortements forcés sont également fréquents. Ces violations des droits de l’homme, ainsi que d’autres, dans le cadre de la campagne de contrôle démographique ont été largement documentées, les populations concernées ayant été victimes en Australie, au Bangladesh, en Chine, au Guatemala, en Haïti, au Honduras, en Inde, en Indonésie, au Kenya, au Kosovo, en Afrique du Sud, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Tibet, aux États-Unis, au Venezuela et au Viêt Nam.

Sixièmement, ces programmes sont racistes. Tout comme le programme mondial de contrôle démographique représente une tentative des gouvernements (dirigés par des Blancs) des États-Unis et des anciennes puissances impériales d’Europe de réduire les populations non blanches dans le Tiers-Monde, dans chaque nation ciblée, le groupe dirigeant local a généralement utilisé le programme de contrôle démographique pour tenter d’éliminer les personnes qu’il méprise. En Inde, par exemple, les hindous de la caste supérieure au pouvoir ont concentré leurs efforts de contrôle démographique sur l’élimination des intouchables de la caste inférieure et des musulmans. Au Sri Lanka, les Cinghalais au pouvoir ont pris pour cible les Tamouls hindous en vue de leur extermination. Au Pérou, les descendants hispanophones des conquistadors ont orienté le programme de contrôle démographique du pays vers l’objectif d’endiguer la reproduction des indigènes non hispaniques de couleur sombre. Au Kosovo, les Serbes ont utilisé le contrôle démographique contre les Albanais, tandis qu’au Viêt Nam, le gouvernement communiste a ciblé l’effort de contrôle démographique contre la minorité ethnique des Hmongs, anciens alliés de guerre de l’Amérique. En Chine, les minorités tibétaines et ouïgoures sont devenues des cibles privilégiées de l’effort de contrôle démographique du gouvernement, des multitudes de ces dernières ayant été rassemblées pour subir des avortements et des stérilisations forcés. En Afrique du Sud, sous le régime de l’apartheid, l’objectif du programme gouvernemental de contrôle démographique allait de soi. Dans divers États d’Afrique noire, la tribu qui tient les rênes du pouvoir oriente régulièrement la campagne démographique vers l’élimination de ses rivaux tribaux traditionnels. Il n’y a rien de surprenant à cela. Le malthusianisme a toujours été étroitement lié au racisme, car le désir de contrôler la population repose sur la haine des autres.

Le programme de contrôle démographique a été mis en œuvre dans plus d’une centaine de pays. Bien qu’il ne soit pas possible de fournir ici des comptes rendus détaillés des efforts déployés dans chacun d’entre eux, examinons à présent trois des cas les plus importants et les plus flagrants.

Inde

Depuis l’époque de Malthus, l’Inde a toujours été une cible privilégiée pour les contrôleurs de population en puissance. Les administrateurs coloniaux britanniques et les brahmanes de haute caste qui leur ont succédé au pouvoir après l’indépendance en 1947 considéraient les « masses grouillantes » des classes inférieures de la nation avec crainte et dédain. Le Parti du Congrès de Jawaharlal Nehru (qui a contrôlé le gouvernement national de l’Inde pendant les trois premières décennies sans interruption) avait été fortement influencé par les contacts qu’il avait eus, avant l’indépendance, avec la Fabian Society britannique pro-malthusienne. Des membres notables de l’élite indienne, comme l’influente et redoutable Lady Rama Rau, avaient été attirés par les idées de l’eugéniste Margaret Sanger, fondatrice de Planned Parenthood. Ainsi, dans les années 1950 et au début des années 1960, le gouvernement indien autorisa des organisations telles que le Population Council, la Fondation Ford et la Fédération internationale pour le planning familial à s’installer à l’intérieur des frontières du pays, où elles purent s’employer à réduire la reproduction des Dalits, ou « intouchables », de la nation. Le gouvernement n’a toutefois pas alloué de fonds publics à ces organisations, de sorte que leurs programmes sont restés relativement modestes.

Camp de stérilisation de masse en Inde
© Nick Rain

Les choses changèrent radicalement en 1965, lorsque la guerre avec le Pakistan déstabilisa l’économie du pays, provoquant de mauvaises récoltes et des pertes de revenus. Lorsque le Premier ministre Indira Gandhi – la fille de Nehru – prend ses fonctions en janvier 1966, l’Inde manque de vingt millions de tonnes de céréales et n’a pas les moyens d’acheter des stocks de remplacement sur le marché mondial. Elle n’eut d’autre choix que de se rendre aux États-Unis, chapeau bas, pour quémander une aide alimentaire.

Les États-Unis auraient pu demander beaucoup de choses en retour à l’Inde, comme le soutien du camp occidental dans la guerre froide (l’Inde n’était pas alignée), et en particulier l’effort de guerre dans le Viêt Nam voisin, qui s’intensifiait rapidement. L’un des collaborateurs du président Lyndon Johnson, Joseph Califano, suggéra dans une note au président que les États-Unis s’engagent rapidement à fournir une aide alimentaire afin de s’assurer d’une telle inclinaison pro-américaine. En réponse, il reçut un appel de Johnson l’après-midi même. Le président s’emporta: « Vous avez perdu la tête, bordel ? » Il déclara en termes très clairs qu’il n’allait pas « gaspiller l’aide étrangère dans des pays qui refusent de s’occuper de leurs propres problèmes démographiques ».

Indira Gandhi arriva à Washington fin mars et rencontra d’abord le secrétaire d’État Dean Rusk, qui lui remit un mémo exigeant « un effort massif pour contrôler la croissance démographique » comme condition à l’aide alimentaire. Puis, le 28 mars 1966, elle rencontra le président en privé. Il n’existe aucune trace de leur conversation, mais il est évident qu’elle capitula complètement. Deux jours plus tard, le président Johnson envoya un message au Congrès demandant une aide alimentaire pour l’Inde, notant avec approbation: « Le gouvernement indien estime qu’il ne peut y avoir de solution efficace au problème alimentaire de l’Inde sans contrôle démographique. »

Conformément à l’accord, des quotas de stérilisation et de pose de stérilets furent fixés pour chaque État indien, puis, au sein de chaque État, pour chaque district administratif local. Chaque hôpital du pays vit une grande partie de ses installations réquisitionnées pour des activités de stérilisation et de pose de stérilets. (Les stérilets, fournis au gouvernement indien par le Population Council, n’étaient pas stériles. Dans la province de Maharashtra, 58% des femmes interrogées qui les avaient reçus ressentirent des douleurs, 24% des douleurs intenses et 43% des saignements intenses et excessifs). Les hôpitaux n’ayant pas la capacité de respecter les quotas, des centaines de camps de stérilisation furent mis en place dans les zones rurales, gérés par du personnel paramédical ayant reçu une formation d’à peine deux jours. Des quotas minimums furent fixés pour les médecins des camps, salariés de l’État : ils devaient pratiquer 150 vasectomies ou 300 poses de stérilet par mois chacun, sous peine de se voir retirer leur salaire. Des praticiens privés furent également recrutés pour prêter main-forte, avec une rémunération à la pièce: 10 roupies par vasectomie et 5 roupies par pose de stérilet.

Afin d’acquérir des sujets pour ces interventions, le gouvernement indien versa à chaque province 11 roupies par pose de stérilet, 30 par vasectomie et 40 par tubectomie. Ces fonds pouvaient être divisés en fonction du programme de contrôle démographique de chaque gouvernement provincial, une partie allant au personnel du programme, une autre étant dépensée sous forme de commission pour les « motivateurs » freelance, une autre étant versée sous forme d’incitations aux « acceptants », et une autre encore étant affectée à d’autres usages gouvernementaux ou privés par les administrateurs. Les incitations typiques pour les sujets allaient de 3 à 7 roupies pour la pose d’un stérilet et de 12 à 25 roupies pour une stérilisation. Ces sommes peuvent sembler dérisoires – une roupie de 1966 équivaut aujourd’hui à 65 cents – mais à l’époque, 2 à 3 roupies représentaient le salaire journalier d’un ouvrier indien.

Lorsque ces sommes dérisoires ne suffisaient pas à inciter suffisamment de sujets à respecter les quotas, certains États adoptèrent des « mesures incitatives » supplémentaires: Le Madhya Pradesh, par exemple, priva d’eau d’irrigation les villages qui n’atteignaient pas leurs quotas. Face à la famine, des millions de personnes appauvries n’eurent d’autre choix que de se soumettre à la stérilisation. Les formes de coercition employées étant les plus efficaces sur les plus pauvres, le système offrait également un avantage eugénique en éliminant de préférence les intouchables.

Les résultats furent impressionnants. En 1961, le nombre total de stérilisations (vasectomies et tubectomies confondues) effectuées en Inde s’élevait à 105 000. En 1966-67, le total annuel grimpa à 887 000, puis à plus de 1,8 million en 1967-68. Il ne fait aucun doute que LBJ était fier.

Mais bien qu’elle ait ruiné la vie de millions de personnes, la forte augmentation des chiffres de la stérilisation eut peu d’impact sur la trajectoire globale de la croissance démographique de l’Inde. En 1968, Paul Ehrlich écrivait dans « La Bombe Démographique »: « Je n’ai encore rencontré personne de familier de la situation qui pense que l’Inde sera autosuffisante en nourriture d’ici 1971, voire jamais », justifiant ainsi son appel explicitement antihumain selon lequel « nous devons laisser [l’Inde] s’enfoncer dans le gouffre ». Comme pour tant d’autres choses, Ehrlich avait tort; l’Inde parvint effectivement à l’autosuffisance alimentaire en 1971 – non pas grâce au contrôle démographique, mais grâce aux techniques agricoles améliorées de la Révolution Verte. Cela n’avait pas d’importance. Les détenteurs des cordons de la bourse de l’USAID exigèrent des quotas encore plus élevés. Ils les obtinrent. En 1972-1973, le nombre de stérilisations en Inde atteignait trois millions par an.

Puis, à l’automne 1973, l’OPEP lança son embargo pétrolier, quintuplant les prix du pétrole pratiquement du jour au lendemain. Pour les pays riches comme les États-Unis, le choc financier qui en résulta fut sévère. Pour les pays pauvres comme l’Inde, il fut dévastateur. En 1975, la situation en Inde était devenue si grave que le Premier ministre Gandhi déclara l’état d’urgence national et assuma un pouvoir dictatorial. Poussée une fois de plus au désespoir, l’Inde se retrouvait à la merci de la Banque Mondiale, dirigée par l’archi-malthusien Robert S. McNamara. McNamara le dit clairement: si l’Inde souhaitait obtenir davantage de prêts, Gandhi devait utiliser ses pouvoirs pour traiter de manière plus définitive le supposé problème de population de l’Inde. Elle accepta. Au lieu d’incitations, la force serait désormais utilisée pour obtenir le respect de la loi. « Certains droits personnels doivent être mis en suspens », déclara-t-elle, « au nom des droits de l’homme de la nation, du droit à la vie, du droit au progrès ».

Gandhi confia à son fils Sanjay la responsabilité personnelle de la nouvelle offensive démographique. Il s’attela à la tâche avec ardeur. La coercition ouverte devint la règle : la stérilisation était une condition à l’attribution de terres, d’eau, d’électricité, de cartes de rationnement, de soins médicaux, d’augmentations de salaire et de permis de conduire des pousse-pousse. Des quotas furent attribués aux policiers pour qu’ils épinglent les personnes à stériliser. Des escouades de démolition furent envoyées dans les bidonvilles pour raser les maisons – parfois des quartiers entiers – afin que des pelotons de police armés puissent emmener leurs occupants épuisés dans des camps de stérilisation forcée. Rien qu’à Delhi, 700 000 personnes furent chassées de chez elles. Beaucoup de ceux qui échappèrent à la rafle immédiate se virent refuser un nouveau logement jusqu’à ce qu’ils acceptent la stérilisation.

Ces attaques suscitèrent une résistance, et des milliers de personnes furent tuées dans des batailles avec la police, qui utilisait des balles réelles pour faire face aux manifestants. Lorsqu’il apparut que des villages musulmans étaient également visés de manière sélective, le niveau de violence s’accrut encore. Le village de Pipli ne se soumit que lorsque les représentants du gouvernement menacèrent les habitants de bombardements aériens. Comme l’expliqua le directeur du planning familial du Maharashtra: « Il faut voir cela comme une guerre… Qu’on le veuille ou non, il y aura quelques morts ».

Les mesures atteignirent leur but. En 1976, huit millions d’Indiens furent stérilisés. Loin d’être consternés par la violation massive des droits de l’homme commise dans le cadre de cette campagne, les sponsors étrangers exprimèrent leur soutien inconditionnel. La Suède augmenta de 17 millions de dollars son financement pour le contrôle démographique indien. Reimert Ravenholt ordonna l’envoi en Inde de 64 machines laparoscopiques de pointe – suffisantes pour stériliser 12 800 personnes par jour – afin de contribuer à l’effort. Le président de la Banque Mondiale, McNamara, était absolument ravi. En novembre 1976, il se rendit en Inde pour féliciter le gouvernement d’Indira Gandhi pour son excellent travail. « Enfin, » déclara-t-il, « l’Inde prend des mesures efficaces pour résoudre son problème de population ».

Le Premier ministre Gandhi obtint ses prêts. Elle fut également chassée en 1977, lorsque, lors de la plus grande élection démocratique de l’histoire, le peuple indien défia trois décennies de précédents et chassa son parti du Congrès du pouvoir par une victoire écrasante.

Malheureusement, dans la plupart des pays du Tiers-Monde, les gens n’ont pas la possibilité de se protéger contre le contrôle démographique. Tout aussi malheureusement, malgré la chute du gouvernement Gandhi, la pression financière exercée par la Banque Mondiale et l’USAID sur l’Inde pour qu’elle mette en œuvre le contrôle démographique se poursuivit. Au début des années 1980, quatre millions de stérilisations étaient pratiquées chaque année sur les classes défavorisées de l’Inde dans le cadre d’une politique coercitive de deux enfants par famille.

Comme dans l’Inde rurale, les fils sont considérés comme essentiels pour perpétuer la lignée familiale et soutenir les parents dans leur vieillesse, cette limite conduisit de nombreuses familles à chercher des moyens de se débarrasser de leurs filles en bas âge, souvent par noyade, asphyxie, abandon dans les égouts ou les décharges, ou encore incinération sur des bûchers funéraires. Plus récemment, le principal moyen d’éliminer le sexe le moins désirable est devenu l’avortement sélectif, qui a faussé le rapport entre les sexes de telle sorte que 112 garçons naissent pour 100 filles en Inde (bien au-delà du rapport naturel de 103 à 106), le rapport étant encore plus faussé dans certaines régions. Le fait que l’Inde compte aujourd’hui 37 millions d’hommes de plus que de femmes donne une idée de l’ampleur de ces meurtres qui ont été et sont encore pratiqués, ne serait-ce que sous l’aspect de l’avortement sélectif en fonction du sexe.

Pérou

En raison de leur proximité avec les États-Unis, l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud sont depuis longtemps dans la ligne de mire des contrôleurs de population de l’establishment américain de la sécurité nationale. Depuis les années 1960, sous l’impulsion de l’USAID, des programmes brutaux de contrôle démographique ont été mis en œuvre dans presque tous ces pays, du Mexique au Chili. Dans cet article, nous nous concentrerons sur l’un d’entre eux, le Pérou, car l’enquête criminelle menée sur ses principaux responsables a fourni l’une des meilleures documentations sur les abus systématiques qui ont été et continuent d’être perpétrés sous le couvert du contrôle démographique en Amérique Centrale et en Amérique du Sud.

Le Pérou montagneux comprend certaines des régions les moins peuplées de la planète. Ce fait n’a toutefois pas empêché les planificateurs de l’USAID de considérer ces zones rurales comme surpeuplées, ni de financer des programmes destinés à éliminer leur population. Commencés en 1966, ces efforts se poursuivirent à un niveau relativement bas jusqu’aux années 1990, lorsque l’homme fort Alberto Fujimori assuma des pouvoirs quasi dictatoriaux dans le pays.

En 1995, le président Fujimori lança une campagne de stérilisation à l’échelle nationale. Des équipes mobiles de stérilisation furent constituées à Lima, puis déployées dans les campagnes pour organiser des « festivals de ligature » d’une semaine dans un village après l’autre. Avant l’arrivée des équipes de stérilisation, des employés du ministère de la santé étaient envoyés sur place pour harceler les femmes locales et les obliger à se soumettre. Les femmes qui résistaient étaient soumises à des visites répétées à domicile et à de graves violences verbales de la part des fonctionnaires, qui répétaient aux femmes et aux filles autochtones qu’elles ne valaient pas mieux que des « chats » ou des « chiens » parce qu’elles voulaient avoir des enfants. Si cela ne suffisait pas, on disait aux mères que si elles ne se soumettaient pas à la ligature, leurs enfants n’auraient pas droit à l’aide alimentaire du gouvernement.

Les brigades de harcèlement du gouvernement et les membres des unités de stérilisation eux-mêmes fonctionnaient selon un système de quotas, s’efforçant d’atteindre l’objectif national de 100 000 ligatures des trompes par an. Ils étaient payés s’ils atteignaient leurs quotas, mais punis s’ils ne parvenaient pas à obtenir le nombre de femmes à stériliser prévu. En conséquence, de nombreuses femmes entrant dans les cliniques pour accoucher furent stérilisées sans le moindre argument pour obtenir leur permission. Compte tenu de la formation limitée du personnel chargé de la stérilisation (assurée dans de nombreux cas par des experts chinois du contrôle démographique, importés pour l’occasion), des conditions insalubres prévalant lors des « festivals de ligature » dans les villages et de l’absence totale de soins post-opératoires, il n’est pas surprenant que de nombreuses femmes aient souffert de graves complications et que plus d’une soit décédée des suites de leur mutilation.

Alors que le personnel gouvernemental chargé des stérilisations massives était composé de citadins d’origine espagnole, l’écrasante majorité des victimes étaient des indigènes ruraux parlant le quechua et d’origine inca. Il ne s’agit évidemment pas d’une coïncidence. Lorsque Fujimori fut chassé du pouvoir en 2000, le nouveau président, Alejandro Toledo, demanda au Congrès péruvien d’autoriser une enquête sur la campagne de contrôle démographique. Une commission d’enquête, connue sous le nom d’AQV, fut donc créée sous la direction du Dr Hector Chavez Chuchon. L’AQV a remis son rapport à la Commission des Droits de l’Homme du Congrès péruvien le 10 juin 2003.

Selon ce rapport, le gouvernement Fujimori a stérilisé 314 605 femmes en cinq ans. En outre, la campagne de contrôle démographique de Fujimori a « procédé à des stérilisations massives sur des groupes ethniques désignés, au profit d’autres groupes ethniques ou sociaux qui n’ont pas souffert du fléau avec la même intensité … l’action correspond à la définition du crime de génocide ». Le rapport poursuit en dressant un « acte d’accusation constitutionnel » contre Fujimori et divers fonctionnaires de son gouvernement « pour la commission présumée de crimes contre la Liberté Individuelle, contre la Vie, le Corps et la Santé, de Conspiration Criminelle et de Génocide ».

Les principaux bailleurs de fonds de la campagne de génocide de Fujimori étaient l’USAID (qui a ignoré la loi américaine et une enquête du Congrès en 1998 pour continuer à soutenir financièrement cette campagne), l’UNFPA et la Fédération Internationale du Planning Familial.

Chine

En juin 1978, Song Jian, un cadre supérieur chargé de développer des systèmes de contrôle pour le programme chinois de missiles guidés, s’est rendu à Helsinki pour assister à une conférence internationale sur la théorie et la conception des systèmes de contrôle. Pendant son séjour en Finlande, il s’est procuré des exemplaires de The Limits to Growth (Les limites de la croissance) et Blueprint for Survival (Plan de survie) – publications du Club de Rome, source majeure de propagande malthusienne – et a fait la connaissance de plusieurs Européens qui faisaient la promotion de la méthode préconisée dans ces rapports, à savoir l’utilisation de l' »analyse des systèmes » informatisée pour prédire et concevoir l’avenir de l’humanité.

Fasciné par les possibilités offertes, Song retourna en Chine et republia l’analyse du Club sous son propre nom (sans attribution), établissant ainsi sa réputation de penseur brillant et original. En effet, alors que les projections informatiques du Club de Rome sur les pénuries imminentes de ressources, les graphiques montrant le raccourcissement des périodes d’augmentation démographique et les discussions sur les « capacités de charge », les « limites naturelles », les extinctions massives et le « vaisseau spatial Terre » isolé étaient tous des clichés bien connus en Occident en 1978, en Chine, il s’agissait d’idées fraîches et percutantes. En un rien de temps, Song devint une superstar de la science. Saisissant l’occasion de gagner en pouvoir et en importance, il réunit un groupe d’élite de mathématiciens issus de son département et, avec l’aide d’un puissant ordinateur pour fournir les effets spéciaux nécessaires, il rendit un jugement soigneusement calculé selon lequel la taille « correcte » de la population chinoise était de 650 à 700 millions d’habitants, soit 280 à 330 millions de moins que la population réelle de 1978. L’analyse de Song trouva rapidement un écho favorable dans les hautes sphères du Parti Communiste Chinois, car elle prétendait prouver que la raison de la pauvreté persistante de la Chine n’était pas due à trente années de gouvernance désastreuse, mais à l’existence même du peuple chinois. (Pour démontrer la fausseté totale de l’argument de Song, il suffit de noter qu’en 1980, la Corée du Sud voisine, avec une densité de population quatre fois supérieure à celle de la Chine, avait un produit national brut par habitant sept fois plus élevé). Le dirigeant suprême Deng Xiaoping et ses collègues du Comité Central furent également très impressionnés par le babillage informatique pseudo-scientifique utilisé par Song pour habiller sa théorie – qui, contrairement à ses documents sources du Club de Rome en Occident, fut diffusée sans opposition dans les médias techniques et populaires chinois contrôlés par l’État.

Song suggéra aux dirigeants chinois de limiter le nombre d’enfants par famille à un seul, avec effet immédiat. Deng Xiaoping apprécia les propos de Song, et ceux qui auraient pu avoir le pouvoir de s’opposer à la politique de l’enfant unique s’empressèrent de se protéger en s’alignant pour la soutenir. Lors de la conférence de Chengdu sur la population, en décembre 1979, un seul homme courageux, Liang Zhongtang, professeur de marxisme à l’école du parti de la province de Shaanxi, invita ses camarades du parti à réfléchir à la brutalité qu’ils s’apprêtaient à infliger: « Nous avons rendu les souffrances des paysans suffisamment amères sur le plan économique. Nous ne pouvons pas les faire souffrir davantage. » Liang tenta également d’argumenter d’un point de vue pratique. Si nous appliquons cette politique, a-t-il dit, chaque couple marié chinois devra subvenir aux besoins de quatre grands-parents âgés, d’un enfant et de lui-même, ce qui est clairement impossible. Aucun des enfants n’aura de frère ou de sœur, d’oncle ou de tante. Aucun des parents n’aura de parents de sa propre génération pour l’aider en cas de besoin. Le tissu social de la vie du village se désagrégera complètement. Il n’y aura personne pour servir dans l’armée.

Mais ces objections de bon sens furent sans effet. Le mot d’ordre vint bientôt d’en haut : un enfant par famille était désormais la politique de la direction infaillible du Parti, et aucun désaccord ne serait plus toléré.

C’est ainsi que débuta le programme de contrôle démographique le plus radical depuis l’Allemagne nazie. Les contrôleurs démographiques n’avaient plus besoin de recourir à des astuces, des pots-de-vin, des refus de prestations, des festivals de ligature itinérants ou des pelotons de démolition de bidonvilles pour obtenir leurs victimes. Ils disposaient désormais du pouvoir organisé et implacable d’un État totalitaire pour imposer leur volonté, exerçant leur emprise non seulement sur une bureaucratie massive, mais aussi sur des forces policières et militaires gigantesques, une police secrète, de vastes installations pénitentiaires, un contrôle total des médias et des dizaines de millions d’informateurs. Dans « La Bombe Démographique », Paul Ehrlich avait appelé à un contrôle étatique de la reproduction humaine, avec une « régulation obligatoire des naissances ». Douze ans plus tard, le rêve utopique d’Ehrlich était devenu une réalité cauchemardesque pour un cinquième de l’humanité.

Qian Xinzhong, un ancien général de division de l’Armée Populaire de Libération formé en Union Soviétique, fut chargé de la campagne. Il ordonna que toutes les femmes ayant un enfant se fassent poser un stérilet en acier inoxydable et qu’elles soient inspectées régulièrement pour s’assurer qu’elles n’y avaient pas touché. Le retrait du dispositif fut considéré comme un acte criminel. Tous les parents ayant deux enfants ou plus devaient être stérilisés. Aucune grossesse n’était autorisée pour les personnes de moins de 23 ans, qu’elles soient mariées ou non, et toutes les grossesses non autorisées devaient être interrompues. « La naissance d’un troisième enfant n’est en aucun cas autorisée », déclara Qian.

Les femmes qui bravèrent ces injonctions furent enlevées et stérilisées de force. Les bébés étaient avortés jusqu’au neuvième mois de grossesse, et nombre d’entre eux pleuraient lorsqu’ils étaient poignardés à mort au moment de la naissance. Les femmes qui s’enfuyaient pour tenter de sauver leurs enfants furent pourchassées et, si elles ne pouvaient être rattrapées, leurs maisons étaient démolies et leurs parents jetés en prison, où ils restaient jusqu’à ce qu’une rançon de 20 000 yuans – environ trois ans de revenu pour un paysan – soit payée pour leur libération. Les bébés nés de ces fugitifs furent déclarés « enfants noirs », des non-personnes illégales aux yeux de l’État, sans aucun droit à l’emploi, à l’enseignement public, aux soins de santé ou à la procréation.

Les dirigeants de l’UNFPA et de la Fédération Internationale du Planning Familial furent ravis et s’empressèrent d’envoyer de l’argent (fourni principalement par le Département d’État américain) et du personnel pour aider à soutenir la campagne. Les méthodes chinoises étaient si ouvertement brutales que la responsable de l’information de l’IPPF, Penny Kane, exprima son inquiétude – non pas à propos de ce qui était fait à des millions de femmes, de filles et de nourrissons chinois, mais à propos du désastre possible en termes de relations publiques qui pourrait entacher l’image de l’IPPF si les Américains découvraient ce qu’elle faisait. « Des mesures très strictes sont prises pour réduire la population », écrivit Kane depuis la Chine. « Je pense que, dans un avenir assez proche, cette affaire fera les choux gras de la presse, car elle contient tous les ingrédients du sensationnalisme – communisme, planning familial forcé, meurtre de foetus viables, parallèles avec l’Inde, etc. Lorsque l’affaire éclatera, elle sera très difficile à défendre… Nous pourrions avoir beaucoup de mal à gérer la presse et le public si les méthodes chinoises suscitaient une grande agitation ».

Les bébés nés en Chine en dépit de la politique de l’enfant unique sont déclarés « enfants noirs » et n’ont droit ni à la nourriture, ni aux soins de santé, ni à l’éducation. S’ils sont de sexe féminin, ils sont souvent tués, soit à la naissance, soit, s’ils sont appréhendés plus tard, dans les orphelinats où ils sont rassemblés. Ci-dessus, Mei Ming, une fillette de deux ans attachée à une chaise dans une « salle d’agonie ». Le seau placé en dessous d’elle sert à recueillir son urine et ses excréments alors qu’elle mourra de faim et de négligence au cours des prochains jours. La photo ci-dessus a été prise par une équipe de télévision britannique lors du tournage du documentaire The Dying Rooms (1995). Le gouvernement chinois nie l’existence des salles d’agonie.
Avec l’aimable autorisation de Care of China’s Orphaned and Abandoned (Soins aux orphelins et enfants abandonnés de Chine)

Faisant fi des inquiétudes de Mme Kane, l’IPPF intensifia son soutien à la campagne. Conformément à ses craintes, l’affaire commença à éclater dans les pays occidentaux. Le 30 novembre 1981, le Wall Street Journal publia un article de Michele Vink, témoin oculaire de femmes « menottées, attachées avec des cordes ou placées dans des paniers à cochons » alors qu’elles étaient emmenées pour subir des avortements forcés. Selon Mme Vink, les véhicules transportant les femmes vers les hôpitaux de Canton « résonnaient de bruits plaintifs », tandis que des nourrissons non autorisés étaient tués en masse. « Chaque jour, des centaines de fœtus arrivent à la morgue », déclara l’une des sources de Vink.

Le 15 mai 1982, le correspondant étranger du New York Times, Christopher Wren, publiait un article encore plus dévastateur. Il rapportait des histoires de milliers de femmes chinoises « rassemblées et forcées à avorter », des récits de femmes « enfermées dans des cellules de détention ou traînées devant des rassemblements de masse et haranguées pour qu’elles consentent à l’avortement », ainsi que des « vigiles [qui] enlevaient des femmes enceintes dans la rue et les traînaient, parfois menottées ou ligotées, jusqu’à des cliniques d’avortement ». Il citait un journaliste chinois qui décrivait « des bébés avortés qui pleuraient à la naissance ». L’horreur devint si évidente qu’elle ne pouvait plus être niée. En 1983, les journaux chinois eux-mêmes publiaient des articles sur « le dépeçage, la noyade et l’abandon à la mort d’enfants de sexe féminin, ainsi que sur les mauvais traitements infligés aux femmes qui avaient donné naissance à des filles ».

Insensible à la couverture médiatique, Qian redoubla d’efforts. Les responsables locaux du Parti Communiste reçurent des quotas de stérilisations, d’avortements et de poses de stérilets. S’ils les dépassaient, ils pouvaient être promus. S’ils ne les atteignaient pas, ils étaient exclus du Parti en disgrâce. Ces mesures garantirent des résultats. En 1983, 16 millions de femmes et 4 millions d’hommes furent stérilisés, 18 millions de femmes se virent poser un stérilet et plus de 14 millions d’enfants furent avortés. Par la suite, ces chiffres se maintinrent, le total combiné des avortements forcés, des implantations de stérilets et des stérilisations dépassant les 30 millions par an jusqu’en 1985.

Pour célébrer les réalisations de Qian, l’UNFPA lui décerna en 1983 (en même temps qu’à Indira Gandhi) le premier Prix de la Population des Nations Unies, accompagné d’un diplôme, d’une médaille d’or et d’une somme de 25 000 dollars en espèces. Dans un discours de félicitations prononcé lors de la cérémonie de remise du prix à New York, le Secrétaire général des Nations unies, Javier Pérez de Cuéllar, déclara : « Compte tenu du fait que la Chine et l’Inde abritent plus de 40% de l’humanité, nous devons tous exprimer notre profonde appréciation de la manière dont leurs gouvernements ont rassemblé les ressources nécessaires pour mettre en œuvre des politiques démographiques à grande échelle. » Qian se leva et promit de continuer à « contrôler la quantité de population et à améliorer la qualité de la population ». Les Nations Unies ne furent pas les seules à exprimer leur reconnaissance. La Banque Mondiale exprima ses remerciements de la manière la plus sincère qui soit, c’est-à-dire avec de l’argent, en accordant à la Chine 22 milliards de dollars de prêts en 1996.

Étant donné l’importance suprême pour les familles rurales chinoises d’avoir un fils, à la fois pour s’occuper des parents âgés et pour perpétuer la lignée et honorer les ancêtres de la famille, de nombreux paysans ne pouvaient tout simplement pas accepter d’avoir une fille comme unique enfant. Le pic d’infanticides féminins qui en résulta n’était peut-être pas particulièrement inquiétant pour les autorités en soi, compte tenu de leur attitude à l’égard des questions de cette nature, mais l’effondrement total de la société qu’il trahissait l’était. Face à cette réalité, en 1988, le gouvernement de certaines provinces fit un petit compromis et accepta que les couples dont le premier enfant était une fille puissent essayer une fois de plus d’avoir un fils – à condition qu’il n’y ait pas de naissances non autorisées ou d’autres violations de la politique démographique par quiconque dans le village du couple au cours de l’année en question. Cette « réforme » a eu pour effet salutaire – du point de vue totalitaire – de détruire la solidarité paysanne, qui avait permis de protéger les femmes locales qui accouchaient dans la clandestinité. Au lieu de cela, la pression hystérique du groupe se mobilisa contre ces rebelles, tous les habitants du village se transformant en espions du gouvernement pour surveiller leurs voisins contre d’éventuelles infractions.

Le meurtre des filles se poursuivit cependant à un rythme soutenu. Entre 2000 et 2004, près de 1,25 garçon naissait pour chaque fille, ce qui signifie qu’un cinquième des bébés filles en Chine étaient soit avortées, soit assassinées. Dans certaines provinces, la fraction éliminée atteignait même la moitié.

Le terrible bilan

En 1991, Nafis Sadik, directrice de l’UNFPA, se rendit en Chine pour féliciter les oligarques de la République Populaire pour leur excellent programme qui, à l’époque, avait déjà stérilisé, implanté des stérilets ou pratiqué des avortements sur quelque 300 millions de personnes. « La Chine a toutes les raisons d’être fière et satisfaite des résultats remarquables obtenus dans le cadre de sa politique de planification familiale et de contrôle de la croissance démographique au cours des dix dernières années », déclara-t-elle. « Le pays pourrait maintenant offrir son expérience et ses experts pour aider d’autres pays… L’UNFPA va employer certains [des experts chinois en planning familial] pour travailler dans d’autres pays et populariser l’expérience de la Chine en matière de contrôle de la croissance démographique et de planning familial ».

Sadik tint sa promesse. Avec l’aide de l’UNFPA, le modèle chinois de contrôle de la population fut mis en œuvre dans sa quasi-totalité au Vietnam, et utilisé pour renforcer l’efficacité brutale des efforts anti-humains dans de nombreux autres pays, du Bangladesh au Sri Lanka, en passant par le Mexique et le Pérou.

Entre-temps, de nombreux autres pays ont connu des histoires tout aussi sinistres. Le programme indonésien de contrôle démographique était étendu et coercitif ; Betsy Hartmann a relaté un cas en 1990 dans lequel « des travailleurs du planning familial accompagnés par la police et l’armée sont allés de maison en maison et ont emmené des hommes et des femmes à un endroit où des stérilets étaient posés. Les femmes qui refusaient se voyaient poser des stérilets sous la menace d’une arme ». L’engagement de longue date du gouvernement indonésien en faveur du contrôle de la population signifiait que les autres domaines des soins de santé n’étaient pas prioritaires, ce qui explique pourquoi le taux de mortalité infantile du pays est deux fois plus élevé que celui de la Malaisie et de la Thaïlande voisines.

La mauvaise répartition des ressources sanitaires limitées est encore plus évidente en Afrique subsaharienne. Les professionnels de la santé et les programmes qui devraient être consacrés à la lutte contre le paludisme et d’autres maladies mortelles le sont plutôt au contrôle démographique. Comme l’a écrit en 1997 le Dr Stephen Karanja, ancien secrétaire de l’Association Médicale Kenyane:

Notre secteur de la santé s’est effondré. Des milliers de Kenyans mourront du paludisme, dont le traitement ne coûte que quelques centimes, dans des établissements de santé dont les étagères sont remplies à ras bord de pilules, de stérilets, de Norplant, de Depo-Provera, etc. d’une valeur de plusieurs millions de dollars, dont la plupart sont fournis avec de l’argent américain… Des salles d’opération spéciales, entièrement équipées et ne manquant pas d’instruments, sont ouvertes dans les hôpitaux pour la stérilisation des femmes. Dans ces mêmes hôpitaux, les interventions chirurgicales d’urgence ne peuvent être pratiquées faute d’instruments et de fournitures de base.

Lors d’une interview en 2000, Karanja poursuivait: « On ne peut pas faire d’opérations parce qu’il n’y a pas d’équipement, pas de matériel. La salle d’opération ne fonctionne pas. Mais s’il s’agit d’une stérilisation, la salle est équipée ». Pire encore, comme Steven Mosher l’a affirmé dans son livre Population Control, il y a de bonnes raisons de croire que les 100 millions d’aiguilles hypodermiques expédiées en Afrique depuis les années 1990 pour l’injection de médicaments contraceptifs ont été l’une des principales causes de la terrible épidémie de sida qui sévit sur le continent et qui a fait des dizaines de millions de morts, avec près de deux millions de morts supplémentaires attendues cette année, l’année prochaine et pour les années à venir. [NdT. comptage très surévalué]

Dans le monde entier, le mouvement de contrôle démographique s’est traduit par des milliards de vies perdues ou ruinées. Nous ne pouvons pas nous contenter de réfuter la pseudo-science et de relater les crimes des contrôleurs démographiques. Nous devons également exposer et confronter l’idéologie antihumaniste sous-jacente. Si l’on accepte l’idée que les ressources mondiales sont fixes et qu’il n’y en a que pour un certain nombre, alors chaque nouvelle vie est indésirable, chaque acte ou pensée non réglementé est une menace, chaque personne est fondamentalement l’ennemie de toute autre personne, et chaque race ou nation est l’ennemie de toute autre race ou nation. Le résultat ultime d’une telle vision du monde ne peut être que la stagnation forcée, la tyrannie, la guerre et le génocide. Les crimes horribles préconisés ou perpétrés par les adeptes de l’antihumanisme au cours des deux derniers siècles le prouvent de manière irréfutable. Ce n’est que dans un monde aux ressources illimitées que tous les hommes peuvent être frères.

C’est pourquoi nous devons rejeter l’antihumanisme et adopter une éthique fondée sur la foi en la capacité de création et d’invention de l’homme. Ce faisant, nous affirmons que nous ne vivons pas à la fin de l’histoire, mais au début de l’histoire; que nous croyons à la liberté et non à l’enrégimentement; au progrès et non à l’immobilisme; à l’amour plutôt qu’à la haine; à la vie plutôt qu’à la mort; à l’espoir plutôt qu’au désespoir.


Robert Zubrin est l’un des rédacteurs de New Atlantis. Cet essai est adapté de son nouveau livre – le dernier volume de notre série New Atlantis BooksMerchants of Despair: Radical Environmentalists, Criminal Pseudo-Scientists, and the Fatal Cult of Antihumanism (Les marchands de désespoir: les écologistes radicaux, les pseudo-scientifiques criminels et le culte fatal de l’antihumanisme).

Robert Zubrin, « The Population Control Holocaust », The New Atlantis, numéro 35, printemps 2012, pp. 33-54.

La réalité de l’avortement tardif.

Source.


Traduction

La réalité de l’avortement tardif

Blogueuse invitée

24 octobre 2016

J’ai subi une procédure d’avortement tardif.

Bien que je sois quelqu’un de très discret, je ne peux plus me taire.

Je suis en colère de voir qu’il y a des femmes à qui on ne dit pas la vérité sur l’avortement. Je suis furieuse, en fait. J’ai vu de mes propres yeux la destruction que provoquent les mensonges qui entourent l’avortement.

Après que le cœur de mon bébé ait cessé de battre à la fin de ma grossesse, mon médecin m’a envoyée dans une clinique d’avortement de Los Angeles pour y subir une procédure appelée dilatation et extraction. Au départ, je n’avais aucune idée que mon médecin m’avait envoyée dans une clinique d’avortement. Je n’ai vu aucun « signe » à mon arrivée, car la clinique ressemblait à un cabinet médical ordinaire. Le nom « avortement » n’apparaissait nulle part sur les affiches ou les brochures. Vous me trouverez peut-être naïve, mais mon mari et moi étions plongés dans la brume du chagrin et certaines choses ont pu nous échapper. Ce n’est que lorsque je suis sortie après le premier jour de la procédure de deux jours et que j’ai été abordée par des manifestants à l’extérieur de la clinique que j’ai pleinement réalisé où j’étais. J’ai réalisé que j’allais subir une procédure d’avortement (sauf que le cœur de mon bébé avait déjà cessé de battre).

Nous avons passé cette nuit-là à parler au téléphone avec mes médecins et notre compagnie d’assurance, pour essayer de les convaincre de m’envoyer ailleurs. J’étais déjà bouleversée par la perte de notre enfant et je ne pouvais même pas imaginer accoucher dans un endroit qui avait pour vocation de mettre fin à la vie de bébés. En fin de compte, je n’ai pas eu le choix. Les médecins n’ont pas voulu m’envoyer ailleurs et on m’a dit que je tomberais malade si je ne suivais pas le reste de la procédure le lendemain. Dans notre chagrin, nous étions incapables de penser clairement et de trouver un moyen de nous battre. C’est donc avec beaucoup d’appréhension que nous nous sommes rendus à la clinique le lendemain, bien que désemparés et en état de choc.

On m’a fait entrer dans une salle d’attente où les autres femmes étaient assises en attendant de subir leur intervention. Il n’y avait que ces femmes – pas d’amies, de partenaires de soutien ou d’infirmières. C’était une pièce fermée et nous étions libres de parler. Elles ont partagé leurs histoires et leurs raisons de subir un avortement tardif. J’étais la curiosité dans cette pièce – la seule qui n’avait pas choisi d’être là. Il régnait entre elles un air de calme et de convivialité. Assise là, mon esprit s’emballait et j’essayais de trouver les mots pour les supplier de ne pas le faire. Mais il était déjà trop tard. Elles avaient déjà reçu une injection pour arrêter les battements du cœur de leurs bébés. Leurs bébés étaient déjà morts.

Une par une, nous avons été appelées dans la salle d’opération. Lorsque mon tour est arrivé et que j’ai été préparée pour l’opération, le médecin m’a parlé d’une voix douce et m’a laissé entendre que tout irait bien une fois l’opération terminée. J’imagine qu’il disait ça à toutes les patientes. Les infirmières m’ont souri et tapoté la main pour me rassurer, m’apaisant de leurs tendres regards.

Quand je me suis réveillée dans la salle de réveil, ce fut au son de pleurs. L’air de calme et de sérénité qui régnait entre nous avait disparu. Les propos des femmes qui m’entouraient étaient d’une tristesse inimaginable. Je pouvais entendre la détresse dans leurs voix. Le regret. La douleur.

 » Rendez-moi mon bébé! Rendez-moi mon bébé! S’il vous plaît! »

J’ai parlé à la fille qui a dit ça, je lui ai dit que son bébé était au paradis. Elle n’avait pas à s’inquiéter pour lui. Mais comme ces mots ont dû paraître dérisoires dans une telle situation! On dit à une femme que sa décision de mettre fin à sa grossesse est courageuse. Forte. Sage. L’option la plus facile. Le bon choix. SON choix. Ces mots, façonnés en de douces étoffes, l’entraînent dans une clinique qui prétend être de son côté. Mais alors que la fille à côté de moi était allongée sur le lit, ces mots soyeux se sont transformés en pierres qui la bombardaient. Ces mots se moquaient de sa douleur, sonnaient faux devant la réalité.

Une infirmière a entendu mes mots et s’est interposée entre nous, fermant le rideau pour bloquer notre échange. Dans le claquement sec et bruyant du tissu, j’ai perçu de la censure.

La femme derrière le rideau n’était pas la seule à être affectée par ces discours trompeurs; les cris que j’entendais des autres autour de nous me disaient qu’elles aussi étaient ébranlés par ces discours.

Après la salle de réveil, on nous a conduites dans une salle séparée où nous avons dû attendre une heure avant de pouvoir être libérées. Nous nous tordions de douleur, mais le mieux que les infirmières pouvaient nous offrir était du Tylenol. Les sourires amicaux de la salle d’opération avaient disparu. Nous avions l’impression d’être des gêneuses, qui imploraient un soulagement qu’elles ne pouvaient pas nous donner. On nous répondait sèchement, on nous disait de nous taire ou on nous ignorait tout simplement. Un autre mensonge est apparu à ces femmes: l’avortement EST extrêmement douloureux physiquement, surtout dans les derniers stades.

Ce qui est arrivé à ces femmes est grave. En entrant dans cette clinique, elles ne se sont pas dit qu’elles couraient un grand risque de souffrir de troubles psychiatriques à vie, notamment de pensées suicidaires, du syndrome de stress post-traumatique et de dépression. Ni mon dossier d’admission ni mon dossier de sortie ne mentionnaient cette possibilité. Ils ne mentionnaient pas non plus mon risque accru d’infertilité et de fausse couche lors de mes futures grossesses. Je pense que les risques réels (dont ceux-ci ne représentent qu’une partie) sont enterrés sous un langage conçu pour cacher les ravages très réels que l’avortement peut causer aux femmes. La douleur est qualifiée d' »inconfort » et la tristesse et la dépression ne sont même pas mentionnées (ce qui est ridicule car ils savent très bien que la manipulation des hormones découlant de l’interruption d’une grossesse par un accouchement ou un avortement expose les patientes à un risque réel de dépression post-partum). Oublier de le mentionner aux femmes relève presque du crime.

Laissons de côté pour l’instant toute discussion sur la culpabilité et concentrons-nous sur le fait qu’il existe des mensonges systémiques qui persuadent les femmes que l’avortement n’est pas un meurtre, qu’il est relativement facile et pas insupportablement douloureux. L’expérience que j’ai vécue à la clinique d’avortement ce jour-là m’a fait découvrir l’angoisse très réelle que l’avortement provoque chez les femmes. Je crois sincèrement que plusieurs des femmes qui se trouvaient à la clinique avec moi ce jour-là n’y seraient jamais entrées si on leur avait présenté une image parfaitement honnête de l’avortement.

Je poursuivrai mon combat pour faire connaître cette vérité. Nous devons tous le faire. Si nous nous soucions vraiment des femmes et de leur bien-être, elles doivent connaître les effets durables et traumatisants de l’avortement. Il y a des gens qui veulent « défendre les droits des femmes à prendre leurs propres décisions en matière de santé », et pourtant ils veulent que ces femmes prennent ces décisions sur la base d’informations fausses ou à moitié cachées. Dans le meilleur des cas, ce n’est ni aimant ni honnête. Il existe bel et bien une guerre contre les femmes, et elle est menée par ceux-là mêmes qui prétendent les aimer le plus.

Le post invité d’aujourd’hui nous vient d’une mère de quatre enfants qui soutient le projet Guiding Star.


Texte original

The Truth About Late Term Abortion

Guest Blogger

October 24, 2016

I had a late-term abortion procedure.

Although I’m a very private person, I can’t keep silent any more.

I’m mad that there are women who are not told the truth about abortion. I’m furious, actually. I saw firsthand the destruction caused by the lies about abortion.

After my baby’s heart stopped beating late in my pregnancy, I was sent by my doctor to an abortion clinic in Los Angeles to have the procedure known as a Dilation and Extraction. I had no idea beforehand that my doctor had sent me to an abortion clinic. There were no “tells” once I arrived since it looked just like a regular doctor’s office. The name “abortion” wasn’t anywhere on any placards or brochures. You can call me naive, but my husband and I were in the haze of grief and some things may have gone unnoticed. It wasn’t until I left the first day of the two-day procedure and was approached by protesters outside of the clinic that I fully realized where I was. I realized I was going to go through the abortion process (except that my baby’s heart had already stopped beating).

We spent that night on the phone talking with my doctors and our insurance company, trying to convince them to send me elsewhere. I was already distraught over the loss of our child and I couldn’t even fathom delivering in a place designed to end babies’ lives. In the end, I had no choice. The doctors would not refer me elsewhere and I was told I would get sick if I didn’t go through with the rest of the procedure the next day. In our grief, we were unable to think clearly and find a way to fight this. So with great trepidation we went to the clinic the next day, albeit numb and in a state of shock.

I was ushered into a waiting room where the other women sat as they waited to go in for their procedures. It was just us women – no friends, support partners, or nurses. It was a closed room and we were free to talk. They shared their stories and their reasons for undergoing their late abortions. I was the novelty in the room – the only one there who didn’t choose to be. There was an air of calm and friendliness among them. As I sat there, my mind raced as I tried to find the words to beg them not to go through with it. But, it was already too late. They had already had the shot to stop their babies’ heartbeats. Their babies were already gone.

One by one, we were called into the operating room. When it was my turn and I was prepped for surgery, the doctor spoke to me in a kind voice and intimated that all would be just fine once this was done. I imagine he told all the patients that. The nurses smiled at me and patted my hand to reassure me, soothing me with their gentle eyes.

When I woke up in the recovery room, it was to the sound of weeping. Gone was the air of easy calm among us. The things I heard from the women surrounding me were unimaginably sad. I could hear the shock in their voices. The regret. The pain.

“I want my baby back! I just want my baby back! Please!”

I spoke to the girl who said this, telling her that her baby was in heaven. She didn’t have to worry for him. But how flimsy these words must have sounded in the face of such a situation! A woman is told that her decision to end her pregnancy is brave. Strong. Wise. The easiest option. The right choice. HER choice. These words, fashioned into soft scarves, pull her into a clinic that claims to stand beside her. But as the girl next to me laid there on the bed, those silken words hardened into stones that now pelted her. Those words mocked her pain, proving false in the face of reality.

A nurse heard my words and stepped between us, shutting the curtain to block our interactions. I felt the censure in the brisk, loud snap of the material.

The woman behind the curtain wasn’t the only one affected by these misleading narratives; the cries that I heard from the others around us told me that they too were reeling because of them.
After the recovery room, we were led to a separate room where we had to wait an hour before we could be released. We were all writhing in pain, but the best that the nurses could offer was Tylenol. Gone were the friendly smiles from the surgery suite. We felt like we were now annoyances, begging for relief when they couldn’t give us any. We received choppy answers, were told we needed to be quiet, or were simply ignored altogether. Yet another lie revealed itself to these women: abortion IS extremely physically painful, especially in the later stages.

What happened to these women matters. They didn’t enter into that clinic under the assumption that they were putting themselves at great risk of lifelong psychiatric disturbances including suicidal thoughts, Post Traumatic Stress Disorder, and depression. Neither my admission nor discharge paperwork mention the possibility. It also failed to mention my increased risk of infertility and miscarriage with future pregnancies. I believe that the real risks (of which these are just a few) are buried under language crafted to hide the very real devastation that abortion can cause women. Pain is called “discomfort” and sadness and depression aren’t even mentioned (which is ludicrous as they are very aware that the manipulation of hormones stemming from ending a pregnancy through delivery or abortion puts patients at a very real risk of postpartum depression). It seems almost criminal to forgo the mention of this to women.

Let’s set aside any discussion of culpability for the time being and focus on the fact that there are systemic lies that persuade women that abortion is not murder, and that it’s relatively easy and not unbearably painful. My experience at the abortion clinic that day introduced me to the very real anguish that abortion brings to women. I truly believe that several of the women at the clinic with me that day would not have entered the clinic if they had received a thoroughly honest portrayal of abortion.

I will continue my fight to get this truth out. We all must do this. If we really care for women and their well-being, they must know about abortion’s lasting and traumatizing effects. There are people that want to “defend women’s rights to make their own health care decisions”, and yet they want these women to make these decisions based on false or half-hidden information. This is neither loving nor honest, at best. There is indeed a war on women, but it’s being waged by the very ones who claim to love them most.

Today’s guest post comes from a mother of four and Guiding Star Project supporter.

L’avortement, “un dogme tabou qui repose sur le sable du mensonge” – par Grégor Puppinck.

Source.


L’avortement, “un dogme tabou qui repose sur le sable du mensonge”

par Grégor Puppinck, Expert.

Grégor Puppinck est Directeur de l’ECLJ. Il est docteur en droit, diplômé des facultés de droit de Strasbourg, Paris II et de l’Institut des Hautes Études Internationales (Panthéon-Assas).

Publié le 8 Juil, 2022

Les députés européens ont voté hier une résolution demandant au Conseil que « le droit à l’avortement soit inscrit dans la charte des droits fondamentaux de l’UE après sa remise en cause aux Etats-Unis » (cf. Le Parlement européen demande d’inscrire l’avortement parmi les « droits fondamentaux »). Dans un discours prononcé au Parlement européen le 5 juillet, Gregor Puppinck dénonçait le mensonge suivant lequel l’avortement est un “droit”.

L’affirmation selon laquelle l’avortement est un droit repose sur le mensonge.

Il y a d’abord le mensonge suivant lequel l’avortement serait un « soin de santé », qu’il serait « sans risque », que sa légalisation réduirait la mortalité maternelle, ou encore que les femmes seraient victimes de « grossesses forcées », comme si la grossesse était une fatalité. Il y a aussi le mensonge suivant lequel il serait impossible de prévenir ni de réduire le recours à l’avortement, ou que l’avortement serait une condition de l’égalité entre les hommes et les femmes. Tous ces mensonges peuvent être aisément dénoncés.

Mais le plus gros mensonge sur l’avortement consiste à dénier jusqu’à l’existence de l’enfant victime de l’avortement. C’est sur ce mensonge que repose le prétendu droit à l’avortement.

C’est l’ignorance de l’enfant qui permet de présenter l’avortement comme un droit de la femme sur son propre corps ; c’est ce que fit la Cour suprême dans l’arrêt Roe v Wade de 1973, et c’était faux, hier comme aujourd’hui. C’est un mensonge grossier car l’avortement est évidemment pratiqué sur un enfant ! C’est lui qui est avorté et non sa mère.

Ce mensonge va même plus loin puisque les promoteurs de l’avortement prennent toujours soin d’éviter d’en parler ouvertement : ils utilisent des périphrases telles que « procédure », « régulation menstruelle », « droit reproductif » ou « droit des femmes » pour ne pas dire « avortement ». Ils n’assument pas la réalité sanglante de ce qu’ils promeuvent.

Ce mensonge se diffuse depuis les lobbys internationaux de l’avortement et les Nations Unies ; il est une condition du droit à l’avortement.

C’est sur ce mensonge que reposait l’arrêt Roe v Wade ; et c’est ce mensonge que la Cour suprême a enfin rejeté dans son récent jugement Dobbs. Il faut le reconnaître, elle a suivi en cela la Cour européenne des droits de l’homme qui avait déjà déclaré que la grossesse et l’avortement ne concernent pas seulement la vie privée de la mère, mais aussi « l’enfant à naître » qu’elle porte, ainsi que le « père potentiel » de l’enfant, et la société (affaires Brüggemann et Boso). C’est parce que l’enfant existe, même s’il n’est qualifié que d’être humain potentiel, que la grossesse et l’avortement dépassent le cadre de la vie privée de la mère.

Plus encore, dans plusieurs affaires importantes, la Cour européenne a fait application de la Convention européenne à l’enfant dès avant sa naissance, en matière de droit à la vie, de respect de la vie privée, et même d’interdiction de la torture concernant la souffrance subie par le fœtus durant l’avortement. Dans plusieurs affaires la CEDH a jugé que la protection accordée par l’Etat au fœtus est justifiée par égard pour les « droits et libertés d’autrui» (affaires Costa et Pavan et Parrillo c Italie). Il en résulte, comme le souligne justement le Juge Pinto de Albuquerque, que « l’embryon est un « autrui », un sujet doté d’un statut juridique ».

C’est cela la raison fondamentale pour laquelle l’avortement ne pourra jamais être un « droit » subjectif : car nul ne peut avoir de droit arbitraire sur l’existence « d’autrui ». C’est aussi ce que déclare la Cour Suprême lorsqu’elle affirme que , « “l’avortement est différent [d’autres pratiques] parce qu’il détruit ce que Roe appelle une “vie potentielle” et ce que la loi [du Mississippi] appelle un “être humain à naître” ».

Il en résulte, comme la Cour européenne l’a dit clairement à plusieurs reprises, que le droit au respect de la vie privée « ne saurait […] s’interpréter comme consacrant un droit à l’avortement » (affaires A, B et C c. Irlande et P. et S. c. Pologne). D’ailleurs, au fil de sa jurisprudence, la Cour européenne a précisé que la Convention ne garantit aucun droit à subir un avortement, ni de le pratiquer, ni même de concourir impunément à sa réalisation à l’étranger. Elle a aussi jugé que l’interdiction de l’avortement ne viole pas, en soi, la Convention européenne. (affaires Silva Monteiro Martins Ribeiro c. PortugalJean-Jacques Amy c. Belgique, Jerzy Tokarczyk c. PologneA, B et C c. Irlande)

Ainsi, il n’existe pas de droit à l’avortement au titre de la Convention européenne des droits de l’homme, pas plus qu’au titre de la Constitution américaine. Cela est certain. D’ailleurs, les nombreux engagements internationaux pris par les États de réduire et de prévenir le recours à l’avortement prouvent que l’avortement n’est pas un droit, car s’il était réellement un droit fondamental, il serait absurde et injuste d’en prévenir l’usage.

Déguiser l’avortement en droit ne change rien à la nature de l’acte.

Il faut comprendre que les droits de l’homme ne sont pas créés par les juges et les parlements : ils préexistent. Les peuples les proclament, les déclarent et les reconnaissent, mais ne les créent pas. Qu’est-ce qu’un droit de l’homme ? C’est la garantie offerte par l’Etat à chaque personne de respecter sa faculté d’accomplir les potentialités de la nature humaine : penser, s’instruire, s’exprimer, prier, s’associer, fonder une famille. Les droits de l’homme ne garantissent pas n’importe quoi, mais protègent l’exercice des facultés humaines par lesquelles nous nous accomplissons en tant qu’êtres humains. Les droits de l’homme sont déduits de la nature humaine, et la protègent.

Mais peut-on dire qu’une femme s’accomplit et s’humanise en avortant l’enfant qu’elle porte ? Certainement pas, les souffrances causées par l’avortement sont là pour le démontrer. Si l’avortement était un droit, il ne ferait pas souffrir.  Entre un droit fondamental et l’avortement, la différence de nature est patente. L’avortement ne pourra jamais être un « droit fondamental », car son objet premier, direct, est un mal : la destruction d’une vie humaine innocente, quelle que soit l’intention ou les raisons de cette destruction. Il ne sert à rien de hurler que l’avortement est un droit pour en faire un droit, ni même de l’inscrire dans la Constitution ou dans la Charte des droits fondamentaux. Cela ne change rien à la réalité de l’acte.

Alors oui, il n’existe pas de droit à l’avortement au titre de la Convention européenne, ni de la Constitution américaine. Mais, en revanche, il existe bien le droit à la vie qui est parfois défini comme garanti dès la conception. Ainsi, la Convention américaine des droits de l’homme dispose que « Toute personne a droit au respect de sa vie. Ce droit doit être protégé par la loi, et en général à partir de la conception. Nul ne peut être privé arbitrairement de la vie ».

À cet égard, la Cour européenne reconnaît que les États peuvent « légitimement choisir de considérer l’enfant à naître comme une personne et protéger sa vie ». Comme la Cour Suprême, la Cour de Strasbourg laisse les États libres de déterminer « le point de départ du droit à la vie » et par conséquent, d’autoriser, ou non, l’avortement (Affaire Vo c France).

Il s’agit là d’une concession faite par le juge pour tolérer juridiquement l’avortement, et elle repose sur un autre mensonge : savoir la distinction fallacieuse entre la réalité de « l’enfant à naître » et la notion juridique de « personne ». Pour permettre l’avortement, la CEDH se déclare incapable « de savoir si l’enfant à naître est une “personne” » alors même qu’elle reconnaît son appartenance « à l’espèce humaine » (affaire Vo c. France ). C’est ce mensonge qui permet aux juges de fermer les yeux sur l’avortement, et de laisser chaque État décider en la matière.

La situation est sensiblement la même, à présent, aux États-Unis où chaque État fédéré peut réguler ou interdire l’avortement.

C’est un progrès par rapport à la situation antérieure, mais ce n’est pas suffisant car la Cour suprême n’accorde pas encore de protection juridique à l’être humain avant la naissance. Il le faudra pourtant, notamment pour interdire les avortements tardifs, que la Cour suprême qualifie de « pratique barbare ».

La route est encore longue pour que la société occidentale reprenne conscience de la valeur de chaque vie humaine, même des plus faibles. Mais déjà, de plus en plus de médecins et de sages femmes refusent de pratiquer l’avortement. Il est de plus en plus évident qu’aspirer et broyer un fœtus, écraser son crâne et le démembrer pour l’extraire, ou lui faire une piqure de poison dans le cœur est un crime. C’est cela la réalité sanglante de l’avortement.

C’est parce que l’avortement est, en soi, un crime que ses promoteurs sont en panique morale depuis l’arrêt de la Cour suprême ; parce que ce crime apparaît au grand jour ; il n’est plus caché derrière le prétendu droit constitutionnel à l’avortement qui leur offrait une caution morale factice.

Ils sont en panique, même en France et en Europe, où la pratique de l’avortement est pourtant très loin d’être menacée. Leur panique révèle leur propre faiblesse, leur insécurité morale. Ils n’ont pas d’argument autres que l’invective et l’apologie de l’avortement.

Ils peuvent voter des résolutions à répétition, consacrer l’avortement comme un droit suprême, censurer les défenseurs de la vie humaine : tout cela ne changera rien. L’avortement restera un acte sanglant, un dogme tabou qui repose sur le sable du mensonge, et qui finira par s’effondrer ; car, à chaque génération nouvelle, les consciences pures de jeunes gens se révoltent contre ce crime qui crie justice au Ciel.

Comment l’OMS est manipulé pour promouvoir l’avortement et le contrôle démographique – par Grégor Puppinck.

Source.


Comment l’OMS est manipulé pour promouvoir l’avortement et le contrôle démographique

par Grégor Puppinck, Expert.

Grégor Puppinck est Directeur de l’ECLJ. Il est docteur en droit, diplômé des facultés de droit de Strasbourg, Paris II et de l’Institut des Hautes Études Internationales (Panthéon-Assas).

Publié le 7 Juil, 2022

Cet article a été initialement publié sur le site internet de l’ECLJ.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Human Reproduction Programme (HRP), ont publié de nouvelles lignes directrices consolidées sur l’avortement au mois de mars 2022 (cf. L’OMS recommande l’avortement à la demande jusqu’au terme). Loin de s’en tenir à leur mission d’assistance et de conseil aux professionnels de la santé, le document promeut une libéralisation complète de l’avortement sans précédent dans le monde : il recommande, entre autres, la légalisation de l’avortement à la demande et sans condition jusqu’au terme de la grossesse (pp. 24 et 28), la réduction de la liberté de conscience des professions médicales (p. 41 et suivantes) et de ne pas informer les parents en cas d’avortement pratiqué sur leur fille mineure (p. 43).

En réponse à de telles recommandations, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) souhaite alerter contre cette instrumentalisation de l’OMS par des acteurs extérieurs militant pour la libéralisation de l’avortement. L’ECLJ est convaincu de l’importance de la mission de l’OMS et de la nécessité d’assurer son indépendance. Pour cela, il est nécessaire de souligner trois points fondamentaux pour comprendre et interpréter la publication de ce document :

  1. Ce document n’a pas de valeur juridique contraignante en droit international, il s’agit de conseils. Il n’a pas été adopté par les Etats, ni par le Secrétariat de l’OMS, mais par un groupe de travail ad hoc de l’OMS composé majoritairement de militants de l’avortement.
  2. La valeur scientifique de ce document est relative et critiquable. Le groupe rédacteur reconnaît ne pas avoir d’études scientifiques probantes et définitives pour soutenir 20 de ses 54 recommandations.
  3. Ce document a été financé et rédigé par des individus connus pour leur militantisme et par de grandes organisations privées et internationales dévouées à la promotion de l’avortement dans le monde. En effet, en 2020, 55 % des ressources du HRP étaient privées avec 20 millions de dollars de la Susan Thompson Buffett Foundation (et 65 % des recettes différées étaient privées avec près de 55 millions de dollars de la Susan Thompson Buffett Foundation)[1]

Ainsi, ces lignes directrices consolidées sur l’avortement sont en réalité un document de promotion de l’avortement, qui instrumentalise l’Organisation des Nations unies à cette fin.

  1. Absence d’autorité juridique contraignante

Ce document n’a pas de valeur juridique contraignante. Réalisé par un groupe d’élaboration des lignes directrices et de nombreux contributeurs extérieurs, il n’a pas été formellement adopté par l’OMS, ni par les Etats membres de l’OMS lors d’une réunion spécifique. Il a été adopté par consensus fin avril 2021 au cours de réunions du Groupe d’élaboration des lignes directrices (p. 136). Le document ne contient pas de date précise d’adoption ni de signature du directeur de l’OMS ou d’un chef de département compétent, comme c’est le cas pour un document ayant une valeur juridique.

Les sources juridiques sur lesquelles les rédacteurs s’appuient pour leurs recommandations légales sont également du « droit mou ». Ce sont des avis, des opinions, des rapports, des décisions ou des recommandations de Rapporteurs spéciaux, de Comités d’experts ou de groupes de travail des Nations unies. Il y a une multiplicité de sources visant à faire oublier un point fondamental de droit international que ce document ne change pas : il n’existe pas de droit international à l’avortement. Aucune convention internationale n’oblige les États à légaliser cette pratique.

  1. Absence de valeur scientifique

Bien que se présentant comme un document d’experts promouvant les avis médicaux les plus fiables, nombre de recommandations sont promues alors même que les études scientifiques invoquées à l’appui ne sont que très peu probantes ou inexistantes. En effet, dans les 54 recommandations du document, l’OMS suggère ou recommande un certain nombre de pratiques. Or, sur les 54 recommandations, il apparaît que dans 20 de celles-ci, ce document recommande ou suggère des pratiques tout en reconnaissant ne pas avoir de preuves directes ou de données scientifiques précises ou avoir peu, voire pas d’éléments scientifiques pour soutenir une telle recommandation ou suggestion.

C’est par opportunité et idéologie que les rédacteurs étendent autant que possible les catégories de personnels susceptibles de pratiquer des avortements, ainsi que les délais, les méthodes et les circonstances pour leur réalisation. Les auteurs du document cherchent à justifier leur position idéologique par la science mais en réalité, dans 37 % de leurs recommandations, ils sont obligés de reconnaître qu’ils n’ont pas d’études spécifiques probantes justifiant leurs recommandations ou suggestions. En outre, 10 des 54 recommandations ne sont pas de nature médicale ou scientifique, mais purement politiques ou idéologiques, telle la recommandation de ne pas informer les parents en cas d’avortement sur une fille mineure, ou le fait de ne pas parler de « femme enceinte », mais de « personne enceinte », conformément à l’idéologie du genre.

Les nouvelles lignes directrices sont promues dans le but officiel « de protéger la santé des femmes et des filles et de contribuer à prévenir plus de 25 millions d’avortements non sécurisés qui se produisent actuellement chaque année. » Cette affirmation est doublement fallacieuse. D’une part, elle repose sur l’idée que l’avortement serait une fatalité qu’il serait impossible de prévenir. Cela est faux. Le recours à l’avortement dépend principalement de facteurs sociaux et culturels comme en témoigne la diversité des taux d’avortement entre les pays. Plus encore, cette affirmation va à l’encontre de l’engagement des Etats pris lors de la Conférence du Caire de 1994 sur la population et le développement de « réduire le recours à l’avortement » et de « prendre des mesures appropriées pour aider les femmes à éviter l’avortement ». Depuis, plusieurs pays sont parvenus à réduire fortement le recours à l’avortement par des politiques sociales, ce qui prouve que cela est possible. Or, toute idée de prévention de l’avortement, de promotion de politiques familiales, de continence ou, en aval, d’aide psychologique et matérielle aux femmes enceintes est absolument absente du document.

Les lignes directrices reposent sur une autre idée fausse selon laquelle l’avortement serait une intervention médicale sûre. Or, cette affirmation ignore les conséquences psychologiques, affectives et sociales de l’avortement tant pour la femme, que son conjoint, ses autres enfants et toute la société. Comme le prouvent des études scientifiques, les femmes ayant avorté ont un risque accru d’accoucher d’enfants prématurés par la suite, d’avoir un cancer du sein, de développer des troubles mentaux, tels que la dépression et de se suicider. L’avortement a aussi des conséquences sur les couples : près de 50 % des femmes rapportent que l’avortement est une cause de crise majeure dans le couple et que la relation avec leur partenaire a été altérée significativement. 22 % des relations prennent fin suite à un avortement.

Les lignes directrices reposent sur l’assertion selon laquelle la mortalité maternelle serait plus forte dans les pays qui ont une législation restrictive concernant l’avortement car cela aurait pour conséquence de pratiquer des avortements dans des conditions dangereuses du fait de son illégalité. Pourtant, à niveau de développement équivalent, l’on observe que la mortalité maternelle est moins élevée dans les pays qui limitent fortement l’avortement. Ainsi, on peut citer en Europe l’exemple de Malte et de l’Italie où le taux de mortalité maternelle est respectivement de 3 et 4 sur 100 000, alors que le taux est de 9 et 6 respectivement en France et en Belgique. Il est même de plus de 22 pour 100 000 aux Etats Unis. L’exemple du Chili est particulièrement significatif : la restriction de l’avortement portée par la loi en 1989 a eu pour effet de faire diminuer de moitié le taux de mortalité maternelle, passant de 41,3 à 22 décès sur 100 000 entre 1989 et 2013[2].

Les lignes directrices ignorent l’enfant conçu et le qualifie seulement de « tissus de grossesse[3] » qu’il faut jeter avec le « matériel biologique ». Ce mépris pour l’être humain avant la naissance est inhumain et scandaleux, d’autant plus que les lignes directrices recommandent la légalisation de l’avortement jusqu’à la naissance.

La science, les religions et le droit de nombreux pays reconnaissent pourtant à l’enfant la qualité d’être humain dès avant sa naissance. La Cour européenne des droits de l’homme affirme d’ailleurs que « les Etats peuvent légitimement choisir de considérer l’enfant à naître comme une personne et protéger sa vie[4] ».

De tels éléments illustrent une dérive idéologique et une influence de groupes privés tentant de faire avancer leurs intérêts en se servant du prestige de cette organisation internationale qu’est l’OMS.

  1. Des lignes directrices financées et rédigées par des militants de l’avortement

Pour élaborer ces lignes directrices, l’OMS a consulté 121 experts[5] extérieurs à l’organisation[6]. Or, 81 de ces « experts », soit près de 67 %, se sont engagés ou ont milité en faveur de l’avortement, ou ont été payés par des organisations privées de promotion de l’avortement. Ainsi, par exemple, onze de ces experts ont touché près de 1 800 000 $ au cours de leur carrière en provenance de la Society of Family Planning & SFP Researcher Fund[7] (financée en 2020 à hauteur de 3 024 868 US$ par la Susan Thompson Buffett Foundation[8]). Parmi les 142 personnes ayant travaillé aux lignes directrices[9] (y compris les membres du Groupe directeur de l’OMS et du secrétariat de l’OMS), 91 ont un profil militant (64 %). On peut noter, par exemple, que 12 ont travaillé pour l’IPAS, 7 pour le Population Council et 4 pour le Center for Reproductive Rights.

Le travail de rédaction des lignes directrices s’est déroulé en plusieurs étapes, au sein de différents groupes de travail et de rédaction. Ainsi, parmi les dix-huit experts du « Guideline Development Group (GDG) », quatorze ont milité en faveur de l’avortement que ce soit par leurs publications, leurs prises de positions publiques ou à raison de l’organisation pour laquelle ils travaillent[10]. À une exception près, ces experts font aussi partie de l’« Evidence and Recommendation Review Group » (ERRG) qui se subdivise en trois groupes : Clinical services domain ERRG, Service delivery domain ERRG et Law and policy domain ERRG.

Parmi les douze autres membres de l’ERRG (non-membres du GDG), neuf ont le même profil militant[11]. En plus de cela, parmi les six autres conseillers en droits de l’homme (non-membres du GDG), qui ont contribué à l’ERRG sur le droit et la politique, trois ont aussi un profil militant[12]. De même, la conseillère en matière de droits de l’homme pour la réunion du GDG et les trois réunions de l’ERRG est la lobbyiste Christina Zampas[13]. Elle est directrice associée du plaidoyer mondial au Center for Reproductive Rights. Au total, trente-six personnes sont intervenues dans le cadre de l’ERRG ayant abouti à l’« Abortion care guideline » de l’OMS. Parmi ces trente-six personnes, vingt-trois sont liées à des ONG pro-avortement et aucun membre d’une ONG prônant une politique de prévention de l’avortement n’a été consulté. Au total, parmi les trente-six experts consultés, au moins vingt-huit ont un profil de militant de l’avortement[14].

La relecture des lignes directrices a aussi été menée par des militants. Parmi les neuf membres du groupe d’examen externe, sept ont un profil militant[15]. Et les cinq partenaires externes qui ont commenté le projet de ligne directrice sont tous des militants de l’avortement travaillant pour des ONG militantes dans ce domaine[16].

L’OMS a également constitué trois équipes de synthèse des preuves (Evidence Synthesis Teams), qui ont préparé les examens systématiques GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation). Dans le groupe « Clinical services domain » composé de 37 membres, 28 sont militants[17], dans le groupe « Service delivery domain » composé de 24 membres, 11 sont militants[18] et dans le groupe « Law and policy domain » composé de 11 membres, 9 sont militants[19]. Ainsi, au moins 67 % des membres des Evidence Synthesis Teams militent publiquement en faveur de l’avortement. Trois des quatre membres du GDG meeting observers sont aussi des militants[20] pro-avortement. L’une d’entre-elles, Patricia Lohr, a touché 112 309 $ en 2012 de la Society of Family Planning & SFP Researcher Fund[21] pour une étude intitulée “Effect of intracardiac potassium chloride for feticide before dilatation and evacuation on procedure duration and outcomes.

La rédaction des lignes directrices a été assurée par Fiona de Londras, Bela Ganatra, Heidi Johnston, Caron Kim, Antonella Lavelanet, Jane Patten et Maria Rodriguez, toutes militantes bien connues de l’avortement. A titre d’illustration, Fiona de Londras est une militante radicale, auteurs de nombreux articles pro-avortement, et est intervenue devant la Cour Suprême des Etats Unis en ce sens.

Les huit membres du WHO Steering Group[22] et huit des dix-neuf membres du WHO Secretariat[23] ayant apporté un soutien administratif à la rédaction de ces lignes directrices sont aussi des militants. Comme Bela Ganatra qui fut Senior Advisor à l’IPAS entre 2001 et 2010[24] ou Chilanga Asmani qui a travaillé pour l’International Planned Parenthood Federation entre 2013 et 2019[25], ou bien encore Ian Askew qui a exercé des postes de responsabilité au Population Council entre 1990 et 2015[26], et qui entre 2016 et 2022 était Directeur du département de la santé et de la recherche en matière de sexualité et de reproduction de l’OMS, qui comprend le HRP[27].

Le détail de l’engagement militant des auteurs des guidelines est accessible en ligne dans les annexes, depuis la note de bas de page n° 10.

C’est la présence massive de ces militants qui explique que les lignes directrices reprennent entièrement les demandes des grands groupes privés œuvrant à la promotion de l’avortement dans le monde.

[1] https://cdn.who.int/media/docs/default-source/documents/about-us/accountability/a74_inf4-en.pdf?sfvrsn=aceaa0ce_1&download=true pp. 5-14 et pp. 18-20.

[2] Voir Ch. Louissaint, Les conséquences médicales et relationnelles de l’avortement, in Droit et prévention de l’avortement en Europe, LEH, 2015.

[3] « Abortion care guideline », p. 76, traduction libre.

[4] CEDH, A.B.C. c. Irlande, Grande Chambre, 16 décembre 2010, § 222.

[5] Sans compter les 11 experts qui apparaissent deux ou trois fois.

[6] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/349316/9789240039483-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y pp.120-126.

[7] Il s’agit de Caitlin Gerdts avec 510 437 $, de Patricia Lohr avec 125 205 $, Alison Edelman avec 500 538 $, Caron Kim avec 40 308 $, Sara J. Newmann avec 273 684 $, Antoinette Nguyen avec 53 915 $, Elizabeth Clark avec 14 255 $, Roopan Gill avec 95 937 $, Bianca Stifani avec 39 984 $, Adrienne R. Ghorashi avec 28 914 $ et Antonella Lavelanet avec 99 135 $.

[8] https://projects.propublica.org/nonprofits/organizations/476032365/202141339349101639/full

[9] Voir annexe 4 des Lignes directrices sur l’avortement.

[10] Annexe 1 : http://media.aclj.org/pdf/List-of-contributors-to-the-WHO-“Abortion-care-guideline”-ECLJ-June-2022.pdf

[11] Annexe 2.

[12] Annexe 3.

[13] Annexe 4.

[14] Annexes 1, 2, 3, 4.

[15] Annexe 5.

[16] Annexe 6.

[17] Annexe 9.

[18] Annexe 10.

[19] Annexe 11.

[20] Annexe 7.

[21] https://societyfp.org/awarded_grants/sfprf6-6/

[22] Annexe 12.

[23] Annexe13.

[24] https://www.linkedin.com/in/bela-ganatra-a2a39a8/

[25] https://www.linkedin.com/in/dr-chilanga-asmani-508b512a/details/experience/

[26] https://www.linkedin.com/in/ian-askew-9ba6a568/details/experience/

[27] https://www.linkedin.com/in/ian-askew-9ba6a568/

Droit à l’avortement: tout comprendre au projet de jugement de la Cour suprême des États-Unis- par Grégor Puppinck.

Je n’ai pas abordé en son temps la révocation de l’arrêt Roe vs Wade aux Etats-Unis. J’aurais pu. Je suis farouchement opposé à l’avortement, comme mes anciens lecteurs le savent – sinon, c’est ici et ici.

L’ensemble de la presse occidentale a balancé sur ce sujet (Roe vs Wade) une avalanche d’inepties toxiques sur un public égaré, les « pro- » comme les « anti-« . Je tombe sur cet article de Grégor Puppinck qui date d’avant la révocation elle-même, mais qui reste évidemment valable. Il résume ce qu’il y a à savoir.

J’en re-publie deux autres sur l’avortement de cet auteur avant d’entamer le dossier eugénisme, auxquels ils sont étroitement liés, et a fortiori au dossier vaccin – ici, ici et ici.

Source.


Droit à l’avortement : tout comprendre au projet de jugement de la Cour suprême des États-Unis

par Grégor Puppinck, Expert.

Grégor Puppinck est Directeur de l’ECLJ. Il est docteur en droit, diplômé des facultés de droit de Strasbourg, Paris II et de l’Institut des Hautes Études Internationales (Panthéon-Assas).

Publié le 6 Mai, 2022

Un projet de jugement de la Cour suprême des États-Unis sur l’avortement a fuité dans la presse (cf. Etats-Unis : vers la fin du « droit à l’avortement » ?). Certaines personnes s’inquiètent d’une remise en cause du droit à l’avortement. Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur de l’European Center for Law and Justice (ECLJ), revient en quatre grandes questions ci-dessous sur cette polémique. L’ECLJ est intervenu en tant qu’“amicus curiae” dans l’affaire en cours auprès de la Cour suprême des États Unis. Cet article a d’abord été publié dans le journal Valeurs actuelles.

Est-ce que l’on peut dire que ce projet de jugement de la Cour suprême supprime le droit à l’avortement ?

Non. Ce projet d’arrêt ne déclare pas l’avortement contraire à la Constitution, comme le fit par exemple la Cour constitutionnelle polonaise en 2020 à propos de l’avortement eugénique (cf. Pologne : l’avortement eugénique n’est pas conforme à la constitution) : il rend au peuple et à ses représentants le pouvoir de trancher cette question, comme c’était le cas avant l’arrêt Roe c. Wade de 1973. Avec une telle décision, les États fédérés américains n’ont plus l’obligation de légaliser l’avortement, mais ils n’ont pas davantage l’obligation de l’abroger. En pratique, d’assez nombreux États devraient soumettre l’avortement à des conditions plus strictes, notamment de délai, car l’avortement est aujourd’hui un droit jusqu’au seuil de viabilité du fœtus, c’est-à-dire environ 24 semaines. 26 des 50 États fédérés sont intervenus dans l’affaire pour demander à la Cour de renverser les anciens arrêts Roe de 1973 et Planned parenthood c. Casey de 1992, qui avaient créé un droit constitutionnel à l’avortement, et de renvoyer cette question à leur niveau de compétence.

Comment les juges sont-ils arrivés à ce projet de décision ?

Le projet d’arrêt — d’une grande rigueur intellectuelle — analyse au scalpel les anciens arrêts Roe et Casey. C’est une analyse sans concession, de 99 pages, qui expose les erreurs factuelles et juridiques de ces jugements et qui, plus encore, dénonce « l’abus de l’autorité judiciaire » par lequel les juges ont « court-circuité le processus démocratique » en imposant à tous leurs propres idées.

Le texte rappelle que la Cour doit faire preuve de retenue judiciaire : son rôle est d’appliquer la Constitution et non de créer de nouveaux droits et obligations qu’elle ne contient pas. C’est une exigence élémentaire de la séparation des pouvoirs : le juge ne doit pas prendre la place du législateur.

Quant aux erreurs factuelles et juridiques des précédents Roe et Casey, le projet d’arrêt en expose toute une série, mais la plus importante vise la notion de vie privée (privacy) et d’autonomie personnelle qui, selon le texte, ne peuvent pas justifier l’avortement, car cette pratique met en cause la vie d’un être humain, d’un tiers.

Ce faisant, le projet d’arrêt porte un coup à un symbole de la révolution individualiste occidentale : l’affirmation dans l’affaire Casey selon laquelle « au cœur de la liberté se trouve le droit de définir sa propre conception de l’existence, du sens de la vie, de l’univers et du mystère de la vie humaine ». C’est cette affirmation — vague et générale — qui servit de justification pseudo-juridique à l’affirmation d’un droit à l’avortement, et d’autres « nouveaux droits ».

À cette affirmation, le projet d’arrêt répond par un rappel lucide de la réalité : « Si les individus sont certainement libres de penser et de dire ce qu’ils veulent sur “l’existence”, “le sens”, “l’univers” et “le mystère de la vie humaine”, ils ne sont pas toujours libres d’agir en fonction de ces pensées. La permission d’agir sur la base de telles croyances peut correspondre à l’une des nombreuses acceptions de la “liberté”, mais ce n’est certainement pas une “liberté ordonnée”. » En d’autres termes : les croyances et désirs individuels ne créent pas de droits. La référence fréquente à la notion constitutionnelle de « liberté ordonnée » exprime une position philosophique fondamentale selon laquelle ce n’est pas la liberté, ou la « licence » de faire n’importe quoi qui est protégée par la Constitution, mais seulement celle qui est ordonnée au bien.

Autre élément significatif : les juges ont estimé que l’Etat du Mississipi, à propos duquel il était saisi, peut se prévaloir de nombreux « intérêts légitimes » pour ramener le délai légal de l’avortement sur demande à 15 semaines. Parmi ces « intérêts légitimes », le texte cite « le respect et la préservation de la vie prénatale à tous les stades de développement ; la protection de la santé et de la sécurité de la mère ; l’élimination des procédures médicales particulièrement horribles ou barbares ; la préservation de l’intégrité de la profession médicale ; l’atténuation de la douleur fœtale ; et la prévention de la discrimination fondée sur la race, le sexe ou le handicap ». Les juges ont particulièrement insisté sur le caractère « barbare » de l’avortement tardif.

Au terme de cette analyse, les anciens arrêts Roe et Casey sont littéralement détruits.

Quelles seront les suites de ce projet d’arrêt, s’il est confirmé ?

Tout d’abord, la loi du Mississipi, à l’origine de cette affaire, serait déclarée conforme à la Constitution. Cela ne devrait choquer personne en France puisque le Parlement vient d’y étendre de 12 à 14 semaines le délai légal de l’avortement sur demande.

Cet arrêt devrait aussi provoquer la validation d’une série de lois réduisant l’accès à l’avortement et actuellement contestées en justice. Il s’agit par exemple de lois interdisant l’avortement sélectif selon le sexe, la race ou le handicap de l’enfant.

Ensuite, l’administration Biden va s’emparer de ce sujet pour remobiliser ses troupes, et essayer de contourner la Cour suprême en imposant l’avortement aux États fédérés, cette fois par un vote du Congrès. La publication frauduleuse de ce projet d’arrêt est probablement une initiative désespérée pour influencer les juges en causant un scandale mondial. Mais les juges ont déjà répondu par avance à ces pressions en déclarant qu’ils ne se prononcent pas en fonction des réactions de l’opinion publique, mais seulement du texte de la Constitution, de l’histoire constitutionnelle et des précédents juridiques.

Enfin, si la teneur de ce projet d’arrêt était effectivement confirmée, le débat politique sur l’avortement serait réouvert dans chacun des États américains ; le verrou des arrêts Roe et Casey ayant sauté, rendant le pouvoir aux législateurs, la grande bataille de l’avortement ne ferait alors que commencer.

Par ce projet de jugement, les États-Unis prennent-ils une direction complètement isolée en Occident ?

Non, au contraire, et cela démontre le caractère excessif des critiques qui lui sont portées. En effet, tout comme ce projet d’arrêt, la Cour européenne des droits de l’homme a constamment affirmé que le droit au respect de la vie privée et de l’autonomie personnelle ne confère pas un droit à l’avortement, et que les États peuvent réglementer l’avortement, dans un sens ou dans l’autre, en fonction notamment de leurs différences culturelles. La Cour Suprême et la CEDH se retrouveraient ainsi sur une position commune.

Nous, on peut.

Le Forum Economique Mondial a désigné l’ennemi : c’est la richesse.

Je me disais aussi, c’est forcément de notre faute.

La solution, c’est : « vous ne possèderez plus rien ». Et au cas où on en douterait, « et vous serez heureux ».

Je pense plutôt qu’on sera morts, mais ce n’est pas bien grave. Pour eux ça revient probablement au même. Au cimetière ou dans une prison digitale, du moment qu’on rentre dans le rang, c’est bon.

Evidemment il y a un côté irritant pour le petit ouvrier (par exemple, moi) à se faire conspuer par des maîtres auto-proclamés, dont la principale distraction est de dicter la vie (ou la mort) des autres du haut de leurs trillions de dollars, qui ne sont pas du tout un problème. Eux, ils peuvent.

Mais il y a autre chose à comprendre, et à comprendre vite : c’est comment on en est arrivés là.

Et la réponse est, par notre matérialisme égoïste et notre infantilisation. Nous sommes des enfants gâtés. On a joué à moi, je peux. Il faut nous punir.

Est-ce vrai?

On nous a vendu des voitures, et précisant bien qu’il ne fallait ni rouler trop vite ni rouler bourré. Et bien entendu, ce fut exactement l’inverse. Je roule en scooter et je respecte les limites de vitesse – y compris les zones 30, même en pleine nuit, même pendant les vacances, ce genre de con exaspérant. Or, j’ai compté : ça m’arrive deux fois par an de ne pas me faire dépasser par des chauffards automobilistes. J’ai parallèlement consulté les chiffres nationaux de la consommation d’alcool, de drogues illégales et de médicaments psychotropes et ils sont assez hallucinants – sans jeu de mots (je précise au passage que je consomme au pire du café et du tabac à rouler). Même sans faire de calcul de probabilité, j’imagine un nombre assez significatif de gens défoncés au volant. Un médecin urgentiste m’a d’ailleurs dit que plus d’une personne sur trois qui atterrit dans son service est sous l’influence de drogues dures – sur base d’analyse sanguine. Pas mal. En résumé, on ne fait pas très gaffe. On aura donc bientôt droit aux voitures sans chauffeur. Pure logique. A + B = C. [23/04 En fait non. Je viens de lire ça et je vais le traduire. L’intelligence artificielle est un leurre : ça ne fonctionne pas.]

On nous a vendu des téléphones intelligents et des ordinateurs à vil prix sans qu’on entende beaucoup parler de leur coût réel, sur les plans sociaux, environnementaux et géopolitiques – ce qu’on nomme aussi les « coûts cachés », j’aborde la question des prix et de leurs conséquences dans un prochain article – ni de la raison pour laquelle c’était tellement important que tout le monde y ait accès. Eh bien maintenant, on sait. Ce sont des outils de surveillance. Celui qui n’a pas compris ça maintenant vit sous un rocher. Et non, je n’ai pas de smartphone. Pendant que les autres sont le nez dans leur écran – généralement pas pour étudier les mathématiques avancées – je vais écouter le chant des oiseaux. Chant que certains – je suis prêt à le parier – prendraient pour une sonnerie de téléphone. Par réflexe.

On nous a vendu l’énergie pétrolière, qui, selon ce calcul un peu surfait, représente par kilo l’équivalent de la force de travail de vingt personnes à notre service, donc d’esclaves. Une aubaine sans équivalent dans l’Histoire humaine. Nous voilà maîtres d’esclaves, ce que pas mal de monde a compris comme l’occasion d’en foutre encore moins qu’avant, ou d’en faire n’importe quoi. Dans la salle de sport du village, il y a des bobonnes qui habitent à 1km, viennent en voiture, font 2km sur le tapis roulant et rentrent chez elles en voiture. J’invente pas.

On nous a vendu beaucoup de ce genre d’outils technologiques et personne n’a lu les petits caractères en bas de contrat : nous étions responsables de leur bonne utilisation. « En bon père de famille ». En consommateurs avisés, ce que nous ne sommes manifestement même pas capables de faire convenablement.

Et ne parlons même pas de la bouffe.

On me dira que je dramatise. Je dirais que je dé-banalise.

Addendum 21/04 : je vous renvoie à un précédent article, Pourquoi CS Lewis a écrit « L’abolition de l’homme », qui parle de ce sujet et et du « transhumanisme » avec une préscience étonnante.


Jacques Attali (77 ans), « conseiller » au Président de la République Française depuis 1981, explique comment les personnes de plus de 65 ans représentent un fardeau pour la société – du moins, la sienne, il est socialiste – en termes de dépenses de santé, ce qui est de ce point de vue parfaitement exact. Evidemment, pas lui. Lui n’est pas un fardeau. Lui, il peut.

Sa conclusion est que la société du futur ne pourra advenir qu’avec l’option de l’euthanasie : la solution économique à un problème humain. Le nouveau (mais ancien) « conseiller » (encore un) à la Santé de l’administration Biden, Ezekiel Emmanuel, tient exactement les mêmes propos – sauf qu’il fixe la limite à 75 ans, merci quand même. Il a rédigé en personne la loi d’attribution de soins de santé au niveau individuel par des « comités » d’Etat (judicieusement renommés « death panels« ). Cette loi fait partie de ce qu’on a appelé ObamaCare. Il revient aujourd’hui la consolider, entouré d’une équipe d’économistes, encore eux. Vous vous souviendrez du slogan électoral du type qui se fait appeler Obama : Yes, we can. Oui, on peut. Même pas besoin de dénoncer ces crapules, ils le font eux-mêmes.

Vous pouvez lire les détails de ce qui précède dans cet article de Matthew Ehret que j’ai traduit ici, à partir du paragraphe intitulé « L’esprit génocidaire du Dr Ezekiel Emmanuel » – je vous recommande évidemment de lire l’article complet. Vous noterez que dans les deux cas, les arguments sont identiques : normalisation de l’eugénisme sous couvert de collectivisme, ou en langage courant, pour la survie du groupe, il faut sacrifier les faibles. Où ai-je déjà entendu ça?

Ce genre de calcul parfaitement répugnant suscitera chez tout être humain sensé une saine indignation, qui ne devrait toutefois pas occulter un fait crucial : la consommation de médicaments et de soins chez nos aînés a atteint un niveau complètement délirant. Une personne âgée dans mon entourage vient de décéder. On a vidé son armoire à pharmacie et on en a rempli deux sacs-poubelle. Le grand modèle, je précise.

On pourrait parler d’excès mais on me dit que ce n’est pas du tout exceptionnel et je veux bien le croire. Quand un médecin/dentiste me demande quels médicaments je prends et que je réponds « aucun », on me repose la même question, le sourcil levé et le regard inquisiteur. J’ai dû mal comprendre. Mon épouse, qui est dans le même cas, a même eu droit à des remarques un peu agacées. Pour des gens qui approchent la soixantaine, nous ne sommes pas normaux. Nous ne prenons pas notre santé au sérieux. La preuve, nous ne sommes pas malades.

Sur une année, ma consommation maximum en médicaments est : quelques cachets de paracétamol contre la douleur, quelques cuillers de bicarbonate de soude, de la pommade contre les engelures, et de la vitamine D et du gluconate de zinc en prévention (devinez contre quoi). Je ne passe jamais de visite de « contrôle » ni de « test » (suivez mon regard) et nous ne sommes évidemment vaccinés contre rien, ce qui a le don de pas mal énerver le toubib lambda, dont la compétence se limite à rédiger des ordonnances et à s’énerver.


Puisqu’on en arrive aux vaccins, je republie ci-dessous une extrait de mon article publié le 20 novembre 2020. C’est extrait d’une interview du Dr Theresa Deisher par Robert F. Kennedy Jr.

Source francophone. Source originale.

Extrait (10’55-14’46):

(traduction)

Robert F. Kennedy Jr : « Pourquoi est-on passé de l’utilisation exclusive de cellules animales à celle de cellules foetales? »

Dr. Theresa Deisher : « C’est compliqué. Les mouvements de défense animale étaient très actifs à l’époque et, par exemple, le virus de la varicelle pouvait être reproduit dans des cultures de cellules de cobayes mais il existe pas mal d’opposition à l’utilisation d’animaux dans la recherche et les défenseurs des animaux les ont clairement incités à utiliser les corps de bébés avortés. D’un point de vue économique, ils pensaient que ça coûterait moins cher. Ce qui n’est pas le cas, parce que le cadre réglementaire est bien plus contraignant. Et finalement fabriquer du virus coûte moins de 10 cents. C’est le « builing » (NdT. la coupure de la chaîne d’ARN pour stopper la transcriptase) du virus qui coûte cher, donc ça n’a finalement pas été plus rentable pour eux. »

Robert F. Kennedy Jr : « C’est plutôt surprenant de voir que les défenseurs des animaux ont plus d’influence sur l’industrie du vaccin que les mouvements anti-avortement. »

Dr. Theresa Deisher : « C’est le cas. En fait, ce qui est très inquiétant c’est le peu de protestation contre le fait que des bébés humains naissent vivants à cinq ou six mois afin qu’on puisse extraire leur coeur en train de battre. Et il faut qu’il soit en train de battre pour être utilisé dans la recherche actuelle. Si le coeur ne bat plus, il n’est plus utilisable, on ne peut plus s’en servir. Donc ces bébés naissent en vie et leur coeur est découpé sans anesthésie. Je ne ferais pas ça à une souris. »

Robert F. Kennedy Jr : « Vous voulez dire, vous dites cinq mois, vous nous parlez d’un foetus de cinq mois. »

Dr. Theresa Deisher : « Oui. »

Robert F. Kennedy Jr : « Et ils naissent en vie? »

Dr. Theresa Deisher : « Oui. »

Robert F. Kennedy Jr : « Et ils sont tués par chirurgie. »

Dr. Theresa Deisher : « Leurs coeurs sont découpés. Ou on découpe dans leurs visages pour obtenir leur tissu cérébral. »

Robert F. Kennedy Jr : « C’est horrible. »

Dr. Theresa Deisher : « Oui. Et on ne ferait pas ça à une souris. »

Robert F. Kennedy Jr : « [Stanley Plotkin] dit qu’on utilise tout le foetus. Les foetus sont avortés puis découpés en morceaux. On utilise les langues, on utilise les yeux, on utilise toutes les parties du foetus. Est-ce vrai ou n’utilise-t-on que le coeur et le cerveau? »

Dr. Theresa Deisher : « On utilise tout le bébé, certains scientifiques achètent le coeur, un autre scientifique achète le cerveau, on achète les jambes ou les yeux. Les corps sont vendus en morceaux aux chercheurs. J’avais reçu un catalogue il y a une vingtaine d’années. Je n’oublierai jamais les prix. Un bébé de 32 semaines, ça signifie un bébé vivant. […] Les prématurés survivent à partir de 21 semaines maintenant. Donc ce sont des bébés viables. »

Si ce genre d’abomination était commise par un quidam, ça ferait les gros titres de la presse internationale et on en parlerait encore dans un siècle. Ce serait « le tueur de bébés », « le psychopathe sadique », etc. Mais ici, on parle de gens qui se lèvent le matin, embrassent leur femme – ou leur mari, je suis certain qu’il y a des femmes dans cette histoire – conduisent leurs enfants à l’école avant de se rendre à leur boulot et de commettre ça. Parce que eux, ils peuvent. Ils sont même payés pour, et grassement.

Je vous envoie à cet excellent article de Liliane Held-Khawam qui reprend notamment la déposition de Stanley Plotkin, dont fait mention Robert F. Kennedy Jr ci-dessus. Lisez-le.

C’est le quotidien dans le petit monde de la « recherche scientifique » : on a commencé par torturer à mort des animaux, puis on est passé aux bébés. On commence toujours par les animaux. Et ce sont ceux qui les défendent qui demandent qu’on le fasse plutôt aux petits humains, comme vous venez de le lire.

Dans les cliniques d’avortements, le quotidien ce sont des bébés – viables – qui naissent en vie quand on a pas pris la précaution de les tuer avant, et qu’on laisse mourir, ce qui peut prendre des heures, dans la buanderie de linge sale ou dans des pièces appelées « chambres de confort« .

C’était une petite pièce joliment décorée avec une machine « First Foto » au cas où les parents voudraient des photos de leurs bébés avortés, des fournitures de baptême si les parents voulaient que leurs bébés avortés soient baptisés, et une imprimante à pied et des bracelets pour bébé si les parents voulaient des souvenirs de leurs bébés avortés. Il y avait aussi un lit-berceuse en bois pour bercer ces bébés en attendant qu’ils meurent.

This was a small, nicely decorated room complete with a First Foto machine in case parents wanted pictures of their aborted babies, baptismal supplies if parents wanted their aborted babies baptized, and a foot printer and baby bracelets if parents wanted keepsakes of their aborted babies. There was also a wooden rocker to rock these babies to death.

Allez voir le lien, il y a des photos. C’est tout à fait charmant.

Exceptionnellement, certains en réchappent : voici le témoignage de l’une d’entre eux.

Depuis un an les vieux dans les homes subissent le même genre de traitement – ce qui ne devrait pas trop déranger les « conseillers » mentionnés plus haut. Rappelez-vous : les bébés et les vieux, rien à foutre.

Qu’ils crèvent.


Les actes innommables commis à l’abri de salles médicales feutrées en sortent aujourd’hui et viennent déborder sur l’ensemble de la société, qui s’en émeut et défile dans les rues. Le petit peuple semble découvrir un peu tard dans quel système il vit. Il a un peu vite oublié le coût humain de son petit confort : les vieux discrètement parqués dans des mouroirs – loin des yeux, loin du coeur – les dizaines de milliers d’enfants sacrifiés hier à la « révolution industrielle », les enfants esclaves des pays pauvres, les enfants qu’on massacre en silence pour la recherche, pour leurs organes – ou simplement pour ne pas devoir s’en occuper. Finalement, pourquoi pas? On peut.

La valeur d’une société se mesure à la manière dont elle traite les êtres sans défense. Ce n’est pas économiquement, mais moralement et humainement que cette société s’écroule, et je n’ai pas besoin du discours hypocrite et des arguments frauduleux d’un Klaus Schwab pour le savoir. Que ce soit sa clique de milliardaires cyniques qui se charge de nous faire payer la facture, en faisant de cette planète, dans un premier temps, une prison à haute sécurité, est une ironie doublée d’une insulte

Ce monde deviendra bientôt un enfer. Il l’était déjà pour certains, comme vous le voyez. La doctrine égalitaire fera qu’il le devienne pour tous.

L’humanité est devenue un syndicat du crime organisé.

Mais tout finit par se payer.

Tout.


Les nombreuses analyses médicales des « vaccins » Covid que j’ai traduites et publiées ici attirent du monde, nettement plus que mes propres articles. Mais comme on me l’a fait remarquer, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Beaucoup de gens sont curieux et inquiets de ce qu’on cherche à leur infliger. La réponse est claire, simple et tient en trois mots : rien de bon. Mais la question n’est en définitive qu’une question de consommateur de médecine : est-ce un bon produit?

Même si ce vaccin était parfaitement « sûr et efficace » – ce qu’il n’est manifestement pas – toute personne qui l’accepte se rend complice par association des atrocités décrites plus haut. La plupart des gens peuvent tenter de se disculper en arguant qu’ils ne savaient pas.

Maintenant vous savez.

A vous de voir si vous pouvez.

Infanticide légal.

Je l’avais écrit dans cet article le 29 juillet. C’est à présent chose faite.

Loi bioéthique : l’avortement désormais autorisé pour “détresse psychosociale” jusqu’au terme de la grossesse.

Vous avez bien lu.

Voilà où on en est.

Déroulement d’une IMG, extrait :

Lorsque la grossesse a plus de 22 à 24 semaines d’aménorrhée, une anesthésie fœticide est recommandée avant le déclenchement de l’accouchement, au vu des connaissances sur la douleur chez le fœtus. Les protocoles sont très variables d’une équipe à l’autre. Le plus souvent, il consiste à injecter dans le cordon ombilical  une drogue anesthésiante ou analgésiante puis une drogue fœticide (entraînant la mort du fœtus).

Elle est pas belle, la vie?

Voici la liste des députés qui proposent cet amendement « du groupe socialistes et apparentés, issu des travaux de la Délégation aux droits des femmes », sur le site de l’Assemblée Nationale :

Mme Battistel, M. Aviragnet, Mme Pau-Langevin, M. Saulignac, Mme Rabault, Mme Bareigts, Mme Biémouret, M. Jean-Louis Bricout, M. Alain David, Mme Laurence Dumont, M. Faure, M. Garot, M. David Habib, M. Hutin, M. Juanico, Mme Karamanli, M. Letchimy, Mme Manin, Mme Pires Beaune, M. Pueyo, Mme Rouaux, Mme Tolmont, Mme Untermaier, Mme Vainqueur-Christophe, M. Vallaud et Mme Victory.

Lisez ceci sur France-Soir. Respect pour leur courage et leur boulot.

Pour vomir, un article sur le site de LCI, qui nous explique qu’on n’a encore rien compris et qu’en fait ce n’est pas si grave, puisque :

… cette pratique concerne entre 200 et 300 avortements par an, contre 215.000 à 230.000 IVG annuelles. […] L’amendement doit permettre d’ajouter : « Ce péril pouvant résulter d’une détresse psychosociale ». Dans tous les cas, la décision est prise par un collège médical, une équipe pluridisciplinaire composée de quatre professionnels de la Santé : un médecin qualifié en gynécologie obstétrique membre d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal, un praticien spécialiste de l’affection dont la femme est atteinte, un médecin ou une sage-femme choisi par la femme et une personne qualifiée tenue au secret professionnel qui peut être un assistant social ou un psychologue.

Donc, il n’y a aucun problème.

L’auteur de cet article se nomme Mathilde Roche.

Les camps se précisent. On a les noms. Prenez des notes.

Sur le site de Worldometers, dans la Rubrique Health, le nombre d’avortements en temps réel.

Un par seconde.